Sexe et réseaux sociaux: «Zone Interdite» décrypte les dangers qui guettent les ados
C’est le genre de documentaire que les parents d’ados ou de préados devraient regarder afin d’en sélectionner quelques passages à montrer à leur progéniture, à titre préventif ou pour limiter les dégâts… Édifiant, inquiétant et choquant, le nouveau numéro de Zone Interdite lève le voile sur tous les dangers, pour les adolescents, de la sexualité à l’heure du numérique. Les pièges sont nombreux et mis à part la prévention, l’information et le dialogue, il n’y a pas grand-chose pour les éviter.
La drague passe par l’échange de «nudes»
Il y a moins d’une décennie, la drague ne se faisait pas sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui cela passe par là et l’une des «preuves d’amour» suggérée par l’un des amoureux, parfois même au bout de quelques jours de relation, est celle de demander une photo de l’autre dénudé ou complètement nu - on appelle ça un «nude». Il existe une réelle pression à ce sujet, un chantage affectif totalement injustifié. «Il y a trois, quatre ans, c’était plutôt des lycéens qui s’envoyaient de nudes, constate la sexologue Véronique Agrapart, de nos jours, ce sont des collégiens de 6e, 5e, 4e. Ils ne savent pas ce que c’est attendre pour le premier baiser, la première caresse (…) ils vont commencer leur vie amoureuse en voyant l’autre nu directement sur une photo, à distance».
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Sextorsion, «fisha» et cybercriminels
Problème, quand le couple se sépare, il arrive très souvent que l’un d’eux «fasse tourner» les «nudes» sur les réseaux sociaux. Cette photo devient une arme contre la personne concernée qui est humiliée en classe et devient souvent victime de cyberharcèlement avec chantage aux «nudes» pour obtenir de l’argent, de nouvelles photos (d’où le cercle infernal!) ou, pire, des faveurs sexuelles (ce qu’on appelle «sextorsion»). La jeune Aliya témoigne longuement et sans tabou pour expliquer comment elle a été victime d’un prédateur sexuel qui lui a demandé des photos d’elle dégradantes qui ont fini par être envoyées à toute sa classe. Elle pensait avoir affaire à un amoureux «virtuel» et avait peur d’être quittée, elle n’avait que 14 ans à l’époque et était totalement sous emprise de ce cybercriminel.
Son histoire n’est pas un cas isolé et ces descentes aux enfers pour les ados, et leurs proches, sont de plus en plus fréquentes, surtout, depuis le premier confinement durant lequel des milliers de «nudes» ont circulé en France contre la volonté des personnes concernées. Les filles sont les premières victimes, mais des garçons peuvent l’être également. Il existe aussi un phénomène de masse qui s’appelle le «fisha» (verlan d’«affiche») qui consiste à exposer sur les réseaux sociaux ces photos, avec la mention du nom de la personne, de son établissement scolaire, son adresse…
Quand on regarde ce numéro de Zone Interdite, on a l’impression qu’il n’existe pas de solution à ce fléau d’autant que les ados victimes n’osent pas tirer la sonnette d’alarme et en parler à leurs parents tant ils ont honte. Comme le dénonce le documentaire, certains se sont même donné la mort car ce harcèlement leur semblait sans issue. Il existe une association nommée e-Enfance, avec un numéro de téléphone Vert, donc gratuit, qui a le pouvoir de supprimer les comptes des cybercriminels en herbe et autre prédateur sexuel. En deux ans, les appels des parents et des victimes ont augmenté de 30%. Partager un «nude» qu’on a reçu, à savoir le divulguer sans le consentement de la personne, expose actuellement à 2 ans de prison et 60.000 euros d’amende. S’il s’agit d’un mineur: 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende.
Une banalisation, chez les ados, des pratiques vues dans le porno
Le magazine de M6 démontre aussi le fait que les ados ont une image biaisée du porno, imaginant, fille comme garçon, que tout ce qu’on y voit doit être pratiqué en couple et parfois dès la première relation sexuelle. Il y a ainsi, par exemple, une banalisation du rapport anal. Selon le documentaire, 44% des ados ayant des rapports sexuels déclarent reproduire des pratiques qu’ils ont vu dans le porno. Les filles se sentent «obligées» de faire certaines choses, certaines positions sexuelles, et les garçons pensent qu’il faut absolument les demander.
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Le documentaire évoque aussi le terrifiant problème de la pornographie sur internet. À 12 ans, un enfant sur trois a déjà été exposé au porno. Cette catégorie d’images pour adultes se trouve en effet parfois cachée sur TikTok, le réseau social très populaire et ludique qui fait fureur chez les petits. «Tout ce qui est contenu porno non adapté à l’âge de la personne peut être l’équivalent d’un viol psychique, explique Véronique Agrapart, et, en tant que sexologue, on récupère des patients avec les mêmes conséquences qu’un viol réel, avec des années de thérapie parfois à cause d’une vidéo vue à huit ou dix ans!».
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