Daniel Negreanu, le Kid Poker : Portrait et interviews

Daniel Negreanu, le Kid Poker : Portrait et interviews

Daniel Negreanu est probablement l'un des joueurs les plus appréciés du circuit. Talentueux et chaleureux aux tables de poker et en dehors, sa réputation et son palmarès parlent pour lui. Et ce même s'il ne mâche pas ses mots, au risque parfois de créer la polémique.

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Biographie

L'histoire de Daniel Negreanu est mouvementée : ses parents, Ann et Constantin ont fuit le régime communiste roumain en 1967 pour commencer une nouvelle vie aux Etats-Unis. Par la force des choses, ils finissent cependant par s'installer à Toronto, où Constantin trouve un travail d'électricien. Quelques années de vie canadienne plus tard, le petit Daniel Negreanu nait pendant l'été 1974.

Daniel grandit dans une famille témoignant d'un grand soutien, même si très tôt il entrevoit un style de vie peu conventionnel. Tout en caressant le doux rêve d'une carrière d'acteur, l'adolescent de 15 ans apprend à jouer au poker, si bien qu'un an plus tard, il passe la majeure partie de son temps libre aux paris sportifs, au bowling et... aux cartes.

A 18 ans, il abandonne l'université (en échouant à quelques dixièmes de points d'un diplôme) pour se dédier au poker. Il affine son jeu en prenant part à de nombreux tournois illégaux dans la ville de Toronto. Déjà séducteur, il fréquente une croupière du nom d'Evelyn Ng avec qui il envisage une vie commune, plus traditionnelle. Un mois de dur labeur à Subway et une journée de télémarketeur lui font finalement réaliser l'évidence : son destin ne réside que dans le jeu.

Dès sa majorité, à 21 ans révolus, Daniel Negreanu retire ses économies et s'en va tenter sa chance à Las Vegas. Sept mois plus tard, il retourne à Toronto, certes ruiné mais toujours aussi déterminé. Après s'être reconstruit une bankroll en écumant les tournois de sa ville, il retrouve Las Vegas, cette fois pour de bon.

Alors orphelin de son père, Negreanu se persuade qu'une carrière dans le poker lui tend les mains : il acquiert alors une concentration et une conviction qui ne l'abandonneront jamais et qui feront de lui l'un des meilleurs joueurs du monde.

Daniel Negreanu aligne dès lors ses premières victoires notables en 1997, dont deux aux World Poker Finals de Foxwoods (Connecticut) où il est nommé meilleur joueur. Plus motivé que jamais, Negreanu participe alors l'année suivante aux World Series of Poker, où il remporte magistralement le premier tournoi auquel il prend part : le $2,000 Pot-Limit Hold'em. Il devient alors le plus jeune détenteur d'un bracelet des WSOP (titre qu'il détiendra jusqu'en 2004) : la légende est en marche, Daniel "Kid Poker" Negreanu est né.

En 1999, le Kid est sacré vainqueur des United States Poker Championship, mais très vite, il se brûle malheureusement les ailes. L'abus d'alcool, une mauvaise gestion financière et la solitude inhérente à la vie d'un joueur pro affectent son jeu : 2000 est pour lui une année blanche. Un champion se reconnait cependant dans ses capacités à rebondir et 2001 voit Negreanu finir à de nombreuses places payées tout en se classant 11ème du Main Event des WSOP.

L'un des plus grands joueurs de tous les temps

Mais le meilleur reste à venir pour Daniel Negreanu. En 2004, il empoche un bracelet en or aux WSOP en Limit Hold'em, finit dans les places payées à l'occasion de cinq tournois et obtient le titre ESPN Toyota de Joueur de l'Année. Il triomphe de plus à l'Open de Poker de Borgata et au Five Diamond World Poker Classic, lui permettant d'encaisser un total de 2 887 618 dollars de gains.

Il devient à la même époque le joueur le mieux rémunéré du circuit WPT et, très impliqué dans le monde du poker pro, il intègre en 2006 le Player Adviser Board des WSOP. Fervent défenseur de l'intégrité de la compétition, Negreanu milite pour une meilleure organisation des tournois et pour l'introduction du $50,000 H.O.R.S.E, épreuve qu'il considère comme le véritable indicateur du talent brut au poker.

Le palmarès de Daniel est aujourd'hui l'un des plus fournis sur la planète poker. Difficile de le résumer en quelques lignes, mais pour faire simple, Negreanu pèse plus de 100 places payées WSOP (pour 6 victoires, la dernière aux WSOP Europe d'Enghien-les-Bains en 2013), 2 victoires au WPT en 2004, et près de 40 millions de $ de gains en tournois, ce qui le place tout simplement en tête de la "all time money list" devant Erik Seidel.L'une de ses déceptions majeures restera sans doute sa deuxième place du Main Event des WSOP Europe en 2009 face à Barry Shulman.

En plus de sa carrière de poker et de ses responsabilités parmi les instances dirigeantes, Negreanu se révèle d'excellentes dispositions en tant qu'auteur d'ouvrages de poker ; il participe notamment à la rédaction de Super/System 2 avec Doyle Brunson, deuxième tome de l'un des titres-référence de stratégie de poker. Il publie en 2007 son propre livre Hold'em Wisdom for All Players (Poker Mentor en VF), réédité depuis à maintes reprises. Enfin, il contribue à de nombreux blogs et à de nombreux articles à la fois en ligne et pour la presse papier.

Rien n'arrête l'ascension médiatique de Daniel Negreanu : l'hôtel-casino Wynn Las Vegas le recrute comme Ambassadeur du Poker en 2005 ; l'année suivante, il est élu Favorite Poker Player et apparait même dans le jeu vidéo Stacked with Daniel Negreanu. Il devient de plus tuteur de poker pour le site Poker School Online et coach personnel de stars du show-biz telles que Tobey Maguire.

Negreanu continue aujourd'hui de prendre part à de nombreux tournois comme il l'a toujours fait : en regardant les cinq épisodes de la série de films Rocky et en se nourrissant des plats végétariens (autrefois préparés par maman Negreanu, décédée en 2009), véritable base de son succès depuis ses 18 ans. Ainsi, il est régulièrement aperçu aux tables de poker, habillé de son traditionnel maillot de hockey et paré de larges écouteurs à la musique relaxante pour toujours plus de concentration.

Daniel Negreanu vit dans sa ville adoptive de Las Vegas et, en dehors du circuit poker, supporte de nombreux organismes de bienfaisance nord-américains, comme la fondation Make a Wish.

Divers et anecdotes :

* A participé à l'ouvrage Super/System 2 de Doyle Brunson * A gagné son premier bracelet des WSOP à l'âge de 23 ans

Articles et Interviews

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Interview : Daniel Negreanu à Monte Carlo

(08/06/10 - par Fred Guillemot)

Daniel Negreanu est comme chaque année l'un des hommes à suivre de près dans ces WSOP. Nous l'avions rencontré à Monte Carlo, quelques semaines avant le début de la compétition.

L'EPT Grand Final semble montrer que l'Europe est maintenant au niveau des grands tournois nord-américains, du moins en ce qui concerne les têtes d'affiche.

Oui, tout à fait. On a beaucoup de grands joueurs ici. Erik Lindgren, Erik Seidel, Chris Moneymaker, Joe Cada, Greg Raymer, qui vous voulez, et Phil Ivey vient à Monte-Carlo tous les ans. En général ils ne viennent pas en Europe, mais ils font le déplacement à Monaco.

Ils viennent donc pour l'endroit ?

Bon c'est vrai que ce n'est pas le pire endroit de la terre, mais je dirais plutôt que c'est la taille du buy-in qui les attire. Sans oublier le High-Roller, qui a attiré 113 joueurs cette année. Ce n'est pas rien.

Si on le compare au Circuit WSOP ou aux tournois du WPT, dirais-tu que l'EPT est désormais autant reconnu par les joueurs américains ?

"L'EPT est sans conteste le meilleur circuit de poker au monde."

En réalité, il l'est beaucoup plus ! L'EPT est sans conteste le meilleur circuit de poker au monde. Il suffit de regarder les chiffres. La finale du WPT a attiré moins de 200 joueurs. Et un certain nombre de joueurs, qui en temps normal y auraient été, ont préféré venir jouer ici à San Remo et Monaco, parce que la valeur ajoutée y est beaucoup plus haute.

Parlons un peu des WSOPE. Tu avais perdu une main pendant le heads-up, avec Q-J contre A-A. Tu avais touché le flop et la turn, mais un troisième As est sorti à la river. Est-ce que ça a été le pire moment de ta carrière en tournoi ?

C'est vrai que ça n'a pas été facile. Ce qu'on ne voit pas à la TV c'est le nombre de fois où j'ai pris beaucoup d'avance et où je suis petit à petit redescendu. On a mis 6 heures à terminer. Mais le pire que j'ai pu vivre en tournoi c'est sans conteste en 2001 lorsqu'il ne restait plus que 12 joueurs au Main Event des WSOP. J'étais chip leader, et j'ai fini 11ème. J'ai perdu un pot énorme sur un coup de pile ou face que je n'aurais jamais dû jouer. A-K contre 6-6. Une erreur que je ne referais pas...

Quid de ton meilleur souvenir en tournoi ?

Décembre 2004. Je devais arriver en table finale du WPT Five Diamond Classics au Bellagio pour être sacré joueur de l'année par Cardplayer's et remporter quelques autres prix, histoire de clore en beauté une année exceptionnelle. Non seulement j'y suis arrivé, mais je l'ai fait avec le chip lead le plus important de l'histoire du WPT. J'ai finalement remporté le heads-up contre Humberto Brenes.

Tu es un habitué des High Stakes Poker. Honnêtement, dans ces petites interviews entre les mains où les joueurs analysent ce qui vient de se passer, ils disent vraiment la vérité ?

"Phil Ivey ? Le meilleur. Je parierais tout mon argent sur lui."

Oui. En général, je dirais que oui. Vous vous souvenez de cette main où Benyamine me relance alors qu'il a une flush inférieure à la mienne et où je finis par me coucher ? Je ne pense pas qu'il savait que j'avais une meilleure main, mais je pense qu'il le considérait comme une possibilité. La plupart des joueurs disent ce qu'ils pensent, et puis ils ne veulent pas avoir l'air idiot à la télé. Le seul que je verrais mentir est Phil Ivey.

Comment ça ?

Ouais. Parce que c'est le meilleur. Et qu'il s'en fout. Ce que je veux dire c'est qu'il sait que dans l'art de la guerre il ne faut révéler aucun secret.

Donc il ne le dirait même pas s'il avait eu une bonne lecture du jeu ?

Non. Il dirait sûrement un truc du genre « ben je me suis juste dit que ça valait le coup d'essayer ».

Que dirait Mike Matusow ?

(imitant Matusow): « Je savais que c'était cette main-là. Je connais ce joueur, je sais comment il joue, je savais exactement ce qu'il avait. » (il rit) Quelque chose dans ce genre.

Tu es très connu pour la qualité de ta lecture du jeu. Ayant été confronté à Tom Dwan deux ou trois fois, dirais-tu qu'il pourrait atteindre un jour ton niveau de lecture ?

"Le Hold'em n'a jamais été mon jeu préféré."

Durrrr est incroyable, c'est clair. Il accumule énormément d'expérience parce qu'il joue tout le temps. Il est très créatif, du coup quand vous le regardez jouer, parfois vous pouvez penser qu'il est fou. Mais il sait précisément ce qu'il est en train de faire. Et il est très fort pour manipuler les gens.

Comment en es-tu arrivé à ce niveau en premier lieu ?

Ca m'est tout simplement venu en jouant au poker tout le temps. C'est ce que je faisais à son âge. Je me réveillais puis je jouais toute la journée. Ensuite je me couchais et je recommençais le lendemain. J'ai fait ça pendant plusieurs années pour essayer de me constituer une bankroll. C'est la seule manière de devenir un joueur affuté.

Les WSOP se profilent à l'horizon. Est-ce que c'est dans le 8-Game Players Championship qu'on trouvera le vrai champion ?

Oui, incontestablement. C'est définitivement le tournoi de l'année. Déjà, c'est passé d'un HORSE à un 8-Game. Vous savez, je dis toujours que je suis fier de pouvoir jouer à tous les jeux. Beaucoup de joueurs savent jouer en No-Limit Hold'Em ou en Omaha, mais quand on passe au Stud ou au Triple Draw, il y en a beaucoup moins.

Je pense qu'il est quasi-impossible qu'un joueur arrive à la table finale de ce tournoi sans avoir préalablement joué le Big Game. Il faut être capable d'y jouer pour pouvoir gagner ce tournoi.

Donc en gros on aura que des gros noms, plus quelques riches qui pourront se permettre le buy-in à 50 000 $ de ce tournoi ?

Plus quelques mecs d'Internet qui penseront qu'ils peuvent s'en sortir en ne jouant qu'en Omaha Hi-Lo, Pot-Limit Omaha, No-Limit Hold'Em en oubliant le reste. On ne peut pas vraiment gagner comme ça, mais laissons-les le penser. (rires)

Le HORSE à 50000 n'a pas très bien marché l'année dernière...

Oui, parce qu'ils l'ont tué en empêchant que la finale soit jouée en No-Limit Hold'em. Ensuite ESPN a dit qu'ils ne la filmeraient pas, et là je leur ai dit que s'il faisait ça, on perdrait un tiers des joueurs. Au final, on en a perdu encore plus, j'étais très en colère contre eux, parce que c'est moi qui ai créé ce p......n d'event.

Qui sont ce "ils" ?

Je ne peux pas en parler tant que ça enregistre.

Quel est ton jeu préféré ? Le No Limit Hold'Em ?

"Plus jeune je jouais au poker tout le temps. C'est la seule manière de devenir un joueur affuté."

En réalité, ça ne l'a jamais été. Mon préféré est le 7-Card Stud 8-or-better. Je trouve que j'arrive mieux à déchiffrer les autres joueurs dans cette variante-là, que dans n'importe quelle autre.

Tu vas donc jouer tous les Events de Stud aux WSOP ?

Je vais jouer tous les Events à 10 000 $. Mais lorsqu'il y aura en même temps un de Hold'Em et quoi que ce soit d'autre, en général je choisirai de jouer le "quoi que ce soit d'autre".

Phil Ivey a lancé un prop-bet fou à Howard Lederer pour 5 millions de dollars. Est-ce qu'on peut un jour imaginer un prop-bet entre Ivey et toi pour à propos de qui sera le plus grand vainqueur de l'histoire en termes de gains (les deux hommes sont respectivement 1er et 2ème de ce classement NDLR) ?

Phil Ivey et moi on a déjà un "cross bet" sur chaque tournoi qu'on joue. Celui qui gagne remporte, genre, 200 000 $ de la part de l'autre en plus de ses gains. Pour le pari que vous évoquez, je pense que Phil serait très motivé pour, et il serait largement favori pour le remporter. Je parierais beaucoup d'argent, voire tout ce que j'ai, sur lui.

Phil Hellmuth pense qu'il aura gagné 24 bracelets d'ici la fin de sa vie, et qu'au final ce sera une course entre lui et Ivey.

Je parierais une grosse somme qu'Hellmuth n'atteindra même pas les 15. Les tournois de No-Limit Hold'em à plus de 1000 joueurs sont simplement trop durs à battre. Et Hellmuth n'a jamais rien gagné en dehors du NLHE. Jamais. Ivey va jouer des tournois en Stud à 150 joueurs, et tout éclater. Ce que Phil Hellmuth ne peut pas faire.

Quelles sont les origines de Daniel Negreanu au poker ?

En fait, j'ai toujours été un joueur de cash game et de mixed game. C'était mon gagne-pain. Avant je jouais les tournois pour le prestige, mais c'est grâce au cash game qu'on paye le loyer. Beaucoup de gens pensent que j'ai toujours été un spécialiste des tournois, mais ça n'est pas le cas.

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Daniel Negreanu : « Pointer Phil Ivey du doigt dans l'affaire Full Tilt est absurde »

(26/06/12 - par Matthew Showell)

Pour Daniel Negreanu, Phil Ivey n'est pas responsable des actions de Bitar.

Daniel Negreanu envoie du lourd. Le Kid Poker a du mal à comprendre l'attitude d'une partie du monde du poker envers Phil Ivey. Il réagit aussi sur ses débuts de WSOP décevants.

Cette polémique repose principalement sur le fait qu'Ivey avait préféré déclarer forfait aux WSOP 2011, déclarant alors qu'il était injuste qu'il y prenne part alors que les clients de FTP n'avaient toujours pas été payés.Le problème, c'est qu'aujourd'hui, un an plus tard, l'argent est toujours bloqué chez Full Tilt et qu'Ivey est en train de gagner des centaines de milliers de dollars aux World Series.

Pour Daniel Negreanu cependant, Ivey a été le seul membre de Full Tilt a avoir ainsi fait quelque chose en 2011, et cela ne devrait pas faire de lui la cible des critiques.

Niveau poker, pendant qu'Ivey enchaîne nonchalamment les tables finales, les résultats de Negreanu ne décollent pas et lui-même les estime bien loin de son niveau réel.

Dans cette interview, Negreanu nous parle de sa malchance, de la grosse série d'Ivey, de Full Tilt et de Phil Hellmuth et UB.

PokerListings.com : Un peu plus tôt tu nous as confié être à bout. Que se passe-t-il ?

Daniel Negreanu : Ecoute, ça fait 20 ans que je joue au poker, et je connais la différence entre mal jouer et jouer de malchance. Et ces dernières années aux World Series, j'ai été très malchanceux.

"Je joue au poker depuis 20 ans et je connais la différence entre ne pas avoir de chance et mal jouer."

Et après, t'as les gens qui viennent te dire « Tu m'as vachement déçu », et tout ce que j'ai envie de leur répondre c'est « Et pourquoi t'irais pas te faire f***** ? ».

Qui t'a dit cela ?

Mike Matusow par exemple. Il est venu me voir l'autre jour en me disant ça. Je lui ai répondu : « Pourquoi ? Parce que je ne peux pas gagner avec une paire de 6 contre un mec qui a un 8 et un 5 ? »

Comme je l'ai dit, je sais faire la différence. Beaucoup de gens disent qu'ils sont malchanceux alors qu'en fait c'est juste qu'ils jouent mal. Je sais faire la différence. Ça fait longtemps que je joue et c'est vraiment frustrant de voir que mes résultats sont tellement en-dessous de ce qu'ils devraient être, même si j'ai quand même fait une table finale (dans l'Event 5 NDLR).

Quand tu vois une série comme celle qu'est en train de faire Phil Ivey, comment l'expliques-tu ? Bien évidemment qu'il joue bien, mais est-ce qu'il n'y a pas également une part de chance ?

Le truc avec Phil Ivey, c'est qu'il est à la fois très chanceux, et très malchanceux. C'est une question de timing. Il a de la chance tout le tournoi, et à la fin il se fait avoir.

Il n'a pas encore gagné de bracelet et pourtant il en est passé tellement près. D'habitude quand il arrive si loin, la victoire ne lui échappe pas. Alors oui, la chance entre en jeu, de différentes manières. Souvent, dans les events en Limit, tout est dans le timing. Il faut gagner quand tu vas au tapis, et ces derniers temps mes résultats en all-in sont désespérants.

Est-ce que ta mauvaise série te fait hésiter à t'inscrire au Big One for One Drop ?

Non, non, je vais le jouer. Je vais tous les jouer.

Est-il difficile de rester motivé et positif quand les résultats ne suivent pas ?

Mes mauvais résultats n'entament pas ma motivation, mais par contre mon optimisme en a pris un coup, oui. T'es là en train de jouer un tournoi, tout va bien, et tout d'un coup il t'arrive encore une merde sortie de nulle part. C'est difficile de ne pas se dire : « Quoi ? Encore ? Sérieux ? »

Negreanu pense qu'Ivey est le grand favori pour le Big One for One Drop à 1 million de $.

Du coup, mentalement ça commence à peser, parce qu'on est humains.

(A ce moment-là, Phil Ivey passe à côté de nous en allant à sa caravane. Il en profite pour faire un peu le clown, lève les yeux au ciel et murmure, probablement imitant Daniel en interview).

Phil, je parlais justement de toi et de ta malchance en table finale.

Qui vois-tu gagner le Big One ?

(Il montre Ivey du doigt)

Lui. Ce gars-là. Le black.

En parlant d'Ivey, les avis sont encore très partagés sur sa responsabilité au sein du scandale de Full Tilt. Il n'a pas participé aux WSOP l'année dernière, mais la situation est toujours la même aujourd'hui et il est là. Tu en penses quoi ?

Tu sais ce que je trouve incroyable ? Je trouve ça dingue qu'on s'en prenne au black. Putain, et personne s'occupe d'Erik Seidel et de John Juanda et de Phil Gordon et d'Andy Bloch. Alors que c'est la même chose. Pourquoi tout le monde a tellement envie de s'en prendre à Phil ?

C'est pas comme si on parlait d'Howard Lederer, de Chris Ferguson ou de Ray Bitar. C'est eux les ordures dans l'histoire.

Je comprends pas que les gens accusent Phil mais pas Allen Cunningham par exemple, ça m'échappe.

En plus Ivey est le seul a avoir fait des déclarations quand on y pense. Le seul à avoir fait quoi que ce soit.

Est-ce qu'Ivey n'a pas attiré l'attention vers lui en étant le seul à en parler ?

Peut-être, oui. Mais tous les autres sont restés plantés là sans rien dire et personne ne leur dit rien.

Déjà 5 tables finales pour Ivey dans ces WSOP 2012.

J'ai vraiment du mal à comprendre qu'Ivey soit devenue la tête de turc dans cette histoire.

Est-ce que c'est un peu la même chose en ce qui concerne Phil Hellmuth et ses liens avec UB ? On s'en prend beaucoup à Annie Duke, mais on n'entend pas grand chose sur la participation de Hellmuth.

Je pense que c'est parce que les gens connaissent la vérité. Annie était impliquée dans le côté « business » chez UB, et ça c'est un fait. Elle était au courant de toutes ces histoires. Elle savait que le « God mode » (mode Super-Utilisateur NDLR) existait.

Phil Hellmuth, tout comme Ivey, ne s'occupe que de lui-même. Je dis pas ça péjorativement, ce que je veux dire par là c'est que ce qui les intéresse c'est de jouer au poker, de gagner et de se faire de l'argent.

Phil Ivey n'avait rien à voir avec l'organisation et le fonctionnement de Full Tilt, et c'est pareil pour Hellmuth.

Est-ce qu'ils n'auraient pas quand même une part de responsabilité, dans le sens où ils ont associé leur nom à ces produits ? L'idée de ces partenariats c'est en quelque sorte de « valider » ces sites, montrer que les joueurs les supportent, et Phil Hellmuth a continué à soutenir UB.com après que les scandales ont éclaté.

Oui, je pense qu'ils sont personnellement responsables, je pense qu'il faut bien t'informer et être conscient des partenaires avec lesquels tu t'associes et que tu soutiens. Si par ta faute les gens se retrouvent dans la merde, y'a quelque chose qui ne va pas.

Alors oui, quand Hellmuth a décidé de continuer à travailler avec UB, c'est ce qui s'est passé. Je pense qu'il avait confiance en eux, et il avait tort.

Par contre, en ce qui concerne Full Tilt Poker, je crois que quiconque ayant fait confiance à Lederer, Ferguson et Bitar pour diriger cette boîte est responsable. Les actionnaires auraient dû discuter et se dire : « Hé, si on embauchait un véritable homme d'affaires comme PDG et pas un mec qui dormait sur le canapé de sa grand-mère y'a trois mois et qui se gave de homard avec l'argent des joueurs ? »

Donc c'est en quelque sorte leur faute parce qu'ils ne se sont pas bougés pour régler la situation, c'est pas comme ça que doit fonctionner une entreprise.

Quid des dépôts fantômes ? Beaucoup de joueurs reconnaissent avoir joué avec de l'argent qu'ils n'avaient pas déposé eux-même et que l'on estime aujourd'hui à 130 millions de dollars. Quelle est la responsabilité de ces joueurs ?

Pour Negreanu, les actionnaires de Full Tilt auraient dû le voir venir.

Pour moi, les principaux responsables restent Full Tilt. C'est complètement absurde qu'ils aient laissé faire un truc comme ça.

Au final, ce qu'il s'est passé c'est que Full Tilt voulait se hisser au niveau de PokerStars et qu'ils étaient prêts à tout et n'importe quoi pour y arriver.

Du coup ils ont acceptés certains dépôts et certaines carte de crédit qui ne seraient jamais passés chez PokerStars. Mais ils en avaient rien à faire.

Est-ce qu'il y a du nouveau au niveau de l'acquisition de Full Tilt par PokerStars ? Nous en avions parlé au Grand Final de l'EPT à Monte-Carlo, mais aucune nouvelle depuis.

On entend des trucs par-ci par-là. Perso j'ai mon avis, mais ça reste des suppositions. Je pense qu'il est assez évident qu'il y a eu des discussions, mais apparemment rien de définitif. Je suppose que je serai au courant en même temps que tout le monde.

Mais vous êtes au courant que Nadal a signé chez PokerStars, non ? C'est un sacré signe, ça.

Et puis ça montre bien quel genre de boîte est PokerStars. C'est pas leur premier grand sportif, mais on parle quand même d'un mec qui a 26 ans, qui est au top et qui est sur le devant de la scène.

Et ça, ça met PokerStars au même niveau que ces autres marques qui sponsorisent des sportifs de ce niveau, ça les crédibilise. Sans compter que cela va faire beaucoup pour toucher encore un peu plus le grand public.

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Negreanu : « Ivey et Juanda vont monter au créneau contre Lederer »

(28/09/12 - par Matthew Showell)

Howard Lederer a finalement donné sa version des faits sur l'affaire Full Tilt la semaine dernière dans un long interview vidéo, mais le moins que l'on puisse dire c'est que tout le monde n'est pas convaincu.

Daniel Negreanu, en particulier, trouve beaucoup à redire. Non seulement sur ce que dit Lederer, mais aussi à la façon dont il le dit.

D'après l'interview qu'il nous a accordée par e-mail, Negreanu pense que des joueurs comme Phil Ivey et John Juanda, très mécontents que Lederer les fasse passer pour coupables, ne vont pas tarder à monter au créneau.

En parlant des actions menées par Full Tilt à la suite du Black Friday, Negreanu n'a pas hésité à les qualifier de criminelles et préméditées.

PokerListings.com : Sur la totalité de ses déclarations et d'après ce que tu sais ou ce que d'autres joueurs de chez FTP t'ont dit, crois-tu Lederer et quelle part de vérité y a-t-il dans ce qu'il a déclaré ?

Sur Reddit, un ancien employé haut-placé de FTP a posté quelque chose intitulé : « 30% de vérité, 30% de déni plausible, 30% de mensonge et 10% de conneries ». Ça me paraît pas mal, j'ai moi-même remarqué dans ce qu'il a dit pas mal de mensonges plus gros que lui qui servent uniquement à lui donner le beau rôle tout en incriminant tout le monde.

Daniel Negreanu, le Kid Poker : Portrait et interviews

En ce qui concerne plus particulièrement ses accusations à l'encontre de Juanda, Ivey et Lindgren, à quel point ce que dit Lederer correspond-il à ce que tu sais et à tes relations avec ces joueurs ?

Negreanu a parlé à Ivey, et Ivey n'est pas content.

Déjà, j'ai vraiment hâte que d'autres joueurs se fassent entendre pour qu'on connaisse la vérité. Juanda a extrêmement mal pris ce qu'a déclaré Lederer sur lui, et il a totalement raison.

J'ai parlé avec Ivey, je pense vraiment qu'il ne va pas tarder à s'exprimer parce que lui aussi est loin d'être content des mensonges que Lederer propage. Quand ils entendront la version de Phil Ivey, je suis sûr que les gens comprendront très vite qu'il n'a rien fait de mal.

Il ne voulait prendre part à aucune des activités criminelles préparées par Howard, Chris et Ray. Et d'autres joueurs corroboreront sa version des faits. Quant à Erick, on ne peut pas cautionner ce qu'il a fait. Tout ce qu'on sait pour l'instant, c'est qu'il a un problème d'addiction aux jeux et que ça lui a fait faire de grosses bêtises.

Howard a profité de cette interview pour essayer de détourner l'attention, mais le fait est que c'était bien LUI le patron de FTP et le patron de Ray Bitar. C'est lui et Chris qui ont mis Bitar à ce poste. C'est pas des prêts aux joueurs qui ont détruit cette boîte, c'est les décisions prises par Ray, Chris et lui. C'est aussi simple que ça.

Apparemment, Lederer essaye d'expliquer qu'il n'était aucunement au courant des difficultés financières de FTP avant le Black Friday, que depuis, sa seule préoccupation est de « dédommager les clients » et que certains actionnaires de FTP font tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. Penses-tu qu'il croie vraiment ce qu'il dit ?

En tout cas il nous a bien fait comprendre qu'il ne savait pas grand chose, ce qui est assez bizarre de la part d'un président. S'il ne savait vraiment rien de tout ça, il n'en est pas moins coupable, ce sont des choses qu'un président ne doit pas laisser passer.

Je ne suis pas sûr de ce qu'il croit vraiment. Je pense qu'il est assez arrogant pour vraiment penser que rien n'est sa faute, mais j'ai vraiment du mal à croire qu'il n'ait pas été du tout au courant des problèmes financiers de Full Tilt avant le Black Friday.

D'après toi, Howard Lederer et Chris Ferguson ont-ils commis un crime ?

Pour Negreanu, les vrais crimes ont été commis après le Black Friday.

Oui, et Howard le reconnaît dans l'interview. Pour moi, le vrai crime, c'est ce qui s'est passé après le Black Friday. L'entreprise était complètement à sec, et pourtant ils continuaient à envoyer des communiqués de presse disant que l'argent des joueurs était intact et en sécurité.

Et y'a même pire que ça, puisqu'ils ont continué à accepter les dépôts de joueurs non-américains tout en sachant que l'entreprise était insolvable. Le fait que l'entreprise était à l'origine totalement en règle n'a plus rien à faire dans l'histoire. Parce qu'après le BF, la meilleure façon de décrire ce qu'ils faisaient, c'est une chaîne de Ponzi. Ils comptaient sur l'argent déposé par les joueurs non-américains pour rembourser ce qu'ils devaient aux joueurs américains.

Et ça il le reconnaît dans l'interview. Au lieu d'agir correctement, d'entamer une procédure de faillite, ou au moins de fermer le site pour quelque temps, ils ont continué à arnaquer les joueurs en acceptant les dépôts. L'AGCC n'a rien dit, alors il s'est dit qu'il n'y avait pas de souci. C'est de la fraude. C'est un crime, et c'était planifié.

Lederer a laissé entendre qu'il envisageait de recommencer à jouer au poker. Mérite-t-il de pouvoir faire son retour dans le monde du poker ?

Ça m'embête de l'admettre, mais le monde du poker en général ne s'est jamais montré très rancunier dans ces cas-là.

Avec sa sœur par exemple, Annie Duke. Elle est mouillée non pas dans un, mais deux scandales avec UB et Epic Poker. Pourtant elle se pointe aux WSOP comme si de rien n'était. Est-ce que les joueurs d'UB ont tous été remboursés ? Non, mais ça ne l'empêche pas de se montrer.

Je doute que l'accueil réservé à Howard soit très chaleureux, mais son interview aura probablement convaincu quelques personnes qu'il n'est pas l'escroc qu'il reconnaît d'ailleurs être, mais le sauveur incompris.

Il aura le droit de participer à des tournois et personne ne lui sautera dessus, alors s'il veut jouer, il jouera. Je doute qu'il soit de retour aussi rapidement qu'il le pense, ceci dit, étant donné qu'il a fait cette interview avant que la justice américaine ne lui tombe à nouveau dessus le 10 septembre.

Je voulais terminer avec une dernière petite chose. Il a dit qu'il « devait son silence aux joueurs », et j'ai trouvé ça complètement absurde. Personne ne lui a demandé de donner des détails sur des accords suite au BF, ou de promettre que les joueurs seraient remboursés. Mais un simple « je suis vraiment désolé pour les joueurs qui n'ont pas encore été remboursés, et bien que rien ne soit certain, je peux vous assurer que FTP fera tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les joueurs soient remboursés » aurait fait l'affaire.

Pourquoi il n'a pas dit un truc comme ça ? Il n'a aucune excuse. C'est un comportement honteux.

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Daniel Negreanu : « Le poker doit se jouer dans une bonne ambiance »

(14/10/13 - par Dirk Oetzmann)

Daniel Negreanu n'a jamais sa langue dans sa poche. Rencontré à Londres, il nous parle des sujets chauds du moment, dont certains auxquels il n'est pas étranger.Daniel, récemment, tu sembles avoir un peu de mal à accepter certaines règles du poker, notamment en ce qui concerne ce dont on peut ou ne peut pas parler à la table de poker. Qu'est-ce qu'il se passe au juste ?

Le problème c'est que la TDA (Association des Directeurs de Tournois) a des idées bien arrêtées là-dessus et qu'ils ont tort. Ils ont tort de raisonner comme cela et ils ont tort de penser que c'est une bonne chose pour le poker.

Ces règles mettent les joueurs mal à l'aise. Le fait est qu'ils ont sorti cette règle de nulle part et qu'ils ne savent même pas comment l'appliquer.

En plus, les règles sont tellement ambiguës que ni les joueurs, ni les gens qui les ont créées ne savent ce qui est autorisé ou pas. Résultat, les joueurs flippent.

L'ambiance importe beaucoup pour Daniel.

Comment peut-on résoudre cette situation problématique ?

Aux WSOP, ils ont trouvé une solution : ils ont décidé de laisser aux joueurs la liberté de parler comme ils le veulent.

Le problème de la TDA, c'est qu'ils veulent faire du poker quelque chose de plus sérieux. Ils ont tout faux, le poker doit se jouer dans une bonne ambiance.

C'est tout juste s'ils ne te disent pas : « Assis-toi, ferme ta gueule, joue au poker, vire ton téléphone, mets tes jetons ici et surtout ne parle à personne ! »

Moi, ce que je dis, c'est « Tranquille, mec ! ». Où est passée cette bonne ambiance qu'il y avait autrefois ?

Est-ce qu'ils sont en train de tuer le « table talk » ?

Honnêtement, moi qui parle beaucoup à table et qui ai beaucoup d'expérience, je ne sais même plus ce que j'ai le droit de dire ou pas. Alors qu'est-ce que ça doit être pour les joueurs moins expérimentés !

Pour moi, ces règles rendent le poker moins intéressant, moins amusant et donne moins envie de jouer.

Récemment, on a vu Shaun Deeb slowroller Mike Matusow à la télé. Est-ce que tu penses qu'on peut slowroller avec humour ?

Le slowroll est quand même rarement bienvenu, sauf peut-être si tu joues avec un ami avec qui tu as l'habitude de faire ce genre de chose.

Le problème, c'est que dans le cas de Shaun, c'était à un moment crucial de la partie, il y avait beaucoup d'argent sur le tapis et quelqu'un allait le perdre.

Donc honnêtement, je trouve que ce n'était pas très classe de sa part. Je sais que ça ne partait pas d'une mauvaise intention, mais malheureusement pour Shaun, ce n'était pas une très bonne blague.

Est-ce que c'est quelque chose d'exceptionnel ou est-ce que Shaun Deeb est le genre de joueur à faire ça ?

Un peu des deux. Disons qu'il connaît très bien les règles et sait en jouer.

La star du poker numéro 1 ?

Il m'a fait le coup une fois. Il jouait avec les règles tout en m'accusant de le faire. C'est tout ce que j'ai à dire sur lui.

Qui sont tes favoris pour le Hall of Fame ?

John Duthie et Bruno Fitoussi.

Qui ne sont...

...même pas nommés, je sais. Les nominations au Hall of Fame ont tendance à être beaucoup trop américano-américaines, si vous voulez mon avis.

Ils ne prennent pas suffisamment en compte l'explosion du poker en Europe, alors qu'il y a maintenant plus de poker en Europe qu'aux États-Unis.

John Duthie a carrément inventé l'EPT, et Bruno Fitoussi est à l'origine du boom du poker en France. C'est grâce à lui que le poker est devenu tellement populaire en France que des Américains allaient y jouer, et il mérite d'être reconnu pour ça. Comme Duthie.

Quand on parle de développement du poker et de l'importance qu'il a pris en Europe, je ne comprends pas qu'on puisse oublier ces deux-là dans la liste.

Andre Akkari a récemment parlé sur son blog du racisme dans le poker et du fait qu'il y a très peu de joueurs de couleur. Ceci dit, Phil Ivey est noir, et il est probablement le meilleur. Est-ce que le poker est raciste ?

Pas du tout ! S'il y a bien une chose qu'on peut dire sur le poker, c'est que c'est un jeu ouvert à tout le monde. Le poker est un niveleur.

Negreanu fan de Bruno Fitoussi.

Que tu sois gros, petit, grand, noir, blanc, homo ou hétéro, on est tous les mêmes à la table de poker.

Si tu as le talent, tu réussiras. C'est comme quand on demande pourquoi il y a si peu de femmes qui jouent au poker.

Pourquoi il y a si peu de femmes qui jouent au poker ?

C'est une question d'état d'esprit : en général les hommes aiment faire du sport et les femmes préfèrent acheter des chaussures (sic).

Y'en a pas un qui est mieux que l'autre, c'est juste que les hommes et les femmes sont faits différemment.

Un jour, Doyle Brunson a dit : « Tous les joueurs de poker se retrouvent sur la paille à un moment ou à un autre. » Tu es d'accord ?

Je pense que c'était vrai avant Internet. Quand j'étais jeune, ça m'est arrivé une bonne vingtaine de fois.

D'après Wikipedia, ça t'est arrivé à Vegas quand tu avais 22 ans et tu as dû retourné à Toronto.

Oui, mais ça m'est aussi arrivé plusieurs fois avant et après ça. Et effectivement, à l'époque de Brunson, je veux bien croire que ça arrivait à tout le monde.

Mais maintenant, grâce à Internet, les joueurs n'ont plus besoin de prendre autant de risques. Les jeunes joueurs sont trop intelligents pour ça.

Ils commencent à jouer, gagnent un peu d'argent, grindent à vingt tables à la fois, investissent l'argent gagné, augmentent leurs mises, et si les choses se passent mal, ils redescendent simplement d'un niveau.

À l'époque, oui, on était un peu obligés de se retrouver sur la paille à un moment ou à un autre. Il fallait avoir le courage de tout miser, et parfois ça ne marchait pas.

Est-ce que les joueurs perdaient vraiment toute leur bankroll en une soirée ?

Oui. C'est perdre toute sa bankroll et demander aux gens de te prêter 500 ou 25 000 dollars pour pouvoir reprendre la partie.

On a vu le poker évoluer du Hold'Em à l'Omaha, puis au 2-7, puis au FL Omaha Hi-Lo. Et après ?

Moi j'ai toujours apprécié le 8-Game. Online, je ne joue pratiquement qu'à ça. C'est beaucoup plus intéressant que le Hold'Em.

Bientôt un 7ème bracelet lors des WSOP Europe ?

D'ailleurs, si on y réfléchit bien, avant le poker boom tout le monde jouait aux mixed games, en limit.

Et puis le No-Limit est arrivé et est devenu très populaire. Je pense que le Hold'Em restera le plus populaire parce que c'est de loin la variante la plus télégénique.

Mais les joueurs finissent toujours par s'intéresser aux autres variantes et en apprécient certaines, donc les mixed games vont aussi devenir plus courants.

Tu as terminé deuxième de plusieurs High Rollers récemment, bien qu'ayant à chaque fois été plus ou moins largement chipleader. Avec le recul, est-ce que tu considères ces deuxièmes places comme des bonnes performances ou des titres perdus ?

Des titres perdus. J'ai aussi terminé deuxième de plusieurs events aux WSOP, et c'est très frustrant.

Au début de ma carrière, j'ai gagné les huit premières tables finales auxquelles j'ai participé, donc j'imagine que je paye pour la chance que j'ai eue à cette époque-là.

Est-ce que tu as déjà pu voir le film « Runner, Runner » (« Players » en France) ?

Non, on m'a dit que ce n'était pas vraiment sur le poker et les critiques ne sont pas très bonnes.

Souvent, les films de poker sont trop centrés sur le poker. Si je devais produire un film de poker, je me concentrerais plutôt sur les personnages. Je ne montrerais même pas les mains.

Quel est ton film de poker préféré ?

« Les Joueurs ». C'est un bon film parce qu'il y a un vrai scénario, tout ne repose pas sur les mains. Les personnages sont intéressants et les acteurs sont très bons. J'aime vraiment ce film.

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Questions-Réponses avec Daniel Negreanu

(29/10/13 - par Arthur Crowson)

Daniel Negreanu et son 6ème bracelet.

Difficile d'imaginer que Daniel Negreanu ne vit pas en ce moment les meilleurs moments de sa carrière. Le champion canadien nous parle entre autres de son incroyable performance aux WSOPE 2013, et de ses plans pour le futur.

Le Canadien vient tout juste de remporter le High Roller des WSOPE 2013 pour 725 000€ de gains, s'assurant du même coup le titre de Joueur de l'Année et son sixième bracelet, le tout devant un public déchaîné.

Une véritable consécration pour le joueur Canadien sur le circuit depuis presque 20 ans.

Alors et maintenant ? Quoi de beau au programme du KidPoker ?Negreanu a gracieusement accepté de répondre aux nombreuses sollicitations de la presse après sa victoire, et voici ce qu'il a pu nous dire.

Daniel, tu viens de remporter ton sixième bracelet et le titre de Joueur de l'Année dans la même journée, c'est impressionnant. Lequel des deux est le plus important pour toi ?

Un Kid Poker content.

Ouh là... Pour être honnête, je dois avouer que ce titre de Joueur de l'Année est très important pour moi. Chaque année, c'est mon objectif. Je sais que je gagnerai des bracelets et je suis extrêmement heureux d'en compter 6 aujourd'hui. Cela me remet dans la course au classement des meilleurs joueurs de l'histoire.

Mais être désigné Joueur de l'Année deux fois ? Pour moi, ça confirme mon statut et ma qualité en tant que joueur, alors qu'à une certaine période je doutais beaucoup de moi-même. Je me disais : « peut-être que les jeunes joueurs sont bien meilleurs que moi et que je n'arriverai jamais à gagner à nouveau. »

Quand j'ai retrouvé de la confiance en moi et en mon jeu, la roue a tourné.

Je me suis prouvé à moi-même que j'en étais capable. Honnêtement, je suis plus sévère envers moi-même que n'importe quel commentaire que vous pouvez lire sur les forums. Quand je ne gagne pas, je ne me pardonne rien.

Tu as récemment déclaré vouloir voyager un peu moins. Est-ce que tu penses vraiment être prêt à laisser tout cela de côté ?

Oh, je suis et resterai toujours un joueur de poker. Le poker fera toujours partie de ma vie. Et puis heureusement pour moi, les WSOP sont à Vegas, où je vis actuellement.

Mais effectivement, j'ai accompli tellement de choses au poker et j'ai aussi compris que la clé d'une vie heureuse était de trouver le bon équilibre. Ne serait-ce qu'à l'occasion de ce voyage en Europe, j'ai eu la chance d'avoir un ami avec moi pour faire un peu de tourisme.

Quand j'avais la vingtaine, je ne m'occupais que de mon jogging, du poker et de moi. J'étais toujours sur la route.

Maintenant je veux vraiment vivre ma vie et profiter de mes voyages. Si je continue à parcourir le monde pour jouer au poker, je vais commencer à prolonger mes séjours pour faire le touriste.

D'ailleurs, est-ce que c'était sympa d'avoir quelques supporters ici avec toi ?

Daniel et son amie Laura.

Honnêtement, je n'ai vraiment pas l'habitude d'avoir des supporters sur place, contrairement à certains joueurs. D'habitude, quand je gagne, je suis tout seul. C'était incroyable d'avoir mes amis avec moi aussi. Ça aussi c'est une nouveauté, j'ai beaucoup plus d'amis qu'avant.

Ces dix dernières années, j'ai eu tendance à m'isoler un peu. J'avais juste un petit groupe de gens qui travaillaient avec moi.

Maintenant, c'est très important pour moi d'avoir un groupe d'amis qui m'aiment pour ce que je suis.

C'était toi qui avais le moins de jetons au début de cette table finale très relevée. À quel moment t'es-tu dit que tu pouvais gagner le tournoi ?

J'ai toujours pensé que j'allais gagner. Pendant le Main Event des WSOPE, j'ai fait tout le tournoi en ayant à peine 10 ou 15 blindes. Je me suis battu tout le long du tournoi, je ne voulais pas sortir.

J'ai fini par me faire sortir de ce tournoi, mais je savais que j'aurai une autre chance. Une fois que j'ai réussi à doubler mes jetons et que j'ai eu une vingtaine de BB, j'ai su que j'étais bien parti.

Et quand j'ai encore doublé, j'ai su que j'avais mes chances pour la victoire. Et quand j'ai eu un million de jetons, j'ai compris que c'était vraiment sérieux.

Peux-tu nous parler un peu de la composition de cette table finale ?

Un "double-up", ça fait toujours du bien.

Quand je compare le poker de 2004 et celui d'aujourd'hui, l'une des plus grandes différences c'est qu'aujourd'hui les choses deviennent très très compliquées dès lors qu'il reste deux tables.

Avant, je pouvais arriver tranquillement jusqu'à la table finale. Mais pas avec les 16 joueurs qu'il y avait cette fois-ci : Phil Ivey, Jason Mercier et tous les autres.

Les joueurs font tellement peu d'erreurs en tournoi aujourd'hui... Il faut savoir prendre avantage de la moindre occasion.

Ces joueurs sont tous des spécialistes des high-rollers et ils sont très bons.

Est-ce que ton objectif était d'atteindre la table finale pour être sûr d'avoir le titre de Joueur de l'Année ?

Non. Mon objectif est toujours la victoire finale, mais c'était effectivement un premier pas vers celle-ci.J'ai dit en rigolant qu'une fois que je serais en table finale, j'en profiterais pour gagner le bracelet, mais finalement c'est bien ce qu'il s'est passé.

Tu es le premier joueur à remporter la « Triple Crown » des WSOP et tu as beaucoup insisté sur l'importance de globaliser la marque. Peux-tu nous expliquer un peu ce que tu veux dire par là ?

Beaucoup de gens dans le monde du poker se demandent si les World Series of Poker doivent se dérouler en dehors des États-Unis. J'aime à leur rappeler qu'il s'agit effectivement des WORLD Series of Poker.

Pour moi, c'est une question de respect envers le reste du monde. Cela permet à certains joueurs de jouer « à domicile ». Par exemple, il y avait beaucoup plus de joueurs français ici qu'aux WSOP à Vegas. Je pense que c'est quelque chose d'important et je supporte cette initiative des WSOP à 100%.

Chacune des versions des WSOP respecte la valeur des bracelets, et c'est pour ça qu'on y retrouve des joueurs comme Phil Hellmuth ou Phil Ivey. Le bracelet reste le bracelet.

Le Daniel Negreanu "old school".

Peux-tu comparer ton titre de Joueur de l'Année à celui que tu as remporté en 2004 ?

C'était une autre époque. En 2004, j'avais mis au point une stratégie qui était en avance sur son temps et qui me rendait les choses faciles.

Aujourd'hui, la majorité des joueurs jouent en « Small Ball ».

Mais en 2004, les joueurs faisaient des relances de quatre fois la blind. Moi je relançais de 2,5 et on se moquait de moi. Sauf que je gagnais et que les gens ont fini par s'en rendre compte.

Personnellement, ce deuxième titre représente beaucoup plus pour moi. Il a été beaucoup plus difficile à obtenir. Je suis allé en Australie, j'ai beaucoup grindé à Vegas et je suis venu ici pour gagner le tout dernier tournoi. J'adore les rebondissements !

C'était comme arrivé au début de dernier inning d'un match de base-ball avec du monde à toutes les bases. J'adore ça.

Ça me rappelle 2004, quand j'ai dû remporter le tout dernier tournoi de la saison pour être sûr d'arracher le titre de Joueur de l'Année. Il faut croire que j'aime le suspense.

Un sixième bracelet, un titre de meilleur joueur des WSOP et une bonne avance dans tous les classements qui existent. Est-ce que le fait que tu aies annoncé tout ça dès le début de l'année rend tout ça encore un peu plus savoureux ?

Oui, entre autres. On s'en est beaucoup pris à moi pour ma participation au Choice Center, qui pour moi a été une expérience extraordinaire. Je préfère laisser mes résultats parler pour moi.

Et à part ça, le plus savoureux de tout ça, c'est de prouver qu'on n'a pas besoin de faire de 3-bet pour gagner : mon pourcentage de 3-bet est de 0,0003% et je m'en tire très bien.

J'ai dit en rigolant qu'on ne voyait plus personne faire de 5-bet ou de 6-bet, mais en fait, pour bien jouer au poker, il faut savoir jouer le flop. Si tu ne sais pas jouer le flop correctement, tu ne pourras jamais être régulier et tenir sur la durée.

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Daniel Negreanu joueur de la décennie

(07/01/14)

Quelle année pour Daniel Negreanu ! Le pro de la team PokerStars a conclu en beauté une année 2013 déjà exceptionnelle, en remportant le trophée de « Joueur de la Décennie » décerné par le Global Poker Index.

Le GPI aura égrainé la liste des 9 "meilleurs joueurs de l'ère moderne", dont l'on considère le début au moment où Chris Moneymaker a remporté le Main Event des WSOP en 2003.

20 millions de dollars en gains, deux fois joueur de l'année des WSOP... : Difficile de trouver quelque chose à redire au succès de Daniel Negreanu ces dix dernières années.

La grande majorité des 20 millions de dollars qu'il a remportés sur le circuit live l'ont justement été ces dix dernières années, ainsi que cinq de ses six bracelets WSOP.

Sans compter que Negreanu est également le seul joueur à avoir été désigné deux fois joueur de l'année des WSOP, ainsi que joueur de l'année du WPT en 2004.

Le « Top 9 » inclut des joueurs tels que Phil Ivey, John Juanda, un Français, Bertrand « ElkY » Grospellier, et Michael Mizrachi.

La seule vraie surprise du classement est probablement la présence de Shannon Shorr, certes bien connu mais loin d'être un aussi grand nom que ceux avec qui il partage le classement. Shorr a cependant explosé dans le monde du poker en 2006 avec une année exceptionnelle, et a été très régulier depuis.

La liste a été établie selon les critères habituels de GPI (Global Poker Index), à l'exception du facteur « durée » sur les trois dernières années. Retrouvez ci-dessous le classement complet :

1. Daniel Negreanu – 7 377 points2. Erik Seidel – 6 953 points3. Michael Mizrachi – 6 553 points4. Barry Greenstein – 6 457 points5. John Juanda – 6 261 points6. Bertrand “ElkY” Grospellier – 5 778 points7. Shannon Shorr – 5 578 points8. J.C. Tran – 5 569 points9. Phil Ivey – 5 422 points

Le "palmarès" de Negreanu en détails, année par année :(Note importante : ces résultats ne prennent en compte que les évènements comptant pour le GPI)

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Daniel Negreanu lance l'idée de Jeux Olympiques du Poker

(19/02/14 - par Fred Guillemot)

En pleines olympiades d'hiver de Sotchi, c'est là l'une des nombreuses idées de Daniel Negreanu pour apporter de la nouveauté à la planète poker.

Jamais avare à donner son avis dans les médias et toujours en quête d'idées pour faire avancer le poker, le Canadien a même dévoilé les contours d'un tel projet (encore bien loin d'aboutir) sur le forum de Full Tilt Poker.

Negreanu verrait ainsi un évènement sur 4 jours, avec 6 équipes de 6 joueurs représentant chacune un pays. La compétition proposerait un buy-in de 50.000$ (soit 300.000$ par équipe), pour un prizepool total de 1,8 million de dollars.

Le jeu se déroulerait selon plusieurs manches, tout d'abord avec un tour préliminaire à une table et 6 joueurs (un sit-and-go 6-handed), avec chaque joueur d'une équipe disputant un niveau de jeu (niveau de blindes), à tour de rôle.Ensuite, à la fin des 6 niveaux (ou manches donc), un nouveau tournoi débuterait, avec les équipes démarrant avec leur tapis jusque là acquis.Si les joueurs auraient dans l'obligation de disputer chacun au moins un niveau au cours des six premiers, chaque équipe pourrait ensuite désigner qui elle veut, avec pour seule obligation de ne pas retrouver le même joueur disputant deux niveaux consécutifs.

L'équipe remportant ces "olympiades" remporterait donc la médaille d'or, et 250.000$, l'équipe deuxième 165.000$, et l'équipe en bronze 125.000$.

La Caesars Cup avait déjà posé les bases d'une compétition par pays.

Visiblement excité par un tel projet, Daniel a même déjà avancé des compositions d'équipes auxquelles il penserait en partie selon le classement GPI :

Canada : Daniel Negreanu - Mike McDonald - Sorel Mizzi - Jonathan Duhamel - Mike Watson - Timothy AdamsUSA : Dan Smith - Jason Mercier - Vanessa Selbst - Ravi Raghavan - Paul Volpe - Bryn KenneyRussie : Alex Bilokur - Konstantin Puchkov - Yury Gulyy - Alexej Lahkov - Igor Kurganov - Dmitry VitkindFrance : Roger Hairabedian - ElkY - Erwann Pecheux - Philippe Ktorza - Ludovic Lacay - Benjamin PollakRoyaume-Uni : Stephen Chidwick - David Vamplew - Toby Lewis - Max Silver - Zimnan Ziyard - Tamer KamelAllemagne : Ole Shemion - Marvin Rettenmaier - Philipp Gruissem(non pas que seuls trois joueurs allemands pourraient être trouvés pour participer, mais Negreanu a simplement oublié d'en nommer d'autres)

Pour l'anecdote, Negreanu avait déjà eu une telle inspiration en tête sur Internet... il y a quelques 10 ans. A l'époque, on retrouvait également le Costa Rica dans sa liste de pays.

Une difficile association

Le résultat final pourrait quelque part ressembler (sous une forme donc un peu différente) au challenge de heads-up entre pros Full Tilt Poker et PokerStars disputé l'an dernier lors de l'EPT de Londres, ou à la traditionnelle Caesars Cup des WSOP par équipe. Bien que fermés, on notera que ces évènements n'impliquaient pas d'argent.

Parmi les écueils que pourrait rencontrer ce nouveau projet, on objectera qu'avec un tel droit d'entrée la compétition serait à nouveau réservée à une élite. Et si l'on y ajoute le simple fait de mettre de l'argent en jeu, on est là bien loin de l'esprit olympique cher à Pierre de Coubertin, où le maître mot reste la beauté du sport, accessible à tous, y compris les amateurs.

Daniel Negreanu n'est jamais à court d'idées.

Quant à une éventuelle intégration future du poker aux J.O., il ne pourrait en être de toute façon question, ceux-ci se excluant encore les jeux d'esprit (mindsports), tels que les échecs ou le bridge. Bien que reconnue par le Comité Olympique, l'IMSA (International Mind Sports Association) ne peut en effet encore y espérer voir ses disciplines.

Mais le Canadien n'en serait de toute façon pas partisan. Lui et plusieurs autres pros interrogés à ce sujet en 2010 par ESPN (Greenstein, Raymer, Lederer, Sexton) s'accordaient à dire que le poker ne devrait pas figurer aux Jeux, n'étant pas un sport à proprement parler, sans dimension athlétique, sans oublier la part de chance toujours présente.(Esfandiari, Bloch, Gavin Smith ou encore Nolan Dalla étaient eux plutôt pour).

Reste que l'idée pourrait toujours faire son chemin sans forcément l'associer aux vrais Jeux Olympiques.

Daniel Negreanu cherche avant tout à insuffler de la nouveauté voire un nouvel élan dans le monde du poker, toujours à la recherche d'idées notamment pour faire mentir ceux qui l'annoncent en déclin (tels que Joe Hachem récemment), et bien sûr attirer de nouveaux joueurs.

Pour celà, le "KidPoker" souhaite faire passer "le fun en premier, et l'aspect compétition en second."

Il déclarait en outre également cette semaine sur le forum anglophone 2+2 : "Ma vision pour un monde du poker qui marche serait un monde où les professionnels auraient le but commun de s'assurer que nous ne ferions pas que prendre, mais aussi donner, pour le meilleur. (...) Un monde où les joueurs penseraient aussi à ce qui serait bon pour les autres, en comprenant que cela leur serait aussi profitable à l'arrivée."

> A lire aussi sur le même sujet : J.O. d'Hiver de Sotchi, le Top 10 des athlètes des Jeux qui jouent au poker

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Daniel Negreanu : « Pour moi la situation en Israël est très claire »

(15/09/14 - par Dirk Oetzmann)

Ne rien dire, ne rien faire, n'être personne. C'est tout le contraire de Daniel Negreanu, qui n'hésite pas à donner son avis sur tout ce qu'on peut lui demander, y compris les sujets sensibles comme la politique.

Comme nous avons pu apprendre à le connaître au cours de cette dernière décennie à le suivre d'un coin à l'autre du globe, Negreanu n'est pas du genre à se défiler pour donner son avis, qu'il s'agisse de poker ou du monde à plus grande échelle.

A t-il toujours raison ? Cela dépend bien sûr de votre perspective. Mais une chose est sûre, l'homme est toujours autant passionné et engagé envers le monde et les personnes qui l'entourent.Que pourrait-on attendre de moins cependant de l'un des plus grands porte-drapeau du jeu de poker, d'ailleurs tout fraîchement nominé pour une introduction au Hall of Fame ?

PokerListings a rencontré le Canadien à Barcelone, et a pu parler avec lui notamment de poker et de politique, et des investissements que font les joueurs avec leur argent, sans oublier la charité.

Note : Les opinions exprimées ici sont celles de Daniel Negreanu et ne représentent ni ne reflètent celles de l'équipe éditoriale de PokerListings. Tout commentaire ne respectant pas la charte (incitant à la haine, etc.) sera supprimé.

Des tee-shirts ne sont peut-être pas la meilleure façon de parler politique selon Negreanu.

Tes récents commentaires sur le conflit à Gaza ont fait naître la controverse et déclenché des débats sur les forums.

Je respecte l'opinion de tout le monde et leur droit de parler, et ça n'a aucune importance si je suis d'accord avec eux ou non.

En général je pousse d'ailleurs les gens à faire entendre leur opinion, quelles qu'en soient les conséquences. L'une de mes citations favorites est d'ailleurs : "Pour éviter la critique, ne dites rien, ne faites rien, ne soyez personne."Mais je ne suis pas comme ça.

Cependant si je vois quelqu'un avec un tee-shirt "Libérez la Palestine", je me demande ce que ça veut dire.

Il n'y a pas de pays appelé Palestine, alors qu'est-ce que vous demandez exactement et pour quoi appelez-vous à la liberté ? C'est un peu ironique pour moi.

Est-ce qu'un tee-shirt est un bon moyen de faire valoir une opinion ?

Une chose que vous réussissez est surtout d'énerver les gens. Si le but est d'en éduquer d'autres, je ne pense pas que ça fonctionne. Vous n'alllez pas faire changer les gens d'avis ou les faire penser différemment.

Je trouve que porter un tel tee-shirt c'est... un peu "too much". Je ne le ferais pas.

Est-ce qu'un slogan tel que "Sauvez Gaza" sur le tee-shirt d'Olivier Busquet est trop simple ?

"Je sais que si je prends position quelqu'un va me détester."

Dans le fond, c'est très bien. Bien sûr, sauvons Gaza. Sauvons le monde. Super.

Mais qu'est-ce que cela signifie au juste ? Est-ce que vous voulez dire qu'Israël devrait arrêter de se défendre et laisser le Hamas rayer toute la population juive de la carte ?

Est-ce que c'est ça que veut dire "sauvez Gaza" pour vous ? Ou est-ce que nous parlons de mettre en place une solution pacifique ?

Nous trouvons difficile de définir qui "a raison" et qui "a tort" dans ce conflit.

Moi je trouve que c'est très simple. Un camp veut l'autre complètement éradiqué de la surface de la Terre. 500 millions de gens veulent 5 autres millions morts.

C'est un charter du Hamas pour tuer les juifs et puis tout le monde. Leur but est d'anéantir quiconque ne soit pas musulman. Ils ont rendu leurs objectifs très clairs.

Et Israël voit des kamikazes arriver. Pour moi la situation est très claire. Facile à expliquer, mais apparemment pas facile à résoudre.

Ce que je vois est que si le Hamas rend les armes, il n'y aura plus de guerre. Si Israël rend les armes, il n'y aura plus d'Israël.

Quand j'entends à propos du nombre de morts, et qu'Israël a tué plus de gens, je dis : "ne pensez-vous pas que si le Hamas pouvait en tuer plus ils ne le feraient pas ?"

"La question pour les joueurs de poker est de savoir comment rendre le monde différent."

Si je ne suis pas d'accord avec quelqu'un, ce n'est pas pour ça que je vais le haïr en raison de son opinion différente. Mais imaginer que je veut voir des bébés et des enfants assassinés, bien sûr que je ne le veux pas, personne ne veut ça.

La question est, quelle est la source de ça, de ces tueries, pourquoi voit-on cela ?

Est-ce que je pense que c'est le but d'Israël de tuer des bébés et des enfants ? Pas du tout. Est-ce que je crois que le Hamas glorifient ces morts et les utilisent pour obtenir de l'empathie ? Absolument.

Est-ce que les joueurs de poker devraient s'engager en politique et donner leurs opinions en public ?

Je pense que les gens devraient avoir une opinion et je suis toujours heureux de discuter avec les gens qui ne sont pas d'accord avec moi.

Je suis conscient que si je prends position il y aura quelqu'un qui va me détester, et c'est ce qu'il se passe. Pourtant si je ne suis pas d'accord avec vous, je ne vais pas vous haïr pour autant.

Je comprends ce que Michael Jordan a voulu dire quand on lui a demandé pourquoi il ne prenait pas plus position politiquement en public, en répondant "parce que les Républicains achètent aussi des chaussures."C'est une façon de voir les choses, mais je les vois différemment.

Parlons à présent d'un sujet un peu plus joyeux. Il y a environ un an, ce n'était pas encore très "tendance" de s'engager pour des oeuvres caritatives comme le disait Phillip Gruissem. Aujourd'hui tout le monde semble en parler dans le monde du poker.

Oui et j'aime l'idée de ses initiatives aussi. La question pour les joueurs de poker est : "qu'apportez-vous à la planète ?"

Au poker vous prenez l'argent des autres pour vivre, mais ce n'est pas tant affaire de combien vous gagnez, mais de ce que vous en faites.

A 40 ans, Daniel Negreanu reste à la fois toujours aussi jeune et engagé.

Pour moi si vous voulez avoir une vie équilibrée, vous devez aider les autres.

Quelle serait une bonne idée d'investissement pour les joueurs de poker selon toi ?

A vrai dire je ne suis pas un expert financier. Mais j'aime quand les gens investissement dans le domaine de leurs passions. Tout le monde peut changer les choses.

Tu dois cependant t'assurer d'être en phase avec tes passions et des croyances.Mais quand je vois quelqu'un comme Daniel Colman qui ne veut pas promouvoir un jeu tel que le poker, mais qu'en même temps il y gagne de l'argent, je pense que c'est un manque d'intégrité.

Je veux dire, où tu te situes dans ce cas-là ? Tu ne peux pas être pour et contre le jeu en même temps.

Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne veux pas du tout paraître condescendant. Ce que je veux dire est que les gens et leurs attitudes changent au fil du temps.

Est-ce qu'il y a une forme de honte dans ce qu'il dit ? Est-ce que le poker est essentiellement anti-social ?

Je sais qu'il a une vision utopique de comment la société devrait être, comment les individus et les accomplissements personnels devraient être célébrés. Et donc il a une vision abstraite du monde.

Je pense principalement que c'est très bien qu'il soit quelqu'un qui réfléchisse justement à propos de ce genre de choses, et je respecte son attitude et sa manière de penser. Mais je ne suis pas d'accord avec lui à partir d'un certain point.

Tu viens juste d'avoir 40 ans. Est-ce que ça ressemble à un gros changement ?

Pas du tout. Je me sens plus jeune que je n'ai jamais été. J'aurai 26 ans pour toujours.

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Daniel Negreanu : « Je dois faire de gros résultats »

(07/10/14 - par Josh Bell)

En 2013, Daniel Negreanu effectuait un retour fracassant aux WSOP Europe pour remporter sur le fil la course au titre de Joueur de l'année des WSOP. S'il veut arriver à conserver ce titre (et le remporter pour la 3è fois), il devra réaliser le même type de performance du côté des WSOP APAC.

Actuellement 4è du classement, Negreanu y est devancé par par John Hennigan, Brandon Shack-Harris et George Danzer. Danzer et Shack-Harris sont également présents en Australie, et leur avance sur Negreanu est assez confortable.

Pendant que Danzer profitait de l'Event 1 des WSOP APAC pour chiper la première place à Shack-Harris, Negreanu essayait lui de gratter quelques points lors de l'Event 2.

Nous avons profité d'une pause pour évoquer avec lui le classement du Joueur de l'année des WSOP.

Comme tu le sais sûrement, George Danzer vient de prendre la tête du classement. Comment vois-tu les choses sur ces deux prochaines semaines ?

Sur cet Event, je crois que je suis le dernier joueur en lice à avoir quelque chose à jouer au classement du Joueur de l'année. Je n'ai pas beaucoup de jetons et les petites places payées n'ont pas beaucoup d'importance au classement. Il me faut de gros résultats.

Daniel aura t-il bientôt droit à une nouvelle bannière ?

Est-ce que tu arrives aux WSOP APAC dans le même état d'esprit qu'aux WSOP Europe l'année dernière, pour remporter le titre de Joueur de l'année ?

Oui, j'ai très envie de conserver mon titre.

Je veux à nouveau remporter le Main Event et le High Roller.

Le voilà mon état d'esprit.

Est-ce que le titre de Joueur de l'année est ton objectif principal pour ces deux prochaines semaines ?

C'est la raison principale pour laquelle je suis ici. C'est mon objectif global.

Après, est-ce que j'y pense à chaque main, à chaque décision que je prends ? Pas du tout.

Je fais de mon mieux sur chaque main et j'essaye de gagner tous les tournois auxquels je participe. Mais effectivement, mon véritable objectif est de devenir Joueur de l'année.

Si tu n'étais pas dans la course pour le titre de Joueur de l'année des WSOP, est-ce que tu aurais participé à l'EPT Londres ?

Non, je suis à peu près sûr que je serais quand même venu ici.

Brandon et George maîtrisent tous les deux très bien toutes les variantes du poker. Sachant qu'il y a quelques tournois de jeux mixés ici, cela ne risque-t-il pas de te compliquer la tâche ?

"Les tournois de poker peuvent-être monotones, quand on ajoute un enjeu on voit plus loin."

Un petit peu, surtout qu'il y a assez peu de joueurs. Donc même si j'atteins une table finale, il y a de grandes chances pour qu'au moins l'un d'eux soit là aussi.

Cela risque d'être difficile de faire la différence s'il n'y a que 50 joueurs dans un tournoi, ce qui risque d'être le cas.

Le titre de Joueur de l'année des WSOP ne rapporte pas énormément d'argent, pourtant il semble déchaîner les passions, que ce soit parmi les joueurs ou les spectateurs. Pourquoi cela, selon toi ?

Parce que c'est marrant, non ?

Les tournois de poker peuvent être monotones, mais lorsqu'on ajoute un enjeu supplémentaire, comme au tennis ou au golf, il ne s'agit plus simplement de gagner un tournoi, on voit plus loin.

Pour devenir Joueur de l'année, il ne suffit pas de gagner un tournoi, il faut faire une très bonne série. Il faut être régulier pendant longtemps.

Tu as peut-être moins de bracelets que Phil Ivey, mais tu as été désigné Joueur de l'année deux fois déjà. Est-ce que c'est un "record" qui te tient à cœur ?

C'est vrai que je suis déjà le seul à l'avoir remporté deux fois, mais j'ai bien l'intention d'arriver à trois titres avant que quiconque n'en ait deux. Je veux y arriver cette année.

Tu as toujours soutenu l'idée de la "mondialisation" des WSOP. Que penses-tu de la décision de revenir à une seule édition des WSOP internationales par an ?

Oui, je pense que c'est mieux que d'avoir trois WSOP par an. Trois, ça fait beaucoup. En tout cas, c'était vraiment le maximum. Un par an en plus des WSOP, c'est pas énorme. Dix events ailleurs qu'à Vegas chaque année pendant qu'il y en a 65 à Vegas, c'est raisonnable.

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Daniel Negreanu : « La bave du crapaud… »

(12/05/15 - par Dirk Oetzmann)

L’une des grandes figures de proue du poker tant autour de la table qu’en dehors, Daniel Negreanu sait se faire entendre depuis plus d’une dizaine d’années.

Avec de nouveaux canaux de communication toujours plus efficaces de disponibles comme Twitch, et une toute nouvelle émission sur Poker Central, on imagine qu’on n'est pas encore au bout d'entendre tout ce que Daniel a à dire.

Heureusement pour nous, le pro canadien a plutôt tendance à dire des choses intéressantes, et ses analyses du monde du poker sont souvent précises et visionnaire.

Nous l’avons rencontré juste après son élimination du Grand Final de l’EPT du côté de Monte-Carlo, avant qu’il ne parte streamer quelques pots à 100 000 $ dans un 8-game à 400$/800$.

Twitch est le dernier “gadget” à la mode. Qu’est-ce qui t’a poussé à t’y lancer ?

Au départ, je ne connaissais rien de Twitch si ce n’est que Jason Somerville y était impliqué. Je suis allé voir de quoi il s’agissait et je me suis rendu compte que c’était un excellent moyen d’interagir avec les fans.

Je l’utilise plus particulièrement pour enseigner les Mixed Games parce que j’aime faire autre chose que du Hold’em. Je trouve que le Hold’em est l’une des variantes les plus ennuyeuses du poker.

Twitch, et plus récemment Hearthstone: Daniel est à la mode.

Je me suis dit : les gens veulent participer aux World Series et faire de l’Omaha, mais ils ne savent pas comment jouer. Ils veulent jouer au Stud mais n’en ont jamais vu nulle part.

Twitch leur permet de me voir jouer, d’apprendre quelques bases et de pouvoir se lancer.

Il y a déjà des gens qui commencent à se plaindre que Jason Somerville et toi dévoilez trop d’informations. Est-ce que tu trouves cela justifié ?

C’est une vision extrêmement limitée du poker. Les gens rabâchent ce genre de choses depuis les années 70.

Quand Doyle Brunson a écrit Super/System, il y avait déjà des gens pour se plaindre et dire que tout le monde connaîtrait les “trucs” des professionnels.

En réalité, ce livre a donné envie à énormément de gens de se mettre au poker.

Évidemment, les choses sont différentes aujourd’hui puisqu’il s’agit de vidéo et pas d’un livre, mais il y a une différence entre regarder quelque chose et l’assimiler.

En partageant notre savoir, on permet aux gens d’avoir plus confiance en eux, mais si c’est quelque chose qui inquiète certains joueurs, peut-être qu’ils feraient mieux de se poser des questions sur leur niveau et de chercher un autre métier.

Ces moyens de communication ont toujours existé, qu’il s’agisse de livres, programmes, camps, etc.

Moi, j’essaye juste de rendre ça plus amusant parce que je trouve que c’est ce qui nous manque depuis quelques années.

Les gens dont tu parles, ils ne pensent qu’à leur petite personne. Ils n’ont aucun recul.

Pour en revenir aux Global Poker Masters, penses-tu que cette compétition a de l’avenir ?

"Déjà à l'époque de Super/System de Brunson les joueurs se plaignaient."

Je l’espère, en tout cas. On verra si les joueurs arrivent à avoir assez de “patriotisme”.

C’est bien que les Italiens aient gagné parce qu’ils sont très passionnés. Il faudra peut-être modifier un peu la formule dans le futur, mais rien n’est impossible.

Serais-tu prêt à sacrifier un ou deux tournois pour pouvoir participer aux GPM ?

Non. Je ne changerais pas mon programme pour ça.

Je ne participe qu’à des tournois au buy-in très élevé et je n’ai pas l’intention d’en sacrifier un seul. Si les GPM n’empiètent pas sur mon programme, pourquoi pas.

Tu as récemment publié un article sur ton blog évoquant “comment devenir joueur professionnel”. Pourquoi maintenant ?

En fait, j’ai participé récemment à une conférence avec des hommes d’affaires qui m’expliquaient qu’ils n’arrivaient pas à communiquer avec les jeunes qui veulent devenir pro.

Je me suis dit que c’était l’occasion de leur montrer les rouages du système. De leur faire comprendre que devenir professionnel, c’est possible, mais qu’il faut avoir un projet

Il faut être réaliste et extrêmement bien préparé. Ce n’est pas quelque chose dans lequel on se lance du jour au lendemain. Il faut connaître les faits.

Comme d’habitude, ton article a créé une petite controverse. Ça ne te touche pas ?

La vérité, c’est que la grande majorité des réactions ont été positives. Il n’y a que ceux qui cherchent la petite bête qui ont une réaction négative.

Ceux qui bloquent sur des détails comme le winrate horaire en disant que le chiffre n’est pas exact, mais ils passent complètement à côté du fond.

"Les forums et ceux qui les gèrent créent une communication hostile et agressive."

Mon objectif, c’est de créer un modèle que les gens peuvent s’approprier et utiliser. Vous savez ce qu’on dit sur la bave du crapaud... C’est ce que font ces forums et les gens qui les gèrent.

Ils créent une communication hostile et agressive, personne n’a rien à y gagner. Ils sont là à essayer de prouver qu’ils ont raison et que le reste du monde a tort, qu’ils sont intelligents et que le reste du monde est idiot. Ça n’a rien de constructif.

J’ai l’habitude de tout ça. Et puis il y a les gens comme Sklansky et Malmuth, qui sont persuadés qu’ils savent tout mieux que tout le monde et qu’ils n’ont rien à apprendre de personne.

Je ne pourrais jamais aller sur ces forums tous les jours, c’est beaucoup trop de négativité au quotidien.

Ces gens ont une vie tellement triste qu’ils veulent essayer de démolir la mienne pour se sentir mieux. Ils ne me connaissent même pas !

Je compatis, mais je préfère m’entourer de gens plus intéressants qui ont envie de repousser les limites. Les cyniques, ils m’inspirent de la pitié.

Tu as regardé le combat Mayweather vs. Pacquiao sinon ?

Non. Je me suis réveillé à temps mais je me suis rendormi. Je ne tenais pas plus que ça à voir le combat parce que je sentais que Floyd allait gagner et je ne l’aime pas beaucoup.

Ce n’est pas une bonne personne. Il a battu sa femme, il a battu d’autres femmes, et il s’en est toujours sorti parce qu’il n’y avait pas de preuves visuelles.

La boxe ne m’intéresse pas mais j’aurais aimé que Manny gagne et qu’il lui casse la gueule, et qu'il l'ait laissé en sang sur le ring.

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Daniel Negreanu : « Je suis prêt à parier sur une défaite de Trump »

(26/02/16 - par Dirk Oetzmann)

Daniel Negreanu a son mot à dire sur la politique.

La star du poker canadienne évoque avec nous les primaires américaines, du manque de sympathique des Démocrates à la folie des Républicains, et partage ses pronostics sur le prochain président des États-Unis.

Et Daniel Negreanu a d'autant plus forcément un avis sur la question qu'il est en train de demander la nationalité américaine, ce qui signifie qu’il pourra voter.

Note : cet entretien a été réalisé le mois dernier et la cote de certains candidats peut avoir changé.

Tu penses que Donald Trump a une chance de devenir président ?

Aucune. Je suis prêt à parier là-dessus. Beaucoup. D’ailleurs, je vais le faire.

Pour moi c’est évident : il est au maximum de ses possibilités. Quand des candidats vont se retirer, leurs votes ne se reporteront pas sur lui.

S’ils voulaient voter pour Trump, ils l’auraient déjà rejoint. Il est ultra-médiatisé, il était constamment à la télé. Tout le monde le connaît.

Si vous ne l’aimez pas déjà, vous ne l’aimerez jamais. Si vous soutenez Christie et qu’il se retire, vous n’allez pas soutenir Trump. Vous soutiendrez Rubio ou un autre, mais pas Trump.

« Donald Trump président ? Aucune chance. »

On dirait quand même qu’un ou deux autres candidats essayent de jouer sur son terrain.

Ted Cruz est fou. Encore plus que Trump. D’ailleurs, quand Trump s’est présenté, ça lui a permis d’avoir l’air moins fou.

Cruz se positionne très très à droite pour essayer de récupérer les votes de Trump quand il se retirera.

Tu ne penses pas que l’inverse pourrait arriver ?

Cruz n’a pas l’intention de lâcher. Il va aller très loin, mais ce ne sera pas lui. Je pense que Rubio sera le candidat des Républicains.

Trump ne peut pas gagner parce que l’élection est dans trop longtemps.

Les gens vont se lasser. Construire un mur pour bloquer les musulmans. Ok, on a compris. Quoi d’autre ?

Les Républicains vont quand même finir par se dire qu’ils veulent gagner l’élection. Alors qui peut gagner ? Certainement pas Trump. Il ne pourrait jamais battre Hillary Clinton. Impossible de convaincre la majorité que les musulmans doivent rester hors des USA et que « tous les Mexicains sont des violeurs ».

Le seul à pouvoir battre Hillary, c’est Marco Rubio. C’est le seul qui puisse à la fois convaincre les gens de droite et les centristes et indécis.

Est-ce que Trump fait du mal à l’image du Parti Républicain ?

Il leur fait honte. Il met en avant ses propres sujets, mais ce n’est pas ce dont les gens veulent parler.

Ils veulent parler de stabilité financière, de la crise, de l’éducation, mais il est buté. C’est incroyable, on a jamais vu ça.

« Hillary Clinton est très rigide mais c'est la mieux préparée. »

On sait qu’il aime répéter « vous savez, je suis très riche. »

Oui, avec ce petit prêt de son père... Un petit prêt d’un million de dollars ! Dans les années soixante-dix ! Je serais milliardaire aussi si j’avais eu ça. Comme tout le monde ! Pas besoin d’être un génie.

Ce genre de propos le coupe complètement des gens qui gagnent 30 ou 40 000 dollars par an. Pour eux, un petit prêt c’est vingt dollars.

Il dit qu’il s’est fait tout seul, mais c’est surtout grâce à l’argent de son père.

Du côté des Démocrates, tu n’as pas peur que les gens se lassent d’Hillary Clinton ?

Le problème, c’est qu’elle n’est pas très sympathique. Elle est très rigide, on sent que ce n’est pas naturel quand elle rit.

Mais la plupart des américains sont d’accord avec ses politiques, surtout au niveau social. Le mariage gay, l’avortement... Tant que les Républicains ne parlent pas de ça, elle sera intouchable.

Pareil pour l’économie. Elle est manifestement la mieux préparée. Les Républicains font des attaques personnelles, sur Benghazi et les histoires d’e-mails, mais ça ne marche pas.

Tant qu’elle n’a rien fait de criminel, c’est elle la mieux placée pour devenir président. Il n’y a que Rubio qui puisse tenir la comparaison.

Que penses-tu des chances de Bernie Sanders ? Les gens ont l’air de l’aimer.

Aucune chance. Je l’aime bien aussi. C’est le plus honnête de tous.

Dommage que je ne sois pas toujours d’accord avec lui. Il est parfois tellement extrême que c’est à se demander s’il est conscient qu’il ne gagnera jamais.

« Bernie Sanders est le plus honnête de tous. »

Les gens ont trop peur du Socialisme, même s’ils ne savent même pas ce que ça veut dire.

Je viens du Canada. C’est un pays socialiste. Et il y a du socialisme aux États-Unis, mais ils ne s’en rendent même pas compte.

La sécurité sociale, c’est du socialisme. Les pompiers, c’est du socialisme. Mais les gens pensent tout de suite à la Russie et à Staline.

Vu depuis l’Europe, Trump semble complètement perché, mais c’est incroyable de voir le nombre de gens qui le soutiennent et de se dire qu’il pourrait être à la tête de l’un des plus grands pays du monde.

Ce qui fait peur, c’est que les racistes américains ont maintenant un porte-parole. Ces gens complètement barrés qui « souffrent » parce qu’on ne vit plus comme dans les années 50.

En 1950, personne n’avait de problème pour trouver du boulot. Soixante-cinq ans plus tard, le monde a changé, le marché de l’emploi a changé... C’est plus difficile.Il leur faut quelqu’un à accuser. Les Mexicains, les Musulmans... Mais c’est juste le monde qui a changé.

On peut faire beaucoup de parallèles entre la propagande de Trump et celle d’Hitler. Heureusement, nous ne sommes pas en Allemagne dans les années 30.

Il peut gagner quelques États du sud, mais jamais les grands comme la Californie.

Personnellement, je ne connais pas une seule personne qui voterait pour lui. C’est un monde parallèle. Je peux vous dire en tout cas qu’aucun des joueurs du Super High Roller du PCA ne voterait pour lui.

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Daniel Negreanu : Discipline mentale et les femmes

(14/04/16 - par S. J.)

Discipline mentale, image à la table, les femmes au poker, un peu de politique et d'autres sujets plus légers : voici ce dont quoi nous avons cette fois pu parler avec Daniel Negreanu.

Moulin à paroles et un avis sur tout diront certains, source inépuisable de commentaires intéressants diront d'autres : une chose est sûre, Daniel Negreanu ne laisse personne indifférent.

PokerListings a eu de nouveau la chance de passer du temps avec le Canadien, pour qu'il nous parle de sujets tels que la discipline mentale dans le poker, l'image à la table, et la place des femmes dans le poker.

Daniel, au PCA tu as beaucoup parlé de l’importance de la discipline mentale dans le poker et de la manière dont les actions reflètent nos intentions. As-tu des conseils pour arriver à rester discipliné mentalement ?

Bien sûr. Je conseillerais d’abord d’avoir un cahier ou un journal.Chaque matin, qu’il s’agisse de poker ou d’autre chose, écrivez ce que vous voulez créer, ce que vous voulez qu’il arrive ce jour-là.Le soir ou le lendemain matin, jetez-y un œil et posez-vous les questions suivantes : est-ce que la journée s’est passée comme je le souhaitais ? Est-ce que j’ai fait tout ce que j’avais prévu ?

Ensuite, identifiez les domaines dans lesquels les choses ne se sont pas passées comme prévu, et recommencez le jour suivant. Il faut toujours reconnaître et identifier ses erreurs, pour mieux repartir. Il est aussi important d’avoir un objectif à l’esprit.

Avant un tournoi de poker, demandez-vous : « Qu’est-ce que j’en attends ? » Pour la plupart des gens, il s’agit de gagner le tournoi.

"Les gens me voient comme quelqu'un d'extraverti mais qui ne bluffe pas."

Après le tournoi, prenez un peu de recul, et demandez-vous si vos actions ont correspondu à cette vision. Si je sors jusqu’à 4 H du matin la veille d’un tournoi qui commence à midi, manifestement la réponse est non. Si j’arrive trois heures en retard non plus. Il faut faire face à tout ça et faire mieux la fois suivante. C’est valable dans tous les domaines de votre vie.

Tu as récemment évoqué l’importance de savoir quelle image, en tant que joueur de poker, tu veux projeter à tes adversaires. Comment penses-tu être perçu par tes adversaires ?

Je pense que les gens me voient comme quelqu’un d’extraverti.Ce qui est intéressant dans le poker, c’est que penser à la perception qu’ont de toi les autres joueurs fait partie du boulot. Certaines personnes pensent peut-être que je ne bluffe jamais, d’autres m’ont peut-être vu bluffer beaucoup... Mon job, c’est de savoir ça.

Pour moi, c’est la plus grande qualité d’un grand joueur de poker : la conscience de soi, la capacité à comprendre comment on est perçu. Je pense que la plupart des gens me voient comme un joueur qui ne bluffe pas énormément, qui est plutôt prudent et qui joue uniquement avec de bonnes cartes.

Compte tenu du fait qu’il est important d’avoir l’air confiant et talentueux, penses-tu que ce soit plus difficile pour les femmes qui jouent au poker, étant donné qu’elles doivent souvent combattre d’autres préjugés ?

Je pense que c’est beaucoup plus facile d’être une femme à une table de poker. D’abord parce que c’est plus simple de savoir comment les gens vous verront. Comme tu l’as dit, ils auront probablement des préjugés et penseront que vous n’êtes pas bonne ni agressive. Ce sont des informations que vous pouvez utiliser à votre avantage.

En plus, les femmes ont généralement plus d’intuition dans certaines situations. Elles peuvent aussi manipuler les hommes avec un simple sourire. Elles ont beaucoup plus de munitions à leur disposition que les hommes. Si j’avais un groupe de 50 hommes et de 50 femmes qui n’ont jamais joué au poker et que je leur apprenais, je suis prêt à parier tout mon argent que les femmes se débrouilleraient mieux.

Alors pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes dans le poker ?

"Il n'y a pas plus de femmes au poker parce que nous sommes différents."

Selon moi, en partie parce que nous sommes différents. Les hommes et les femmes ne fonctionnent pas de la même manière. Nos corps sont différents, nos systèmes hormonaux sont différents, nos centres d’intérêt sont différents.

C’est comme si tu me demandais pourquoi il n’y a pas plus d’hommes qui achètent des livres de romance. Les romances sont surtout lues par des femmes, parce que les femmes sont généralement plus romantiques. Les hommes sont généralement plus intéressés par les activités compétitives, comme le poker. Ce n’est ni mieux, ni moins bien. Je pense simplement que les femmes s’intéressent naturellement moins à des jeux comme les échecs ou le poker.

Tu ne penses pas que cela peut aussi venir de la façon dont les filles sont élevées et de ce qu’on attend d’elles socialement, pas seulement de la biologie ?

Je n’en sais rien. C’est intéressant en tout cas. Je pense que c’est un mélange des deux.

Il existe énormément d’études qui montres que le cerveau des hommes et des femmes fonctionne différent. Il y a une membrane au milieu du cerveau qui est plus épaisse chez les hommes que chez les femmes, ce qui fait que les femmes ont plus de facilité à accéder aux côtés gauche et droit du cerveau en même temps, pendant que les hommes ont accès soit au côté créatif, soit au côté logique, de manière très distincte. Demande à un homme « combien font 2 + 2 ? », il répondra « quatre ». Demande à une femme, elle te répondre « je ne suis pas sûre de ce que j’en pense ». (rires)

Exemple très intéressant. Penses-tu que l’industrie du poker pourrait évoluer pour que les femmes s’y sentent mieux, ou bien estimes-tu que ce soit déjà assez ouvert aux femmes ?

À chaque fois que ce sujet revient sur le tapis, je grince un peu des dents. Le poker n’est pas différent du reste de la société. Le sexisme est une réalité, dans le monde entier et dans tous les domaines.

Dont le poker. Peut-on faire quelque chose de particulier pour que les femmes apprécient mieux le poker ? Je ne crois pas non. Peut-être être moins vulgaire, mais c’est comme ça partout. J’ai du mal à trouver quelque chose de propre au poker.Et puis on a les Ladies’ Events, que je trouve super. Mais certaines féministes pensent qu’ils sont dégradants.

"J'aimerais jouer au poker avec Bob Marley !"

OK. Quelques questions marrantes. Si tu pouvais jouer au poker avec un personnage historique ou de fiction, qui choisirais-tu ?

J’aimerais bien traîner avec Bob Marley !

Tu penses qu’il serait bon au poker ?

Je pense qu’il ne serait pas mauvais. Il aurait certainement beaucoup de sang froid. Mais je pense qu’il s’ennuierait.

Hillary ou Bernie (Sanders) ?

Je suis un fou de politique, c’est une de mes passions. Donc c’est une question intéressante. D’un point de vue personnel, je préfère Bernie. Je pense qu’il est le plus honnête des candidats, qui dit ce qu’il pense. Mais en termes de politique pure, je suis plus proche d’Hillary. Même si je ne l’apprécie pas autant en tant que personne. Dommage que je ne sois pas aussi proche de Bernie politiquement.

Tu as récemment évoqué ta passion pour Hearthstone dans une interview. Est-ce qu’il y a d’autres jeux stratégiques que tu aimes ? Les échecs peut-être ?

Je suis complètement accro à Hearthstone, j’y passe la majorité de mon temps. J’ai un peu joué aux échecs, mais je ne suis pas très bon.

Est-ce que tes compétences en maths ont une influence sur ton jeu ?

J’étais bon en maths à l’école, c’était très naturel pour moi. Mais pour être honnête, ça ne m’aide pas spécialement pendant que je joue. Au haut niveau, la plupart des joueurs comprennent bien le jeu, donc c’est plutôt psychologique. C’est important, évidemment, mais c’est assez simple.

Le Seigneur des anneaux ou Star wars ?

Voilà une bonne question. Je vais choisir Star wars !

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Le Big One interdit aux pros : « Une sage décision » pour Negreanu

(13/10/16)

Daniel Negreanu aurait adoré jouer le Big One for One Drop Invitational à Monte Carlo ce week-end, mais il ne pourra en être que l'un des coachs. Pas de n'importe lequel des joueurs ceci étant... puisque de l'organisateur lui-même.

Avec un droit d'entrée de 1 million d'euros, le plus gros de l'histoire pour un tournoi de poker, le Big One ayant lieu durant le festival One Drop Extravaganza aguiche Daniel Negreanu.

Le joueur canadien a bien fait le déplacement sur le rocher monégasque, mais cette fois dans le rôle d'entraîneur, puisque le tournoi est réservé aux joueurs amateurs (riches).Et celui qu'il tentera d'emmener vers la victoire, n'est autre que l'initiateur de ce projet à but caritatif, l'homme derrière l'association One Drop, Guy Laliberté.

Notre collaborateur norvégien Ole Erevik a obtenu pour PokerListings une interview exclusive avec Negreanu, en plein milieu de la préparation de son compatriote.

« Guy m'a demandé de l'aider et j'ai accepté. Je suis là depuis quelques jours déjà, et nous avons passé du temps ensemble, sur son yacht, où on aura pu travailler, bien manger et boire quelques verres. »

Guy Laliberté joue déjà au poker, en plus d'être le fondateur du Cirque du Soleil, et de venir en aide aux populations dont l'accès à l'eau potable est difficile grâce à One Drop.Mais la rumeur veut que le riche philanthrope aurait perdu plusieurs millions de dollars au poker (en ligne notamment).

Guy Laliberté

« C'est facile de le coacher, mais il y a la place pour qu'il s'améliore. Nous avons mis l'accent principal sur son jeu en short stack. Guy aime voir les flops, mais en tournoi vous atteignez ensuite un stade où il vous faut changer votre manière de jouer. Passer à une stratégie de "push or fold", tapis ou rien. C'est quelque chose sur quoi on a travaillé. »

Un tournoi caritatif seulement pour les riches amateurs

Il s'agit de la troisième édition du Big One en 2016. En 2012 et 2014, les pros étaient les bienvenus, mais cette année Guy Laliberté a transformé le tournoi en un tournoi sur invitation, uniquement pour les joueurs récréationnels.Ceux-ci ont donc toutefois la possibilité de faire appel à un joueur pro en tant que coach.

« Si vous organisez une partie chez vous, vous pouvez choisir avec qui vous voulez jouer. Guy a reçu des retours de la part de ces joueurs loisir, qui lui ont dit qu'ils n'avaient rien contre donner à l'occasion de ce tournoi, mais qu'ils ne voulaient pas être les pigeons donnant tout leur argent aux pros.Je pense que c'était une sage décision. »

Sur le droit d'entrée de 1 million €, 111 111 € iront directement à la fondation One Drop. Le reste (888 889 €) est ajouté au prizepool.Si vous êtes bon en maths, vous pouvez déjà imaginer que la dotation sera belle.

Au moins 35 joueurs ont en effet déjà confirmé leur participation à ce Big One for One Drop Invitational, sans que l'on ne connaisse vraiment leur nom.Quelques indices sur les réseaux sociaux permettent d'obtenir quelques informations :

"Si tu n'es motivé que par l'argent, tu as moins de chance de connaître le succès."

Dan Shak, riche gestionnaire de fonds spéculatifs et connu pour ses compétences au poker, ainsi que le Britannique Paul Newey, ont via leur compte Twitter confirmé leur présence à Monaco.Tout comme Laliberté, Shak a recruté un grand nom du poker en tant que coach : Scott Seiver.

Pour Negreanu l'argent n'est pas le plus important

Si nous ne savons donc pas encore qui seront tous les joueurs sur la ligne de départ une fois que les cartes commenceront à être distribuées, ce que l'on sait donc c'est que Negreanu n'en sera pas.

« Evidemment j'aurais aimé jouer si j'avais pu. Cela semble un tournoi bien pour moi. »

Parce que prendre aux riches est quelque chose que tu aimerais faire chaque jour de la semaine ?

« Crois-moi, je n'attache pas tant d'importance à l'argent. Je ne l'ai jamais fait, même quand je n'en avais pas. Je pense que les gens qui sont motivés par quelque chose parce qu'ils veulent en tirer de l'argent, ont moins de chances de connaître le succès. »

Mais si Laliberté gagne le tournoi, il y aura quelque chose pour toi ?

« Eh bien j'ai une petite part sur sa participation. Juste pour un peu de fun et d'excitation. »

Le Monte Carlo Big One for One Drop Invitational débute vendredi à midi. Il y a donc déjà au moins 31 111 115 $ dans le prizepool, mais on attend bien sûr de cette somme qu'elle gonfle encore avec d'autres inscrits, sans oublier les ré-entrées !

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Daniel Negreanu : « Changez le système ou j’arrête de participer aux WSOP »

(18/09/17 - par Dirk Oetzmann)

Daniel en a gros. (photo PokerStars)

Cela faisait longtemps qu'on avait pas entendu Daniel Negreanu pester, du moins si on ne le suit pas sur ses médias et réseaux sociaux.

Du haut du 25è étage du très luxueux Arts Hotel juste à côté du Casino Barcelone, nous avions récemment rencontré Daniel Negreanu dans sa suite. Mais vu les derniers vlogs de Negreanu, nous n’avions pas le temps de nous extasier. Il y avait des choses sérieuses à aborder.

À commencer par le système du joueur de l’année Player of the Year (POY) des World Series of Poker, qui doit changer selon le joueur pro, puis par ce qui est vraiment bénéfique pour le poker.

Dans ton dernier vlog, tu parles de beaucoup de choses « qui n’ont pas de sens ». Donc le trophée de joueur de l’année des WSOP ne représente rien pour toi ?

Ce que je veux dire, c’est que c’est à nous, membres de la communauté poker, de décider ce qui a du sens ou non.

Je considère que le trophée de POY est prestigieux, parce qu’il récompense un parcours extraordinaire et que seuls quelques joueurs peuvent y prétendre.

Est-ce que c’est la présence de Chris Ferguson en haut de ce classement (www.wsop.com/2017/poy) qui pose problème ? Jack Effel aurait-il dû faire quelque chose pour changer ça ?

Ce qu’ils auraient dû faire n’a rien à voir avec Chris Ferguson. Le gagnant, c’est le gagnant.

"Le titre de Joueur de l'Année est mon principal moteur."

Mais il n’a certainement pas le meilleur parcours. Il n’a pas fait de très bonnes performances.Mais le système de points des WSOP est complètement bancal. Il valorise beaucoup trop le nombre de joueurs, et pas le buy-in ou le niveau des joueurs.

Le Championship à 10 000 $ a été totalement sous-estimé, par exemple. Honnêtement, dès le milieu des WSOP j’étais désabusé. J’ai réalisé les meilleures WSOP de ma carrière, et je suis à peine arrivé dans le top 10.

Le système est tellement basé sur le retour sur investissement que vous auriez pu perdre tout l’été et quand même gagner le titre. Un tout petit cash dans un tournoi à petit buy-in rapportait quasiment le même nombre de points qu’une 12e place au Stud Hi-Lo à 10 000 $, face aux meilleurs joueurs du monde.

À l’avenir, il va falloir améliorer ce système, au moins en revenant en arrière, sinon je vais arrêter de participer. Et je ne serai pas le seul, beaucoup de joueurs convoitent ce titre.

Tu envisagerais vraiment d’arrêter de participer aux WSOP à cause du système de points ?

Oui, vraiment. Le titre de POY, c’est le principal moteur de ma participation aux WSOP.

Je continuerais à venir pour le 50 000 $ et le Main Event, mais passer toutes les Series à grinder pour rien... Honnêtement, je ne veux pas participer à un système qui me pousserait à participer au tournoi de PLO à 565 $.

"Les streams sont très bons pour le poker."

Les gens me disent que le trophée doit être accessible à tout le monde, mais c’est n’importe quoi. Il y a suffisamment de tournois pour monsieur Tout-le-Monde, comme le Colossus et d’autres.

Est-ce que c’est vraiment si mal d’avoir un trophée vraiment prestigieux ? Un trophée qui demande de participer aux tournois les plus exigeants ? Est-ce vraiment condamnable ?

Je ne le crois pas. Je passe peut-être pour un élitiste, mais ce n’est pas le cas.

Dans ton vlog, tu abordes quelques éléments qui pourraient être bénéfiques pour le poker. Je veux te demander ton avis sur quelques autres. D’abord : Twitch.

Très bon pour le poker. Il y a une très bonne équipe de Twitchers : Jeff Gross, Jason Somerville, Lex Veldhuis, Jamie Staples... Ils font vraiment du très bon boulot.

Moi, je me concentre plutôt sur YouTube. Quand Power Up sera disponible, je passerai probablement à Twitch, parce que c’est un jeu que j’apprécie vraiment.

Ensuite : PokerShares. Bon pour le poker ou pas ?

C’est plus compliqué. Beaucoup de pros pensent que c’est une mauvaise nouvelle pour le poker, moi je pense que c’est une excellente nouvelle. Évidemment que ça modifie le marché, mais ça le corrige en quelque sorte. Si quelqu’un vend trop de parts, les cotes sont meilleures.

"Le HU Championship sur NBC permet de toucher le grand public, mais on en a fait le tour."

D’un point de vue de supporter, c’est super. Il n’y a qu’à voir la NFL. Si c’est populaire, c’est parce que les gens peuvent parier. Ils regardent parce qu’ils ont investi de l’argent.

Et enfin : le Heads-Up Championship de NBC.

C’est plus mitigé. Ce n’est pas mauvais pour le poker, mais d’un autre côté je ne trouve pas que les heads-up soient la meilleure expérience pour les spectateurs.

On en a un peu fait le tour. C’est bien que NBC se soit lancé là-dedans parce que ça permet de toucher le grand public.

Certaines personnes ont trouvé un peu hypocrite que tu dises aujourd’hui que les rakes (prélèvements) doivent diminuer, alors que tu défendais l’inverse quand PokerStars a changé son système. Est-ce que tu pourrais revenir là-dessus ?

C’est très frustrant pour moi ce genre de quiproquos. On prend une citation hors de son contexte, une phrase sur un vlog de 30 minutes, dans lequel je parlais surtout des récompenses.

"Un rake élevé peut faire fuir les pros et être une source de meilleur profit."

J’ai écrit un billet de blog pour tout expliquer. Tout était très logique, sans controverse.

Dans certaines situations, un joueur peut tirer un meilleur profit et avoir plus de chances de gagner dans une partie avec un rake élevé, comparativement à une partie avec un rake plus faible contre une majorité de joueurs pro.

C’est un fait. J’ai vu un gars jouer avec un rake faible contre des pros, et il s’est fait écraser.

Il a changé de casino, où le rake était trop élevé pour les pros parce qu'ils ne pouvaient pas le battre.

Ce joueur a quand même perdu, mais beaucoup plus lentement. Donc mon argument, c’est qu’un joueur qui perd a deux ennemis : le rake... et les joueurs qui gagnent.

Mais si le rake permet "d’éliminer" les joueurs qui gagnent, alors le joueur qui perd a plus de chances de garder son argent.

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