Réservez vos vacances pour cette île flottante fabriquée en déchets plastique
Planter votre tente sur une décharge plastique au milieu de l'océan Pacifique, cela vous tente ? Un cabinet d'architecture britannique a imaginé un concept d'île flottante construite à partir des déchets plastique collectés dans l'océan. Une structure écologique inspirée des mangroves.
[EN VIDÉO] Suivez l’épopée étonnante du plastique dans l’océan Chaque année, huit millions de tonnes de plastique sont rejetées en mer. Ce matériau évolue au gré des courants, est mangé par le plancton et les organismes marins, jusqu’à contaminer toute la chaîne alimentaire. L’expédition Tara Méditerranée étudie le phénomène. Découvrez en vidéo comment ces scientifiques traquent le plastique dans les océans.
Le paysage est paradisiaque : en plein milieu de l'océan Pacifique, à 2.700 km des côtes australiennes, les îles Cocos forment un archipel de 27 îlots de sable fin bordant un lagon bleu turquoise peuplé de poissons multicolores et de tortues marines. C'est au milieu de ce bout de carte postale que l'architecte britannique Margot Krasojević veut installer... une décharge plastique. Mais une décharge un peu particulière puisqu'il s'agit d'îlots artificiels construits à partir de déchets plastique. Le projet, dénommé Recycled Ocean Plastic Resort, devrait accueillir ses premiers touristes en 2025 avec un camping et un hôtel.
Les passerelles en bois formeront la structure centrale à partir de laquelle des bras flottants ramasseront les déchets plastiques qui formeront de nouveaux ponts. © Margot Krasojević Architecture
Collecter les déchets plastique au gré des courants
Les îles Cocos sont confrontées à une pollution plastique croissante : selon une étude de l’université de Tasmanie, le territoire est recouvert de 141 millions de débris de bouteilles, sacs, chaussures ou brosses à dents, soit 238 tonnes de plastique accumulées sur les plages. Des déchets qui posent un risque majeur pour la faune et la flore locales et gâchent le paysage. Margot Krasojević a donc eu l'idée de valoriser tout ce plastique sous forme d'une structure flottante. L'île serait construite à partir de passerelles en bois attachées au fond de l'eau, auxquelles seraient raccordées des sortes de bras articulés qui ramasseront les déchets plastique flottant aux alentours. Ces derniers seront acheminés vers de gros sacs puis recouverts de fibre de béton biodégradable, afin de former une structure en maille. « Au contact de l'eau, ces « tentacules » vont gonfler et se dilater, absorbant les sédiments et empêchant l'eau d'inonder l'île ou de la faire chavirer », décrit le site du projet.
Les « tentacules » en plastique gonflent au contact de l’eau et agissent comme les racines d’une mangrove en absorbant les sédiments. © Margot Krasojević Architecture
L'architecte imagine ensuite faire pousser des mangroves autour de la structure en plastique qui « cimenteraient » et stabiliseraient le tout. Le cabinet d'architectes a étudié les flux océaniques pour comprendre d'où viennent les déchets plastique transportés par l'océan et pour positionner l'île en conséquence. Ainsi, l'île s'agrandira au fur et à mesure que les déchets s'accumulent « dans la limite de sa capacité à évoluer ».
Îles artificielles : le nouvel eldorado écologique ?
L'hôtel proposera une série de « chambres en canopée » avec des douches utilisant l'eau de mer filtrée et pompée grâce à des panneaux solaires ; il sera entouré de terrains de camping. Le cabinet d'architectes a été mandaté pour ce projet par une société minière sud-africaine qui finance des initiatives visant à construire des écosystèmes et à gérer la pollution issue de l'industrie minière. Mais il n'est pas du tout certain de voir le jour.
Car, malheureusement les concepts d'îles écolo se multiplient comme des petits pains, sans se concrétiser la plupart du temps. En Polynésie, au large de Tahiti, une fondation américaine tente depuis des années d'obtenir un permis de construire pour un archipel d’îles artificielles autonomes recouvertes de panneaux solaires et d'éoliennes, et alimentée par l'aquaculture. En 2019, un projet de « ville flottante » écologique et capable de résister aux ouragans a été présenté à l'ONU. Le cabinet d'architecte italien Pierpaolo Lazzarini a, quant à lui, imaginé des « pyramides mayas flottantes » tandis que le South Sea Pearl eco-island destiné à s'implanter au large de Haikou, en Mer de Chine, n'a jamais vu le jour.
Il est donc fort probable qu'en 2025, les îles Cocos comptent toujours 27 îlots et encore plus de déchets plastique sur ses plages.
Photos : Balades dans les villes du futur bioniques de Vincent Callebaut
L’arche bionique de Taiwan : la nature à la verticale Dans le parc Gateway de Taichung, à Taiwan, cette tour est comme une forêt dans la ville. Des prairies et des jardins s’étalent en palier sur 390 m de hauteur dans un bâtiment autosuffisant, grâce aux énergies solaire et éolienne. On s’y promène pour apprécier la nature et pour trouver une vision panoramique sur la mégalopole. La tour sert aussi pour les relais de télécommunications. © Vincent Callebaut
L'arche bionique de Taiwan : une tour autosuffisante Outre des panneaux solaires, trois éoliennes à axes verticaux fournissent l’énergie électrique. Les vitres, par effet de serre, assurent un apport thermique aux espaces intérieurs. © Vincent Callebaut
L'arche bionique de Taiwan : un poumon dans la ville La tour du parc Gateway n’accueille pas d’habitations, ni de bureaux ni de centres commerciaux. C’est un jardin dans la ville qui émet de l’oxygène, absorbe le gaz carbonique et où l’on se promène devant le paysage urbain. © Vincent Callebaut
L'arche bionique de Taiwan : un exosquelette pour abriter la verdure La structure en exosquelette est conçue pour résister aux séismes, aux vents, voire à des attaques terroristes. Les niveaux horizontaux sont à double pont pour faciliter la maintenance. © Vincent Callebaut
Les galets de Shenzen : un avant-goût de la cité du futur Avec les six tours « Asian cairns » de la ville chinoise de Shenzhen, l’architecte Vincent Callebaut propose un concept « biomimétique » pour les cités surpeuplées du futur. Chacune est un écosystème urbain, avec une production agricole, une autosuffisance en énergie et un recyclage des déchets. Elle abrite des habitations, des bureaux et des lieux de loisirs. © Vincent Callebaut
Les galets de Shenzen : un quartier autarcique Les galets de chaque tour, qui abritent des fermes agricoles, s’organisent en une triple spirale autour d'un espace central qui est aussi une voie de communication entre tous les niveaux. La consommation de produits locaux est favorisée et l’étagement vertical densifie les habitations, ce qui limite l’étalement urbain. En 2030, un milliard de Chinois vivront en ville et il faut anticiper les problèmes d’acheminement des vivres et des déchets, du transport des personnes et de la pollution. © Vincent Callebaut
Coral Reef : un nouveau village pour Haïti Après le désastre du séisme de 2010, Haïti est à reconstruire et le projet Coral Reef a débuté en 2011 pour bâtir un millier de logements préfabriqués en bord de mer, autonomes en énergie. À partir d’un module unique, l’ensemble prend la forme de deux vagues, inspirées des récifs coralliens, ménageant un espace central qui abrite un milieu naturel. © Vincent Callebaut
Coral Reef : des logements modulaires mais aux points de vue multiples Chaque habitation est un module duplex, avec une structure métallique et des parements en bois tropicaux. Disposées en quinconce, elles offrent une multitude de points de vue et des façades végétalisées. © Vincent Callebaut
Coral Reef : un projet évolutif, conçu pour les énergies renouvelables L’ensemble est conçu pour les énergies renouvelables : vent, marées, soleil, différence de température entre les eaux de surface et la profondeur. Le projet est flexible et pourra évoluer au fil des besoins. © Vincent Callebaut
Dragonfly : un projet bionique pour New York Ces deux ailes de libellule forment un ensemble d’habitation, de travail et de production agricole. Conçu pour New York et ses fortes fluctuations de température, ce prototype ménage en son centre un immense volume fermé par un voile de verre et d’acier. Les lieux habités se trouvent sur la circonférence des ailes et l’espace entre les deux constitue une serre où prennent place des cultures variées. La moitié de l’énergie vient du bouclier photovoltaïque sur la proue sud et l’autre de trois éoliennes. © Vincent Callebaut
Physalia : un vaisseau-amiral pour la bataille de l’eau Au forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Istanbul en 2009, un consensus s’est fait autour de l’impérieuse nécessité d’accorder des moyens lourds pour que chaque être humain ait accès à l’eau potable. Un milliard de personnes en manquent mais bien peu est fait. Ce navire en forme de Physalie (un curieux animal cousin des coraux et des méduses), ce « morceau de terre vivante », selon Vincent Callebaut, est un projet pour promouvoir la bonne gestion de l’eau et des voies navigables. © Vincent Callebaut
Physalia : une vitrine des bonnes pratiques de gestion de l’eau Physalia est destiné à naviguer sur les grands fleuves d’Europe et d’ailleurs. Il serait une vitrine technologique. Autonome et non polluant, cette « agora flottante » accueillerait des chercheurs du monde entier et le public pourrait y découvrir les technologies les plus en pointe pour recycler les eaux domestiques, dessaler l’eau de mer ou dépolluer les sols. © Vincent Callebaut
Lilypad : une ville flottante pour des mers qui montent Prototype d’une cité amphibie, Lilypad pourrait abriter 50.000 personnes, par exemple les habitants de la côte rognée par la montée des eaux ou les réfugiés climatiques ultramarins qui auront dû abandonner leurs îles natales. Elle comporte un lagon central d’eau douce venue de la pluie. Trois marinas et trois montagnes sont dédiées, respectivement, au travail, au commerce et aux loisirs. © Vincent Callebaut
Lilypad : une cité propre et autonome Cette « Ecopolis » est totalement autonome, utilisant toutes les sources d’énergie disponibles autour d’elle : soleil (thermique et photovoltaïque), vent, courants de marée, pression osmotique, biomasse… Elle doit pouvoir produire davantage d’énergie qu’elle n’en consomme. Elle porte des terres agricoles et des bassins d’aquaculture. Elle peut suivre les courants océaniques. © Vincent Callebaut
Lilypad : une peinture dépolluante La structure de l’île flottante est formée d’une double coque en fibres de polyester. Une couche de dioxyde de titane (TiO2) la recouvre. Sous l’effet des rayons ultraviolets, ce matériau peut absorber la pollution atmosphérique par effet photocatalytique. © Vincent Callebaut
Solar Drop : une fleur en mer d’Oman À Abou Dhabi, ce dôme est installé dans la baie et accueille un centre de cure thermale et une piscine. Les sept lieux d’habitations sont situés à l'extérieur, au plus près de l’eau, sur un cercle de 350 m de diamètre. Le dôme est surmonté de deux ellipses portant ce qui, vu de loin, apparaît comme un motif d’inspiration arabe. En fait, une série de seize spirales, sur le sommet, sont faites de cellules photovoltaïques. Autour, seize spirales sont plantées de végétaux qui favorisent la fraîcheur. © Vincent Callebaut
Solar Drop : un dôme photovoltaïque végétalisé Le dôme central est divisé en trois zones, les « pétales ». La première est le lieu d’accueil (le « Majlis ») et son hall de réception. Les deux autres sont le spa, avec la station de cure thermale, et une piscine intérieure (il en existe aussi une à l’extérieur). © Vincent Callebaut
Solar Drop : une piscine-lagon L’une des pétales du dôme abrite une piscine avec vue sur la mer d’Oman et s'entoure de plantes vertes. © Vincent Callebaut
King’s forest : des chalets-feuilles au Maroc Ces trois chalets sont des résidences de luxe, près de Fès, au Maroc, dans la forêt de Louajriyine. Bâtis sur une pente, ils offrent une vision panoramique de presque 360° sur les montagnes de l’Atlas, depuis un balcon entourant tous les espaces de vie. Ils prennent la forme d’une feuille, d'ailleurs la structure de la charpente en bois imite les nervures. © Vincent Callebaut
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