Tanzanie : les autorités cherchent de nouveaux moyens de faire payer des taxes aux réseaux sociaux
(Agence Ecofin) - Alors que la Tanzanie fait partie des pays africains les plus engagés à taxer l’activité des géants du web sur son territoire, elle fait partie des 37 marchés africains où Facebook a lancé, le mois dernier, sa plateforme d'e-commerce
En Tanzanie, les autorités explorent de nouveaux moyens de taxer les géants du web, notamment les réseaux sociaux. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre tanzanien des Finances et de la Planification, Dr Mwigulu Nchemba (photo) dans une déclaration publique.
Il a affirmé que le pays étudiait de nouveaux moyens de collecter des taxes auprès d'organisations comme Google, Facebook et Twitter. « Nous discutons de la possibilité de taxer ces sociétés multinationales qui prennent de grosses sommes d'argent à nos concitoyens mais ne paient pas d'impôts sur ces sommes. »
Il faut rappeler que la taxation des géants du web est une question qui préoccupe les services fiscaux du monde entier, notamment des pays où ces sociétés ne sont pas représentées. En Afrique, des pays comme le Kenya, l’Ouganda et l’Afrique du Sud y travaillent activement.
Selon Abel Kinyondo, économiste à l'université de Dar es Salaam, la taxation de ces sociétés est juste car elles génèrent de gros revenus grâce aux réseaux sociaux, mais la collecte de cette taxe pourrait s’avérer compliquée. Pour lui, le défi réside dans la capacité des autorités à taxer une société sans présence physique dans le pays. « Cela exige un haut niveau de professionnalisme, et l'unité de renseignement de la Tanzania Revenue Authority (TRA) doit être de classe mondiale », a prévenu Abel Kinyondo.
Pour lui, une solution régionale serait plus adaptée. « Il serait plus efficace d'entrer en contact avec la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et l'Union africaine (UA) pour négocier la manière dont nous pouvons commencer à taxer les entreprises de haute technologie ensemble plutôt que de faire cavalier seul », a-t-il expliqué.
Pour d’autres experts tanzaniens du numérique également, l’action régionale a du sens, d’autant plus que le pays, pris individuellement, n’est pas indispensable aux entreprises que les autorités souhaitent taxer. D’après Yahya Faraji, un expert en informatique, « ces entreprises n'ont rien à perdre si leur activité est compliquée en Tanzanie. Selon les chiffres officiels, la Tanzanie compte environ 23,1 millions d'internautes, dont certains utilisent les médias sociaux ».
Selon le rapport « We Are Social » publié le 30 janvier dernier, l’Afrique affiche 453,2 millions d’internautes, parmi lesquels 217,5 millions sont actifs sur les réseaux sociaux.
Pour le moment,l’Union africaine ne s’est pas prononcée sur le sujet.
Servan Ahougnon
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