Test de l’iPad Pro 9,7 pouces (2016) | iGeneration
D’année en année et de test en test, c’est toujours la même histoire qui revient sur le tapis : si l’iPad est à la pointe des technologies matérielles du moment, c’est le logiciel — iOS pour ne pas le nommer — qui pèche. Et ce nouvel iPad Pro ne fait pas exception à la règle. Mais en plus, il doit cette fois justifier de ses qualités de "pro".
L’iPad est une machine formidable, potentiellement capable de toutes les prouesses, y compris de remplacer un ordinateur traditionnel. Mais cela n’a jamais été le cas pour la majorité des utilisateurs de la tablette, et malgré ses atours, l’iPad Pro de 9,7 pouces n’est toujours pas l’appareil qui fera basculer définitivement dans l’ère post-PC. Il ne manque pourtant pas grand chose. Un peu de Pro, peut-être ?
Tour du propriétaire
Le nouvel iPad Pro, c’est un iPad Air 2 dans lequel on aurait inséré la plupart des composants du modèle de 12,9 pouces lancé l’an dernier. Au premier coup d’œil, il est d’ailleurs bien difficile de faire la différence entre les deux tablettes. Les points communs sont nombreux : dimensions identiques (jusqu’à l’épaisseur, 6,1 mm pour chaque), même poids (437 grammes pour le Wi-Fi, 444 grammes pour le Wi-Fi + cellular), design similaire…
Mais au jeu des 7 erreurs, il y a tout de même des différences. La première d’entre elles est l’appareil photo qui déborde, un héritage de l’iPhone 6 qui n’était déjà pas d’un très bon goût sur le smartphone et qui ne l’est toujours pas sur la tablette. Qu'on se rassure cependant, cela ne pose pas de problème quand l'iPad est posé sur le bureau : la protubérance ne gêne pas, la tablette n'est pas bancale. Et c’est un mal pour un bien : la qualité des images prises avec l’iPad Pro est bien supérieure aux prises de vue réalisées avec tous les autres modèles de tablettes. La présence d’un flash True Tone — une première pour l’iPad — confirme la tendance de fond : oui, on peut prendre des photos avec les tablettes, et Apple veut donner à ces photographes sur grand écran le meilleur matériel possible.
Le coloris rose est un autre moyen de différencier l’iPad Pro de l’iPad Air 2, et pour cause : cette teinte n’existait pas sur cette précédente tablette. L’or rose n'est pas forcément la tasse de thé de tout le monde, c’est entendu ; suivant ses goûts personnels, le résultat sur l’iPad Pro sera jugé réussi ou too much, mais en tout cas cela ne laisse pas indifférent. On saluera aussi, sur les modèles Wi-Fi + cellular, le nouveau dessin de l’antenne au dos, bien plus discret que la grosse bande noire ou blanche habituelle. Cette antenne n’est pas sans rappeler, évidemment, ce qu’on trouve à l’arrière des iPhone depuis la version 6.
Autre signe distinctif de l’iPad Pro : la présence de deux grilles supplémentaires sur la tranche supérieure pour les haut-parleurs, ainsi que le port Smart Connector sur la tranche de gauche. Enfin, notons la graisse de la gravure du mot « iPad » au dos, plus fine sur le Pro que sur l’Air 2. Sans équivoque possible, l’iPad Pro est un très proche cousin de l’iPad Air 2, du moins pour ce qui concerne le design.
Un écran dynamique
Si l'écran de l'iPad Pro conserve les mêmes caractéristiques que celui de l'iPad Air 2 (9,7 pouces, 2 048 x 1 536 pixels, densité de 264 ppp), Apple a apporté quelques nouveautés significatives. La première d'entre elles, c'est le support de l’Apple Pencil, qui devient le compagnon de toute la gamme de tablettes Pro d'Apple. L'autre changement significatif, c'est l'adaptation de la couleur et de l'intensité de la dalle à l'éclairage ambiant.
Cette fonction True Tone — qui fait carrément l’objet d’un nouveau panneau de première configuration de la tablette — exploite deux capteurs de luminosité à quatre canaux qui sont placés en façade. L’idée est de modifier de manière dynamique les couleurs suivant l’éclairage de la pièce dans laquelle on se trouve. L’effet est subtil et on ne s’en rend vraiment compte qu'en désactivant la fonction (étrangement, l’option n’est pas disponible dans le Centre de contrôle alors qu’elle y aurait eu sa place au côté du bouton Night Shift).
Dans les réglages Luminosité et affichage
, désactiver la fonction True Tone permet en effet de constater à quel point la colorimétrie de l’écran de l’iPad tire sur le bleu. Ici, la différence est sensible. Apple a imaginé True Tone comme l’équivalent numérique de l’ajustement naturel d’une feuille de papier aux couleurs de l’environnement. Effectivement, on n’en est pas loin.
Difficile de dire si True Tone apporte véritablement quelque chose de probant sur le plan "médical", mais Apple ne s’en prévaut pas. En revanche, la lecture de longs documents est effectivement plus agréable car moins fatiguante pour les yeux. Le bémol de tout cela, c’est qu’on a toujours l’impression que la dalle de l’iPad Pro tire sur le jaune, pour peu qu’on soit entouré de lumière jaune, ce qui est souvent le cas.
Les photographes et graphistes voudront également désactiver l’éclairage True Tone lors de l’édition d’images, histoire d’éviter les mauvaises surprises. Ces derniers seront d’ailleurs à la fête, puisque Apple leur offre un écran P3, qui est le quotidien des utilisateurs d’iMac 4K et 5K depuis l’année dernière (lire : Test de l'iMac 21,5" Retina 4K (fin 2015)).
Le constructeur vante « la même palette de couleurs que l’industrie du cinéma numérique » et un gamut élargi offrant un niveau de saturation 25% plus élevé à celui des précédents modèles d’iPad. La couverture DCI-P3 assure une couverture à 93,6% de l'Adobe RGB, qui recouvre lui-même 52,1% du CIE 1931 (l’espace colorimétrique de référence dans l’industrie des écrans). Pour donner un ordre d’idée, le Rec. 2020 pour la 4K et la 8K, que l’industrie de la télévision et du cinéma a mis au point pour ses propres besoins, couvre 75,8% du CIE 1931.
Le DCI-P3 sert habituellement aux projecteurs de cinéma. Autant dire que nous sommes ici en présence d’un très bel écran, dont les nuances vont malheureusement échapper aux béotiens : il est en effet bien difficile de mesurer les qualités de restitution des couleurs de cet écran, à moins d’avoir sous la main un iPad de génération précédente. Mais même dans ce cas, la différence ne saute pas à nos yeux profanes, même si on croit déceler des teintes plus chaudes sur l’iPad Pro.
Apple promet aussi un écran 40% moins réfléchissant que l’iPad Air 2, tout en poussant une luminosité 25% supérieure. En plein soleil, la lecture est plus facile sur l’iPad Pro, même si ça n’est pas encore l’idéal. On s’en approche, ce qui n’est déjà pas si mal.
Le premier iPad taillé pour la photo
L’iPad Pro 9,7 pouces est la première tablette d’Apple pour qui la photographie n’est pas qu’un gimmick. Malgré leur encombrement et l’incongruité du format, les tablettes sont volontiers utilisées pour prendre des photos — les adeptes des concerts ou des événements sportifs savent à quel point il est pénible de se retrouver derrière un utilisateur d’iPad…
Avec son appareil photo de 12 mégapixels, une ouverture ƒ/2.2 avec des pixels de 1,22 µm, les Focus Pixels pour la mise au point automatique et manuelle, la prise en charge du HDR automatique et son flash True Tone, le nouvel iPad marque une claire rupture avec le reste de la gamme de tablettes. On est même très proche de ce que propose l’iPhone 6s (le 6s Plus gardant l’avantage de la stabilisation optique de l’image).
Pour se rendre compte de la qualité du capteur de l’iPad Pro, nous avons procédé à une petite comparaison de clichés réalisés lors d’une fin d’après-midi nuageuse à Lyon. Si les photos de l’iPad Air 2 ne sont là que pour mesurer la différence nette de qualité avec l’iPad Pro, on peut constater la similitude des images produites par la tablette et un iPhone 6s Plus.
Cet iPad Pro est aussi le premier du genre à inaugurer un flash True Tone : il devient enfin possible de prendre des photos de qualité quand la lumière vient à manquer. C’est un vrai changement et quelque chose qui était attendu depuis belle lurette par les amateurs d’iPadographie ! Voici un exemple pris avec flash :
On n’attendait pas réellement la fonction Retina Flash dans l’iPad Pro, tellement l’idée de prendre des égoportraits avec la tablette ne nous avait pas effleuré l’esprit. Mais Apple a fait en sorte que les selfies soient plus respectueux des teintes de la peau (le Retina Flash illumine le sujet en multipliant par trois la luminosité de l’écran).
Les images sont aussi plus grandes, puisque le capteur comprend 5 mégapixels (contre 1,2 mégapixel pour le reste de la gamme). Le résultat final est très proche de l’iPhone 6s Plus et pour cause : les caractéristiques techniques de l’APN FaceTime HD sont similaires d’un produit à l’autre.
L’iPad Pro sait également prendre des Live Photos, dont le déploiement au sein des applications tierces file à un rythme de sénateur. Peut-être que la disponibilité de cette fonction, activée par défaut, au sein des iPad Pro et iPhone SE lui permettra de véritablement se démocratiser… Passées ces considérations, retrouver Live Photo sur iPad est un petit bonus qu’on ne refusera pas.
C’est d’autant plus vrai que les images animées prennent tout leur sens sur cet écran de 9,7 pouces. Même si l’iPad Pro et l'iPhone SE ne sont pas équipés de 3D Touch, consulter des Live Photos est très simple, il suffit de maintenir le doigt sur l’écran. On se demande d’ailleurs pourquoi Apple ne propose pas cette fonction sur ses autres tablettes puisque visiblement, il s’agit d’une particularité logicielle.
L’iPad Pro de 9,7 pouces cumule les premières, puisqu’il permet l’enregistrement vidéo 4K (3 840 x 2 160). On pourra aussi capter des ralentis à 240 images/seconde en 720p, en plus du ralenti à 120 i/s (1080p), choses dont ne peuvent se prévaloir ni l'iPad Air 2 ni même l'iPad Pro de 12,9". Comme pour les iPhone 6/6s/6s Plus, la stabilisation de la vidéo est de « qualité cinéma » et la mise au point est automatique en continu. On retrouve donc sur l’iPad Pro la plupart des spécifications techniques de l’iPhone 6s, avec un 6s Plus qui conserve la stabilisation optique de l’image.
Audio : une tablette qui se fait entendre
L’iPad Pro de 9,7 pouces reprend à son compte les quatre haut parleurs que son grand frère avait inaugurés l’année dernière. Ils surclassent celui de l’iPad Air 2 dans tous les secteurs. On ne retrouve plus, sur la nouvelle tablette, les vibrations qui pouvaient gêner les amateurs de gros son sur l’Air 2.
La qualité audio du système de son de l’iPad Pro se distingue également par une meilleure spatialisation, des basses plus profondes, et une plus grande précision du son. Mieux encore, le son « suit » les mouvements de l’utilisateur : selon la position de la tablette entre les mains du propriétaire, les hautes fréquences basculent sur les haut-parleurs situés en "haut".
Sur le modèle de 12,9 pouces, cet effet est plus sensible étant donnée la taille de la tablette. Mais il reste bien présent sur la 9,7 pouces. Regarder un film sur Netflix ou YouTube a toujours été un plaisir sur l’iPad, mais sur l’iPad Pro c’est bien plus agréable encore avec ces nouveaux haut-parleurs performants. C’est loin, évidemment, d’être suffisant pour justifier l’achat de cette tablette, mais il s’agit indéniablement d’un plus.
Dis Siri et Touch ID : du neuf et du vieux
Si les deux iPad Pro partagent les mêmes processeur (A9X) et coprocesseur (M9), le nouveau modèle bénéficie d’un petit plus non négligeable : la fonction « Dis Siri » est toujours à l’écoute, même si la tablette n’est pas branchée sur le secteur. Pourquoi ce privilège est-il réservé à la 9,7 pouces ? Difficile à dire. Quoi qu’il en soit, c’est bienvenu, en particulier… en cuisine, pour lancer un minuteur, créer un rappel ou lancer une recherche sur internet ! À tout le moins, cela facilite l’usage de Siri, ce qui est toujours bon à prendre.
L’iPad Pro 9,7" en fait plus pour Siri, mais se contente du minimum syndical pour Touch ID. Apple n’a pas cru bon d’offrir aux utilisateurs de la nouvelle tablette la même vélocité de reconnaissance des empreintes digitales que l’iPhone 6s/6s Plus. Il faudra en effet se contenter du Touch ID de première génération. Ce n’est certes pas un drame, ce d’autant que l’usage d’une tablette est assez différent de celui d’un smartphone : on l’allume et on l’éteint moins souvent, ce qui revient à s’identifier moins fréquemment. Mais on n’aurait rien eu contre un Touch ID plus rapide (il est vrai aussi qu’il faut en garder un peu sous la pédale pour la prochaine génération d’iPad…).
Apple SIM : en attendant l’iPhone ?
Depuis toujours, la gamme d’iPad se décline en deux modèles : un Wi-Fi, l’autre Wi-Fi + cellulaire. Depuis octobre 2014 et l’iPad Air 2, Apple glisse aussi une carte SIM de sa fabrication pour les tablettes vendues dans certains pays ; et depuis juillet dernier, pour les utilisateurs français en voyage aux États-Unis et en Grande-Bretagne, le constructeur propose de s’équiper d’une telle carte en Apple Store.
Cette carte SIM universelle permet de sélectionner un forfait de données afin de surfer depuis l’iPad dans les pays où les opérateurs fournissent un tel service. En tout, il est possible de rester connecté de cette manière dans 90 pays et territoires, en payant souvent le gros prix chez les opérateurs partenaires.
En France par exemple, on peut choisir les offres d’Always Online et de GigSky. Les prix pour une journée de surf en 4G sont de respectivement 9,99 $ (pour une journée, 200 Mo) et 15 $ (pour trois jours, 100 Mo). On le voit, c’est loin d’être bon marché… mais cela peut dépanner à l’occasion.
La nouveauté par rapport aux iPad Air 2 et iPad Pro Wi-Fi + cellulaire, c’est que la carte SIM est intégrée dans la nouvelle tablette. Le berceau est donc libre pour y insérer la carte SIM de son opérateur habituel, tout en conservant la possibilité de faire appel à un autre opérateur au besoin.
iOS et applications
Ajouter l’affichage partagé Split View dans iOS 9 exonère-t-il Apple d’en faire plus pour améliorer la productivité de l’iPad ? Évidemment non. Car il reste encore bien du travail à accomplir par iOS pour sortir la tablette du salon et en faire un outil complet pour le bureau. On touche là le cœur d’un problème qui empêche l’iPad d’incarner le « futur de l’ordinateur » tel que l’imagine le constructeur.
L’iPad Pro de 9,7 pouces est moins sujet aux bizarreries d’interface constatées avec son grand frère : on peut trouver qu’il reste de l’espace mal exploité, en particulier sur l’écran d’accueil, mais c’est moins visible que sur l’écran de 12,9 pouces. On n’aurait évidemment rien contre plus de souplesse, par exemple le centre de contrôle ou de notifications toujours affiché sur l'écran (et pourquoi pas sous forme de widgets, soyons fou !), ou encore des icônes interactives et redimensionnables comme on peut en trouver sous Windows 10.
Se contenter d’un système d’exploitation pour smartphone sur une tablette, c’est presque contre-productif. Les usages sont tellement différents — et Apple elle-même ne se prive pas de faire l’article des utilisations "pro" de l’iPad — qu’on ne comprend plus pourquoi il faudrait se contenter d’un « simple » iOS pour les grands écrans. La WWDC, en juin, se chargera de tracer la feuille de route qu’entend emprunter Apple pour ses iPad, mais si on n’ose espérer un ipadOS, il serait bon que l’on puisse :
Il y a bien d’autres doléances, mais on serait déjà bien content si Apple daignait livrer ces fonctions avec iOS 10.
L’autre écueil demeure l’écosystème logiciel. Apple vante, avec raison, le vaste catalogue d’applications disponibles pour l’iPad (Pro ou pas), qui permet d’accomplir un grand nombre de tâches. Qu’il s’agisse de dessiner, d’éditer des images, taper du texte, mettre en page, créer de la musique, monter des vidéos (en 4K depuis le Pro 9,7’’), imaginer des concepts de design de sites web… Les tablettes sont polyvalentes. Et même en restant dans les limites d’iOS, on peut imaginer accomplir de vraies tâches productives avec l’iPad. Et c’est encore mieux si le travail implique du dessin : l’Apple Pencil sera alors le complément idéal.
Si Apple fait reposer sur les éditeurs tiers une grande partie du succès de l’iPad, le constructeur ne montre malheureusement pas le chemin. GarageBand et iMovie sont de bons logiciels évidemment, mais la suite bureautique (Pages, Numbers et Keynote) commence sérieusement à marquer le pas sur la concurrence.
Il n’est d’ailleurs pas innocent qu’Apple fasse d’abord la promotion des outils productifs de Microsoft, plutôt que les siens. Où est l’équivalent pour iPad de l’app Aperçu pour ouvrir des PDF et les annoter ? Les développeurs pourront-ils développer un jour sur la version iOS de Xcode ? Pourquoi n’est-il pas possible d’être plus précis dans l’app Photos avec l’Apple Pencil ?
De la puissance à revendre
Comme l’iPad Air 2 à son lancement (en octobre 2014), l’iPad Pro intègre le fin du fin en matière de composants. À commencer par un processeur A9X certes un peu moins véloce (sur le papier) que celui de l’iPad Pro 12,9 pouces : 2,15 GHz, contre 2,25 GHz. Dans les benchmarks de Geekbench 3, la différence n’est pas vraiment visible — au contraire même, dans les tâches multi-core (l’A9X en emporte deux), le nouvel iPad Pro donne de meilleurs résultats que son prédécesseur. En tâches mono-core en revanche, les deux processeurs retournent des résultats très proches.
Les trois cœurs du processeur A8X de l’iPad Air 2 commencent à être sérieusement distancés par les deux cœurs de l’A9X des iPad Pro, ce qui n’a rien d’étonnant. Les scores AnTuTu relevés sur les deux tablettes de 9,7 pouces reflètent la différence de puissance entre leurs processeurs respectifs : l’iPad Air 2 affiche un score de 108787, l’iPad Pro une fiche de 164974. L’A9X surclasse donc largement l’A8X, ce qui n’a rien de très étonnant.
Ces chiffres étant posés — et ils ne manquent pas d’être impressionnants —, ils n’indiquent que la puissance brute de la tablette. En soi, si le système d’exploitation ou les apps tierces n’en profitent pas, ils ne sont là que pour jouer à celui qui a la plus grosse, avec un intérêt limité. iOS est évidemment fluide et véloce sur l’iPad Pro, mais c’était déjà le cas sur l’iPad Air 2 ; les apps se montrent elles aussi réactives, mais là encore la différence dans la vie réelle n’est pas ébouriffante. Les logiciels sont encore peu nombreux à réellement exploiter les deux ou trois cœurs des processeurs AxX. Cette puissance mobilisable est surtout une promesse pour l’avenir, mais on disait cela aussi de l’iPad Air 2.
Une des vraies différences entre les deux iPad Pro, c’est la quantité de RAM : là où le modèle de 12,9 pouces en contient 4 Go, la déclinaison de 9,7 pouces se contente de la moitié. Ces 2 Go de RAM LPDDR4 — la même quantité que l’iPad Air 2 ou les derniers iPhone — sont suffisants pour profiter confortablement des onglets de Safari (ils ne rechargent pas la page web sans cesse). Pour le reste, là encore les apps capables d’exploiter réellement 4 Go de mémoire vive sont bien rares (s’il en existe) et on n’a pas (du tout) senti la différence que ces 2 Go de RAM supplémentaires pouvaient apporter.
L’autonomie de l’iPad Pro est identique d’une taille d’écran à l’autre (et même d’un iPad à un autre) : Apple promet dix heures pour du surf en Wi-Fi (9 heures en cellulaire), de la lecture vidéo et de l’écoute musicale. Le test de batterie Geekbench 3 retourne une autonomie de 13h20 (avec rétro-éclairage réduit), contre 8h26 pour l’iPad Air 2.
Cette dernière tablette ayant déjà un peu bourlingué dans notre sacoche depuis un an et demi, sa batterie a pu perdre un peu de sa puissance au fil des cycles. L’iPad Pro, au contraire, est neuf ; les deux appareils embarquant une batterie aux capacités très proches (7 306 mAh à 27,91 Wh pour l’iPad Pro, 7 340 mAh à 27,62 Wh pour l’iPad Air 2), il est possible que l’autonomie se révèle un peu meilleure sur la nouvelle tablette grâce au processeur A9X et aux constantes optimisations apportées par Apple sur ce sujet ô combien sensible.
Apple Pencil et Smart Keyboard
La nouvelle tablette est le second iPad à prendre en charge l’Apple Pencil. Comme sur la version de 12,9 pouces, le "crayon" s'appaire (en Bluetooth) et recharge sa batterie en le connectant sur le port Lightning de la tablette. Le tableau est toujours aussi bizarre, en particulier lorsqu'on se retrouve dans un lieu public avec les regards qui se posent sur vous quand le Pencil se charge.
Au-delà de l’aspect, il faut cependant concéder que le duo iPad Pro + Apple Pencil est en mesure de démultiplier la productivité. Si la grande surface du modèle de 12,9 pouces incite plutôt au dessin, la portabilité de la déclinaison de 9,7 pouces appelle plutôt à un usage de type « prise de notes » qui lui sied bien.
Étant un bien piètre dessinateur, j’ai profité de l’occasion pour user de l’iPad comme d’un carnet de notes numériques dans le cadre d’un projet à venir. À cette occasion, j’ai retrouvé le plaisir d’écrire des notes manuscrites, avec l’aide de l’app GoodNotes, après des années de frappe au clavier. Le logiciel a aussi ceci de particulier qu’il sait assez bien reconnaitre mon écriture pour la retranscrire en texte qu’il est possible ensuite d’éditer.
La précision et les performances de l’Apple Pencil sont identiques d’un iPad Pro à l’autre. L’écran de 9,7 pouces analyse le signal du stylet 240 fois par seconde (deux fois plus que lorsqu’il détecte un doigt) ; la pointe du Pencil est sensible à la pression, ce qui permet de moduler la finesse du trait. L’inclinaison est elle aussi prise en compte pour créer des effets d’ombrage. Et puis la détection de la paume, qui permet de poser la main sur l’écran sans que celle-ci soit interprétée comme un point d’interaction, est tout aussi efficace sur cette tablette.
Les dessinateurs sur le pouce seront aux anges, l’iPad Pro de 9,7 pouces pouvant également servir de carnet de croquis : là encore, l’encombrement plus réduit de ce modèle, par rapport au 12,9 pouces, en facilite le transport et l’usage en mobilité. Tout cela est bel et bon, mais ce n’est pas donné : comptez en effet 109 € l’accessoire, qu’on aurait aimé trouver fourni par défaut avec la tablette.
Le port Smart Connector, un héritage de l’iPad Pro 12,9 pouces, n’est présent que pour la galerie. Actuellement, le seul accessoire compatible avec ce port propriétaire (qui prend la forme de trois petits contacts ronds) est le Smart Keyboard d’Apple, un étui-clavier qui n’a pas trop d’intérêt chez nous : il n’est en effet disponible qu’en QWERTY. Apple planche sur une version localisée pour d’autres pays, mais le constructeur prend son temps (pour en évaluer l’intérêt ?).
Le clavier est identique à son homologue pour l’iPad Pro 12,9 pouces, en plus petit évidemment. Le confort de frappe s’en retrouve lui aussi réduit (la touche TAB est ridiculement petite), ce à quoi il faut ajouter l’étrange texture "tissu" des touches. Au bout d’un certain temps, on s’y fait, mais cet accessoire n’est pas le meilleur imaginé par Apple, loin s’en faut. Et la fonction d’étui n’a rien de franchement emballante non plus, à moins d’aimer l’art délicat de l’origami. Heureusement, Apple fournit un mode d’emploi dans l’emballage du clavier…
Et sinon ? Et bien c’est tout. On imagine les fabricants d’accessoires dans les starting-blocks pour nous inonder de gadgets compatibles avec le port Smart Connector, mais pour le moment c'est plutôt le son des criquets au milieu d’un paysage désertique.
La volonté d’Apple d’ouvrir ce nouveau connecteur à des constructeurs tiers n’est pas encore clairement établie (le Smart Connector n’apparait pas au sein du programme MFi). Logitech a lancé, pour l’iPad Pro de 12,9 pouces, un clavier plus robuste que celui d’Apple, mais qui présente lui aussi des défauts. Il n’existe (pas encore, du moins) de version pour la tablette de 9,7 pouces.
À l’heure actuelle, le nombre d’accessoires compatibles Smart Connector se compte sur les doigts d’une main à trois doigts : il y a les deux claviers d’Apple (uniquement QWERTY), et celui de Logitech. C’est bien maigre, et c’est dommage car ce connecteur a quelques qualités : l’appairage est automatique (quand le Bluetooth est manuel et nécessite quelques secondes), le périphérique tire son jus de la batterie de l’iPad, et son firmware peut être mis à jour directement depuis la tablette.
Stockage et prix
L’iPad Pro est, avec l’iPad mini 4, la tablette la plus complète en termes de stockage. Et même mieux, puisque le modèle d’entrée de gamme compte 32 Go d’espace disque, le double de ce que propose la petite tablette ! Cette dotation standard est désormais un minimum pour gratter la surface des possibilités d’une telle tablette — en particulier avec ses capacités photographiques largement améliorées produisant de lourdes images et vidéos. On aimerait tellement qu’Apple s’en inspire pour l’iPhone…
Du strict point de vue du choix, l’iPad Air 2 devient du coup moins intéressant, avec ses deux capacités 16 et 64 Go, alors que l’iPad Pro aligne 32, 128 et 256 Go, que ce soit en Wi-Fi ou en Wi-Fi + cellulaire. La tablette fait aussi mieux que sa grande sœur qui ne propose pas de variante cellulaire de 32 Go.
L’iPad Pro instaure aussi une capacité de stockage inédite pour un appareil iOS : 256 Go. Pensez donc, c’est plus que la plupart des Mac… Est-ce trop ? On a appris, depuis l’iPod originel et son disque dur « énorme » de 5 Go (!), à se méfier des qualificatifs définitifs ; ce qui est certain, c’est qu’avec un tel espace et avec le concours d'apps qui utilisent le stockage dans le nuage, on est tranquille pour un petit moment.
Ces changements de capacité ont aussi un autre avantage pour Apple, celui de brouiller les cartes tarifaires : les 256 € de différence entre les entrées de gamme de l’iPad Air 2 et de l’iPad Pro 9,7" peuvent-elles se justifier pour les 16 petits Go de différence entre les deux ?
Évidemment, on ne peut pas baser son choix uniquement sur le prix. Il rentre en ligne de compte les usages que l'on en aura et la taille de l’écran. Sans oublier que pour tirer le meilleur profit de l’iPad Pro, il est pratiquement indispensable d’y ajouter un Apple Pencil, ce qui ajoute 109 € à la petite facture…
Apple ne fait pas dans la philanthropie, sinon cela se saurait. Mais il est vrai que la gamme d’iPad nous avait donné l’habitude d’une certaine tempérance par rapport aux flambées des prix constatées sur les Mac (en raison surtout des évolutions du taux de change euro/dollar). C’est encore plus vrai alors que l’iPad rencontre de sérieuses difficultés pour remonter ses ventes.
Pourquoi retomber dans ces vieux travers qui risquent d’handicaper le renouveau des ventes d’iPad ? Difficile à dire, même si on peut défendre des étiquettes plus élevées en alignant les unes derrière les autres toutes les petites nouveautés de l’iPad Pro : la somme de ces fonctions supplémentaires, ainsi que la plus grande capacité de stockage finissent presque par justifier le prix supérieur aux 499 € des iPad Air et Air 2 à leurs lancements… même si ça pique.
Pour conclure
Toutes les nouveautés apportées par l’iPad Pro 9,7" ne répondent pas aux mêmes besoins de tous les utilisateurs ; dans le bouquet garni proposé par Apple, chacun piochera ce dont il aura besoin. Et c’est vrai qu’il y a un peu de tout pour tout le monde : compatibilité avec l’Apple Pencil pour les graphistes, les dessinateurs, et ceux qui veulent prendre des notes manuscrites ; nouvelles capacités audio et d’écran (True Tone) pour ceux qui veulent consulter du contenu confortablement (films comme livres) ; SIM intégrée pour les grands voyageurs ; un vrai combo appareil photo et flash ; énorme capacité de stockage en haut de gamme…
Mais d’ici à faire de cet iPad Pro le remplaçant du PC, il y a un grand, un immense pas qu’on ne pourra pas encore franchir. Du moins pas avant de savoir ce qu’Apple a dans ses cartons pour iOS 10, voire pour un ipadOS que nous appelons de nos vœux, un système d’exploitation à même de libérer enfin les capacités de la tablette.
Cet iPad Pro est surdimensionné pour les utilisateurs qui n’ont de leur tablette qu’un usage de consultation de contenus, avec un peu de bureautique légère, du jeu et de l’internet. Pour eux, l’iPad Air 2 est là et est encore capable d’en remontrer à bien des concurrents, surtout à son prix — c’est actuellement un des meilleurs rapports qualité/prix d’Apple.
Mais si on cherche à être réellement productif, il est encore bien difficile de se passer d’un Mac. L’iPad Pro peut être un très bon complément pour un professionnel itinérant, ayant besoin d’un outil de prise de notes ou d’un carnet de croquis. Pour dessiner, rien ne vaudra l’iPad Pro de 12,9 pouces ; pour de la bureautique, de la conception web ou un travail graphique un peu lourd, le Mac est une solution qui conserve encore sa pertinence.
L’iPad Pro 9,7 pouces reste malgré tout un produit très agréable, clairement la meilleure proposition dans la catégorie 10 pouces, toutes plateformes confondues. Il ne reste plus qu’à sérieusement muscler iOS, une antienne qui revient sans cesse au moment de tester les nouvelles tablettes d’Apple.
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