Se prémunir du danger des lentilles de contact - Planete sante

Un produit qui «s’est extraordinairement démocratisé», résume l’ophtalmologue Michel Matter en parlant des lentilles de contact. Pour autant, leur utilisation n’est pas anodine. Quelles précautions faut-il prendre au quotidien?

Que faire?

La recommandation cardinale est la suivante: «Dès que l’œil est rouge, dès qu’il est douloureux, dès que la lentille gêne, il faut arrêter de la porter et faire un contrôle chez son contactologue (un maître-opticien spécialiste en lentilles de contact) ou son ophtalmologue.»

Voilà le principal problème des personnes qui portent des verres de contact: elles consultent souvent trop tard. Il faut donc être prudent et ne pas porter ses lentilles coûte que coûte. Corollaire: il est important de disposer d’une paire de lunettes avec une correction à jour, même si l’on porte des verres de contact quotidiennement.

Deuxième mot d’ordre: suivre les règles.

Quels sont les risques?

Le plus redouté est l’abcès de cornée: à la suite d’une infection, il se crée une poche remplie de pus dans la cornée. Une telle affection peut aboutir à la perforation de l’œil et nécessite une prise en charge ophtalmologique pouvant aller jusqu’à l’hospitalisation. On estime que la moitié des abcès de cornée se produisent chez des porteurs de lentilles de contacts. Un entretien correct des lentilles aide à se prémunir contre cette éventualité.

Un autre risque pour les porteurs de lentilles est la conjonctivite, une inflammation de la conjonctive, le tissu qui couvre la face interne des paupières et le blanc de l’œil. Cette affection est liée à une plus grande sécheresse de l’œil du fait du port de la lentille, à un œil plus sensibilisé par le port (sans toutefois qu’il s’agisse d’une allergie) ou à la chaleur et la pollution. Un suivi strict des règles d’hygiène de base, un entretien optimal et un contrôle régulier chez son adaptateur de lentilles de contact sont primordiaux.

La conjonctivite peut évoluer négativement jusqu’à devenir infectieuse et produire sécrétions et larmoiements. Dans ce cas, on arrêtera de porter les verres de contact. Un tel arrêt doit être la règle d’or. Un traitement prescrit par l’ophtalmologue pourra stopper l’infection.

Quoi qu’il en soit, après une infection ou une conjonctivite, on changera ses lentilles pour en mettre une nouvelle paire, mais on changera également l’étui et la solution d’entretien. S’il s’agit de lentilles annuelles, elles pourront être stérilisées par un professionnel. Dans le cas d’une infection enfin, il faudra peut-être aussi jeter le reste de produit d’entretien.

Le dernier grand risque que fait peser le port de lentilles de contact souples, quelle que soit la qualité de l'entretien assuré, est la néovascularisation, la croissance de vaisseaux sanguins dans la cornée. Un risque lié à une mauvaise adaptation ou à l’achat de n’importe quel lentilles de contact sur internet. Le mécanisme de la néovascularisation est le suivant: la cornée est un tissu particulier dans la mesure où il ne comporte justement pas de vaisseaux, ce qui lui permet d’être transparent. Or, le port de verres de contact diminue la quantité d’oxygène qui lui est apporté. Pour pallier cette souffrance, la cornée peut appeler l’organisme à l’aide et organiser l’apport d’oxygène par la création de nouveaux vaisseaux. Un suivi professionnel régulier est donc à nouveau primordial.

Il existe des pays où l’on recommande de ne pas porter ses verres de contact à la piscine et de ne pas se doucher avec. En Suisse, il n’y a pas besoin de prendre de telles précautions. Il est cependant recommandé d’utiliser, quand cela est possible, des lentilles journalières pour la piscine.

En résumé, les lentilles de contact demandent un entretien scrupuleux, le respect des indications données par le spécialiste et un contrôle annuel chez ce dernier. Si ces conditions sont réunies, le risque que représente leur port est réduit de manière significative.

Que corrige-t-on avec les lentilles?

Les défauts visuels courants sont bien corrigés par les verres de contact. Ainsi de la myopie (mauvaise vision de loin), de l’hypermétropie (difficulté à voir de près) ou de l’astigmatisme (une déformation de l’œil qui dissocie les composantes verticale et horizontale de la vision).

A partir de 45 ans, la presbytie (l’œil accommode plus difficilement en vision de près) est présente. De la même manière qu’il existe des lunettes à verres progressifs, il existe des lentilles multifocales. Celles-ci ont une correction différente entre leur bord et leur centre. En effet, quand l’on regarde de près, les pupilles se rétrécissent et les yeux convergent. La vision passe donc davantage par le centre de l’œil. Une personne sur deux s’habitue bien à ce type de correction.

Quelques bons conseils

• Si l’on se réveille après avoir dormi avec ses lentilles sur les yeux, il vaut mieux les humidifier à l'aide de larmes artificielles ou cligner plusieurs fois avant de les enlever. Il est alors recommandé de ne pas porter ses lentilles de contact pendant vingt-quatre heures au moins.

• Si l’on n'a pas remis ses lentilles depuis quelques jours ou quelques semaines, il faut les nettoyer une nouvelle fois la veille avant de les remettre. Etre attentif au temps nécessaire au produit pour faire un cycle de nettoyage complet : il peut varier de quelques dizaines de minutes à quelques heures.

• Vider complètement l’étui après avoir mis ses lentilles et le laisser sécher à l’air libre.

• Changer l’étui des lentilles régulièrement. Idéalement l’ouverture d’un nouveau flacon de produit d’entretien devrait s’accompagner du remplacement de l’étui.

• Ne pas porter de lentilles dans l'avion où l’air est extrêmement sec.

• Un suivi et des conseils professionnels assurent sécurité et confort.