Photo : © Anne Bouillot
Souriant, grand, svelte, jean et tee-shirt gris chiné assorti à sa barbe et perles en bois au poignet. Il s'est cassé la main, il n'en parle pas tout de suite, mais finira par lâcher qu'il bout intérieurement à cause de ce chômage technique. Un artiste lyonnais a priori lambda. Si ce n'est cette précision de son collègue et ami d'enfance Cart'1 :
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On ne sait pas trop pourquoi, on avait imaginé un mec aussi bariolé et insouciant que ses peintures. S'il y a une chose qui définit son uvre, c'est bien la couleur. Un univers enfantin, rond, joyeux et coloré. « On venait de banlieue, d'un univers gris, et on avait juste envie de foutre de la couleur sur ces putains de murs gris » poursuit Cart'1.
Pas de revendication politique, chose que Pec revendique : « Je pars du principe que tu es suffisamment matraqué avec toutes les pubs, tous les slogans, tout ce que tu peux croiser sans t'en rendre compte et qui finalement pourrit ton quotidien visuel. Je mets une tâche de couleur, elle intervient sur la personne, ça lui donne le sourire, j'ai fait mon job » explique-t-il modestement, en assumant complètement ses influences : « J'ai toujours été ancré BD et tout ce qui est enfantin. J'aime bien, c'est lisse, c'est doux, c'est propre, il y a des courbes, c'est pas agressif, ça me correspond. Je peux regarder toute la journée des Walt Disney, ça ne me dérange pas. Je vais rigoler comme mes gamins. »
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Paradoxalement, l'un de ses premiers boulots était égoutier. Un univers dans lequel on a du mal à l'imaginer. « J'avais choisi ce métier parce qu'il me laissait le temps de faire ce que je voulais à côté. Au final, quand je sortais j'avais encore plus d'énergie pour mettre de la couleur partout. Ça a joué même si j'ai toujours aimé la couleur, c'est mon côté joyeux. Je suis quelqu'un de très positif, j'aime quand ça avance, j'aime pas regarder en arrière,donc forcément ça se traduit dans mes peintures. » C'était pas déprimant comme boulot ? « Si si. Mais quelque part ça m'a boosté sur mes créations. Surtout à l'époque ça me permettait de manger et d'acheter des bombes. »
L'embrouille Birdy Kids
Un homme de l'ombre au sens propre comme au figuré. Cet autodidacte chérit ses moments de solitude sur l'autoroute la nuit et n'a pas signé ses uvres pendant longtemps. « Je n'ai jamais cherché à être quelqu'un de reconnu ou à gagner ma vie avec ça, je l'ai toujours fait pour le plaisir. Aujourd'hui, j'en vis. Au bout d'un moment tu as des commandes de toiles, de murs à faire et quand tu as un autre métier à côté, physiquement tu ne tiens plus. Il faut faire un choix délicat. J'étais déjà père de famille, c'était compliqué. J'ai quand même fait le saut et je ne le regrette pas. C'est pas tous les jours la fête, mais comment se plaindre ? Bon là,je me suis cassé la main Mais c'est génial, je fais ce que j'aime, je mets de la couleur partout où j'ai envie d'en mettre ! »
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Birdy Kids : c'est sa carte de visite empoisonnée. Il crée la marque en 2010 avec deux associés, un sérigraphe et un commercial, avec l'idée de créer des tee-shirts, des stickers, développer du merchandising autour de ses personnages à plumes. Mais l'affaire prend une tournure qui ne lui plaît pas. « C'était devenu uniquement lucratif, ce qui n'est pas du tout mon leitmotiv. Vendre des uvres en impression numérique à 300 euros, je trouve ça proprement scandaleux. Mettre des uvres à Ikea, j'en parle même pas... Je me suis posé la question de me battre pour récupérer Birdy Kids et continuer sous ce nom là, ou leur laisser et partir suivre mon propre chemin comme je l'avais fait pendant des années. Très vite, je me suis rendu compte que ça ne valait pas le coup de se battre pour une marque qui ne me représentait pas. Ils continuent pour le moment d'exploiter mes uvres sans mon autorisation. »
Une légende urbaine...
Il ne peint plus d'oiseaux, sauf quand on lui demande, et s'éclate à recréer un univers, à peindre avec d'autres artistes (notamment Jakè), à voyager, participer à des festivals Quand on le questionne sur ses inspirations, il repense à ses débuts « Quand j'ai commencé j'ai surtout été influencé par les Suisses. Ils arrivaient à sortir des trucs microscopiques, avec beaucoup de détails et des traits hyper fins. Sachant qu'une bombe ça fait 2cm, 2cm et demi, ils sortaient des traits de 2mm ! J'étais choqué. Du coup je me suis mis à faire plein de personnages à la Star Wars, Alien, bon ça ressemblait un peu à rien. J'ai toujours préféré les personnages... et j'étais dans un collectif où tout le monde faisait des lettrages. Puis s'est posée la question de peindre en grand et en illégal : faire des trucs tout petits dans le noir c'est compliqué, et quand tes potes balancent des trucs énormes et toi des trucs minuscules qui passent inaperçus, tu changes de technique. J'en suis venu à faire des grosses couleurs à plat, des traits plus épais, à changer complètement la forme de mes personnages. »
Pec est l'objet d'une légende urbaine, selon laquelle il aurait reçu une autorisation écrite de la Ville de Lyon pour peindre sur le périph'. Cart'1 nous raconte l'histoire du coup de fil du Grand Lyon sur son portable (« - on aime bien ce que vous faites » ; « - où est-ce qu'ils ont trouvé mon numéro ? »). Pec démonte tout : « Mais bien sûr ! C'est une fable. Je n'ai absolument pas d'autorisation. J'ai la chance qu'ils n'effacent pas mes uvres, mais je n'ai rien demandé. Un jour, j'ai été contacté par la SNCF et j'ai travaillé pour eux parce qu'ils aimaient bien ce que j'avais fait en vandale sur leur réseau ! La Ville de Lyon, c'est le même retour. Mais sur le périph' je me fais arrêter comme les autres et je prends les mêmes amendes que les autres. C'est un système complètement fou. En même temps, je fais quelque chose d'illégal donc s'il y a des sanctions, c'est normal. Quand tu fais du graffiti, tu sais ce que tu risques. Je n'ai pas d'autorisation. Je n'ai pas de papier. Si même Cart'1 le croit, ça va être compliqué (rires) ! »
TrubLyon
Festival de street artCollège Maurice Scève 8 rue Louis Thévenet Lyon 4ece spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
PecBirdy+KidsTrubLyonStreet+Art FacebookTwitterEmail
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PublicitéExposition | Créée en 2018 à Paris pour la Cité des Sciences et de lIndustrie, lexposition Effets spéciaux, crevez l'écran ! trouve avec le Pôle Pixel, centre névralgique régional des industries culturelles, multimédiatiques et créatives, le lieu idoine pour laccueillir.
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Continuer à lireStreet Art | Big Ben rend hommage à l'auteur de Rebel Rebel disparu il y a un an, avec une uvre intense à dénicher au cur des pentes de la Croix-Rousse.
Louis Beaufort | Mardi 24janvier 2017
« Jessayais pratiquement tout. Jétais vraiment avide de découvrir tout ce que la vie avait à offrir, de la fumerie dopium à nimporte quoi dautre. Et je pense que jai fait à peu près tout ce quil est possible de faire. Sauf des choses vraiment dangereuses, comme être un explorateur. Mais je me suis introduit dans la plupart de tout ce que la culture occidentale a à offrir. »Cette citation fait référence à un moment sombre de l'année 2016. Pour le monde de la musique, et bien au-delà. Nous ne faisons bien évidemment pas allusion à la dernière tournée de Keen'V, mais à la mort de David Bowie : véritable icône de la pop culture, ce fut la première étoile disparue de cette année mortifère, laissant derrière elle des millions d'admirateurs attristés.Parmi eux, l'artiste Big Ben. Dès l'annonce du décès, ce dernier savait qu'il dédierait l'une de ses pièces à Bowie : il s'agissait juste de trouver l'endroit idéal pour lui rendre hommage. Peintre pochoiriste depuis 2012, Big Ben utilise les mu
Continuer à lireVilla Gillet | Normalien, directeur de rédaction du magazine Alternatives économiques, enseignant, chroniqueur à la radio et directeur du think tank de centre gauche Terra (...)
Jean-Emmanuel Denave | Mardi 17janvier 2017
Normalien, directeur de rédaction du magazine Alternatives économiques, enseignant, chroniqueur à la radio et directeur du think tank de centre gauche Terra Nova, Thierry Pech a encore le temps d'écrire des livres, dont ce dernier essai : Insoumissions. Il y compose le portrait d'une France contemporaine qui aurait mis fin (sous les coups de boutoir du capitalisme), ou presque, au contrat social d'après guerre : « sécurité professionnelle, éducation et pouvoir d'achat contre subordination salariale, consommation de masse et docilité politique. »Certains, selon l'auteur, en profitent pour inventer d'autres modes d'existence sociale : slashers (trentenaires qui mènent plusieurs activités de front), hackers, nouveaux entrepreneurs, consommateurs responsables, etc... D'autres, plus nombreux, vivent la sortie du salariat comme un drame et une précarité désastreuse, rejoignant pour beaucoup les rangs du populisme et du Front National.Il y aurait, pour Thierry Pech, des « insoumissions créatives »
Continuer à lireECRANS | La première partie de lindispensable uvre de Costa-Gavras est à redécouvrir en DVD. Et lhomme, prodigieux dhumanité comme dhumilité, à rencontrer.
Vincent Raymond | Mardi 22novembre 2016
Comme Roman Polanski, Costa-Gavras est de ces auteurs multiculturels dont le cinéma français peut senorgueillir. Et qui a pu accomplir une carrière aussi diverse grâce à louverture desprit et laccueil bienveillant de la profession hexagonale à son égard dans ses jeunes années cest, en tout cas, le constat que le cinéaste opère aujourdhui dans le passionnant entretien réalisé par Edwy Plenel, bonus de LIntégrale Volume 1 (1965 1983) (Arte Cinéma). Un coffret réunissant ses neuf premiers longs-métrages, dont la parution vaut la visite lyonnaise de cet indispensable géant.Gavras, de Costa à ZÀ la fois conteur et conscience de son époque, Costa-Gavras na cessé de secouer des mentalités assoupies par des uvres lucides sur létat du monde. Son cinéma, qui ne se réduit pas au champ du seul cinéma politique, est davantage celui de plusieurs interrogations : peut-on saffranchir des carcans et des idéologies barbares voir la trilogie Montand avec Z
Continuer à lireMusée d'Art Contemporain | Le Musée d'art contemporain réunit une dizaine d'artistes urbains internationaux, et tente une exposition paradoxale : montrer dedans ce qui ne peut exister que dehors.
Jean-Emmanuel Denave | Mardi 18octobre 2016
Les prémices du street art, il est vrai, proviennent historiquement du champ de l'art contemporain, et il est d'une certaine manière logique qu'il y revienne, même dans l'enceinte un peu "officielle" d'un musée. Les précurseurs de l'art urbain se nomment Ernest Pignon Ernest qui peint au pochoir en 1963 sur le Plateau d'Albion en réaction à la nucléarisation militaire, les étudiants des Beaux-Arts de Paris qui créent de multiples affiches pour Mai 68, Keith Haring qui peint sur les espaces publicitaires libres du métro new-yorkais au début des années 1980...À Lyon, une dizaine d'artistes de rue venus des quatre coins de la planète (La Réunion, Mexique, Ukraine, Pérou, Chine...) investissent les cimaises du MAC de leurs couleurs chatoyantes, de leurs figures allègres et rythmées, et de leur sens virtuose du trait direct et imaginatif. Le tout chapeauté par un commissaire d'exposition qui à lui seul fait caution : Julien Malland (né en 1972), alias Seth, qui a débuté ses uvres dans les années 1990 sur les murs du 20e ar
Continuer à lireStreet Art | « Gloire à l'art de rue, jusqu'au bout art de rue » : c'est par ces premiers mots en 2001 que la Fonky Family rendait hommage aux activistes de l'art (...)
Louis Beaufort | Vendredi 16septembre 2016
« Gloire à l'art de rue, jusqu'au bout art de rue » : c'est par ces premiers mots en 2001 que la Fonky Family rendait hommage aux activistes de l'art urbain. Depuis des décennies, la rue a toujours été un support privilégié pour quiconque voudrait partager, se faire entendre et fédérer.C'est avec cette volonté que le festival Graff-ik Art lancera sa 4e édition du 17 septembre au 1er octobre, sur le thème : LArt de transmettre ?. Un rassemblement sur plusieurs journées, centré sur les arts urbains (graphiques, musicaux et chorégraphiques), des performances live et des ateliers dinitiation collaboratifs.En parallèle et toujours avec la même assiduité, différentes galeries continueront de promouvoir les valeurs généalogiques du street art. L'occasion de réfléchir sur la thématique de Lart Engagé chez Spacejunk avec une sélection de six artistes (re)connus pour leurs démarches humanistes et sociales :
Continuer à lireStreet Art | À l'occasion de sa future exposition Wall drawings, Icônes urbaines, le Musée d'art contemporain ouvre ses portes lors du montage (du 10 au 28 septembre, (...)
Jean-Emmanuel Denave | Vendredi 9septembre 2016
À l'occasion de sa future exposition Wall drawings, Icônes urbaines, le Musée d'art contemporain ouvre ses portes lors du montage (du 10 au 28 septembre, sauf le dimanche 25) et vous propose de découvrir en direct plusieurs artistes internationaux (venus de Chine, du Pérou, de La Réunion ou de Belgique) en pleine phase de création.Entrée libre et réservation conseillée en cliquant ici
Continuer à lireNuits Sonores | En guise de concert spécial, après le coup de mou Nan Goldin-ien de l'an dernier, Nuits Sonores dégaine rien moins que l'arme atomique sans se départir de son goût du concept : Mogwai venant y jouer son dernier album, Atomic.
Stéphane Duchêne | Mercredi 4mai 2016
Dans la grande tradition, plutôt récente, désormais convenue mais néanmoins toujours intéressante conceptuellement et esthétiquement, du concert où un groupe mythique vient jouer intégralement et souvent dans l'ordre l'un de ses non moins mythiques albums, Nuits Sonores propose cette année un beau compromis. Mais un compromis, c'est paradoxal, plutôt radical : inviter un groupe sinon mythique, du moins culte les Ecossais de Mogwai, référence du post-rock n'ayant jamais vraiment fait les choses comme tout le monde,et lui faire jouer non seulement son récent dernier album qui n'a donc pas encore eu le temps d'infuser l'esprit de son public comme ont pu le faire les classiques Young Team, Rock Action ou Come on die young. Mais qui plus est un album qui n'était peut-être pas destiné à en être un, au sens, là encore, classique du terme. On s'explique.En 2015, Mogwai écrit le score d'un film réalisé par Mark Cousins pour la BBC à l'occasion du 70e anniversaire d'Hiroshima. Une petite "sucrerie" documentaire entièrement constituée d'images d'archives et consacrée à la question nucléaire, à la mort mais aussi à la vie à l'âge atomique, d'Hiros
Continuer à lireECRANS | Après une année cinématographique 2015 marquée par une fréquentation en berne plombée surtout par un second semestre catastrophique du fait de labsence de films qualitatifs porteurs , quel sera le visage de 2016 ? Outre quelques valeurs sûres, les promesses sont modestes
Vincent Raymond | Mardi 5janvier 2016
Lan dernier à pareille époque se diffusaient sous le manteau des images évocatrices illustrant la carte de vux de Gaspar Noé et extraites de son film à venir, Love ; le premier semestre 2015 promettait dêtre, au moins sur les écrans, excitant. Les raisons de frétiller du fauteuil semblent peu nombreuses en ce janvier, dautant que, sauf bonheur inattendu, ni Desplechin, ni Podalydès, ni Moretti ne devraient fréquenter la Croisette à lhorizon mai seul Julieta dAlmodóvar semble promis à la sélection cannoise. Malgré tout, 2016 recèle quelques atouts dans sa manche Ce qui est sûr...Traditionnellement dévolu aux films-à-Oscar, février verra sortir sur les écrans français The Revenant (24 février) de Iñarritu, un survival dans la neige et la glace opposant Tom Hardy (toujoursparfait en abominable) mais surtout un ours à linsubmersible DiCaprio. Tout le monde saccorde à penser que Leonardo devrait ENFIN récupérer la statuette pour sa prestation il serait temps : même Tom Cruise en a eu une jadis pour un second rôle.Sil nest pas encore une fois débordé par un outsider tel que
Continuer à lireMUSIQUES | 5 RDV nocturnes à ne pas manquer d'ici le 22 avril : Audio Werner au DV1, DJ Deep à la Plateforme, la 45 Live Party du Kafé, la Dial Label Night du Sucre et Soundstream au Kao.Benjamin Mialot
Benjamin Mialot | Mardi 7avril 2015
11.04 In/side #10De bourdonnements en cliquetis, il est fréquent qu'un morceau de musique électronique soit accueilli par des comparaisons avec des bruits d'insectes. Le Berlinois Audio Werner, fondateur du label Hartchef Discos, a pris la chose au pied de la lettre : Zwrtshak Drive, le petit tube de house minimale qui l'a fait connaître en 2004, était porté par le chant de centaines de crickets. Il n'a depuis pas renouvelé l'expérience. Des morceaux pareillement obliques et maniaques, il en a en revanche enregistré suffisamment pour que la seule annonce de sa venue au DV1 nous mette des fourmis dans les jambes.
Continuer à lireMUSIQUES | Couronné roi du nu-disco septentrional sur la foi de singles à l'humeur badine contagieuse, le Norvégien Todd Terje déjoue les attentes avec un album de musique de salon ultra-sophistiqué. Sacré bonhomme.Benjamin Mialot
Benjamin Mialot | Mardi 8avril 2014
An de grâce 885 : après des décennies à faire flancher les défenses franques, les Vikings, qui compensent leur infériorité numérique par l'effroi qu'inspirent leur irrespect du sacré et leur maîtrise de l'effet de surprise, s'accaparent ce qui deviendra la Normandie. An de grâce 2014 : rebelote, les Scandinaves sont à nos portes et cette fois, du haut de ce drakkar aux airs de navire de croisière que manuvre Todd Terje depuis le milieu des années 2000, ils n'ont pas l'intention de se contenter d'un bout de littoral.C'est en tout cas ce que laisse entendre It's Album Time, le très attendu premier long-format du Norvégien constituant, sous des airs de pochade moroderienne pour cocktail au milieu de la Mer des Caraïbes - ou de bande son rêvée d'un épisode du jeu d'aventure ringardo-coquin Leisure Suit Larry (un morceau sintitule d'ailleurs Leisure Suit Preben, tandis que sur la pochette Terje porte la tenue emblématique de l'éternel puceau pixelisé qui donne son nom à la série) - une déclaration de guerre à notre très sainte French Touch.A la bonne heureDelorean Dynamite ?
Continuer à lireARTS | Invader a ses envahisseurs pixelisés, héritiers de faïence de ceux que massacra toute une génération d'early gamers au début des années 80. Thomas Vuille a M. (...)
Benjamin Mialot | Mardi 11mars 2014
Invader a ses envahisseurs pixelisés, héritiers de faïence de ceux que massacra toute une génération d'early gamers au début des années 80. Thomas Vuille a M. CHAT, matou rigolard et ailé dont on s'étonnera toujours qu'il n'ait pas fait des petits dans le comté de Cheshire. Les Birdy Kids, eux, ont de tout aussi identifiables volatiles au plumage acidulé et atteints de strabisme divergent, dont ils recouvrent éléments de mobilier urbain (comme les bowls du skate park des berges du Rhône) et produits dérivés depuis vingt-cinq ans. Initiée dans la clandestinité et devenue au gré de son expression à travers l'Europe un gagne-pain légitime, cette démarche de réenchantement du béton est pour le moins salutaire. Elle trouve toutefois sa limite dans la revendication de sa vacuité : là où Invader se présente comme un hacker et pense son art comme une contamination et où Vuille, avant de se rapprocher des collectivités territoriales, définissait sa mascotte autant comme un vecteur d'optimisme que comme un défi lancé à l'autorité, ce trio parisiano-lyonnais avoue n'avoir d'autre
Continuer à lireMUSIQUES | Vieilli, usé, fatigué, Depeche Mode ? Sûrement pas : entre recettes maison, perpétuelles innovations sonores et production fureteuse et grandiose, les trois Anglais donnent avec "Delta Machine" un aperçu détonnant de leurs obsessions blues. Le blues couleur pétrole dun groupe qui, à lâge du Christ, na de fossile quune inépuisable énergie sans cesse transfigurée. Stéphane Duchêne
Stéphane Duchêne | Vendredi 17janvier 2014
Dinspiration affichée Violator / Songs of Faith & Devotion / Ultra, Delta Machine aurait pu nêtre que laddendum tardif et donc éculé, à bout de souffle et de soufre, dune quadrilogie fantasmée. Mais le trio de Basildon (soit lHydre Gahan-Gore, affublée de la "Super Nanny" Andy Fletcher, homme-lige de toujours), guère enthousiasmant sur ses précédentes sorties plus électro, retrouve le moyen de programmer ses machines et plus largement le rouleau compresseur DM lui-même aux confins de leurs possibilités pop.La production confiée aux vieux briscards Ben Hillier et Flood saffiche en bouillon de culture vénéneux découlant dun vaste bayou sonique où rock et électro sont indémêlables, où lun et lautre se hantent, autour de pop songs plus sophistiquées quon ne le croit et pourtant universelles car enfin DM renoue avec les tubes qui ont fait sa grandeur.Filons et trésorsDepeche Mode, cest un fait, na jamais fait la révolution, sa révolution, quà de rares occasions, et jamais de manière violente y compris sur lembardée gospelo-grunge de Songs of Faith & Devotion. Mais a toujours évolué en une sorte de porosité bowienne à lair du
Continuer à lireMUSIQUES | A force de la pratiquer, on le sait, la programmation musicale nest régie par rien dautre que les antiques lois de léternel retour. Nouvelle année, nouveau printemps, perpétuel recommencement. Stéphane Duchêne.
Stéphane Duchêne | Jeudi 2janvier 2014
On peut, en cette période dEpiphanie généralisée et à la manière de Nietzsche dans le Gai Savoir, voir l«éternel retour du même» comme une malédiction ou une bénédiction. Cest tout lenjeu de lexpérience humaine. Pour ce qui nous intéresse ici, gageons quil faille prendre le mouvement renouvelé des saisons musicales, la succession des «cycles de manifestation», pourrions nous-dire en tordant un concept si cher à lessayiste Pacôme Thiellement, comme une chance de (re)vivre des instants essentiels.A ceux pour qui rater un concert équivaut à passer à côté de sa vie, quelle belle saison souvre devant vous après un automne de carême : auriez-vous loupé, en vrac, le lutin démiurgique Woodkid (le 21 février à la Halle), les exorcistes de la «Mauvaise Nouvelle» Fauve («Ne crains rien, car je suis avec toi. ( ) Je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante
Continuer à lireECRANS | À l'heure du bouclage lundi dernier, nous ne disposions pas du programme de la semaine du Cinéma Lumière. Il est tronqué, et même faux, dans la version papier (...)
Nadja Pobel | Mercredi 6novembre 2013
À l'heure du bouclage lundi dernier, nous ne disposions pas du programme de la semaine du Cinéma Lumière. Il est tronqué, et même faux, dans la version papier du journal parue ce mercredi.La programmation du 6 au 12 novembre est la suivante :Avant-première :The Immigrant V.O.De James Gray (EU, 1h57) Mer 21h15Furyo V.O.De Nagisa Oshima (1983, Jap, 2h06)Mer 16h30Une femme douceDe Robert Bresson (Fr, 1h28)Sam 14h30L'Ami retrouvé V.O.De Jerry Schatzberg (1h50)Sam 16h15 - lun 14h15L'Impasse V.O.De Brian de Palma (2h24)Sam 21h - dim 19h - lun 18h30 - mar 18h15Nos plus belles années V.O.De Sydney Pollack (1h58)Dim 16h45 - lun 16h15 - mar 21hRétrospective Tarantino
Continuer à lireCONNAITRE | Jérome Catz, Editions Flammarion
Benjamin Mialot | Vendredi 19juillet 2013
Si tout le monde ou presque voit à peu près à quoi correspond le street art, les choses se compliquent nettement lorsquil sagit de le définir un peu plus précisément. Quand démarre exactement ce courant artistique ? Quelles disciplines recouvre-t-il ? De quelle manière sest-il développé sur chaque continent ? Quel rapport entretient-il avec lart contemporain ? Est-il porteur dun propos politique ? Ce sont à ces différentes questions (et une pléiade dautres !) que tente de répondre Jérome Catz, fondateur grenoblois du réseau de centres dart Spacejunk et commissaire dexposition indépendant, à travers ce dixième volume de la collection Mode demploi.Après une première partie consacrée à sa définition, et une deuxième à ses moyens dexpressions (graffiti, pochoir, tag & lettrage, interventions, sculptures urbaines, collage, anamorphose ), le livre bifurque ensuite sur un état des lieux du street art continent par continent et une sélection de trente artistes essentiels, que viennent enfin compléter une multitude de petites rubriques bien pensées (mots-clefs, dates repères, premières fois, liens avec lart
Continuer à lireECRANS | Qui, du nihilisme de son auteur ou de son ressentiment vis-à-vis dune industrie hollywoodienne n'ayant cessé de le rudoyer, a entraîné le cinéma de Sam Peckinpah sur une pente damertume qui fait aujourdhui encore toute sa modernité ? Réponse grâce à la rétrospective que lui consacre lInstitut Lumière Christophe Chabert
Christophe Chabert | Jeudi 2mai 2013
Au cur dun des plus beaux films de Sam Peckinpah, Apportez-moi la tête dAlfredo Garcia, on trouve une séquence qui étonne à chaque nouvelle vision. Tout commence par une fusillade entre lanti-héros Benny (Warren Oates, acteur fétiche et alter ego parfait du cinéaste) et deux tueurs poursuivant le même but que lui : retrouver Alfredo Garcia, séducteur mexicain qui a eu le malheur de mettre enceinte la fille dun riche propriétaire terrien, affront que celui-ci ne digère pas et qui le pousse à mettre sa tête à prix. Sensuit un pur moment de mise en scène à la Peckinpah où la violence est déconstruite par des ralentis qui créent deux temporalités désynchronisées il y a ceux qui meurent et celui qui survit.Mais le cinéaste place un addendum inattendu à la scène : un des deux tueurs se rapproche de lautre à lagonie et murmure son nom avec des sanglots dans la voix. Au-delà de la révélation de leur homosexualité, cest ce moment de tendresse désespérée qui saisit le spectateur. Apportez-moi la tête dAlfredo Garcia (1974) pousse le nihilisme de Peckinpah jusquau point où la
Continuer à lireARTS | Malgré leur mort clinique annoncée, les revues dart bougent encore. Mieux, à Lyon, "Initiales" vient de naître à lEcole des Beaux-Arts. Et dautres, guère plus anciennes (Hippocampe, Specimen, Rodéo), nous donnent rendez-vous pour une rencontre avec leurs responsables à la galerie Descours.Jean-Emmanuel Denave
Jean-Emmanuel Denave | Jeudi 7février 2013
Désuet le papier ? Enterrées les revues ? Passée de mode la critique dart prenant son temps et son souffle ? A Lyon, en lespace de quelques mois et à contre-courant de toutes les idioties proférées sur le tout numérique, trois revues dart de qualité ont vu le jour. Et cest loin dêtre laffaire de "vieux cons" hors de lépoque et ne sachant pas manier une souris Gwilherm Perthuis, qui na pas passé la barre de la trentaine, a fondé il y a quelques années la belle revue semestrielle et pluridisciplinaire Hippocampe (arts, littérature, sciences humaines), dont nous avons déjà fait léloge dans ces colonnes et qui sortira ces jours-ci un nouvel opus consacré au Liban. Non content de cela, lagitateur didées a lancé en octobre dernier un mensuel du même nom : quatre grandes pages débordant de textes où lon peut lire de longues critiques dexpositions, des chroniques de spectacles, de livres ou de disques. Dans un premier édito tonitruant, il écrit : «De plus en plus de médias publient des papiers généraux sur des expositions qui nont pas encore ouvert leurs portes et sur lesquelles ils proposent simplement quelques arguments tirés des dossiers de presse. Les mag
Continuer à lireCONNAITRE | Richard SchickelÉditions de la Martinière
Christophe Chabert | Mardi 5février 2013
Aussi étrange que cela puisse paraître, peu douvrages ont été consacrés à la filmographie pourtant conséquente de Steven Spielberg. La réponse à ce mystère est partiellement avancée par Richard Schickel dans cette «rétrospective», beau livre richement illustré où lauteur ne cache pas son admiration pour luvre, même sil émet parfois des réserves surprenantes concernant certains opus Minority report, notamment. Le succès remporté par Spielberg tout au long de sa carrière et sa capacité à passer dun registre "sérieux" à un autre plus léger et ouvertement divertissant a longtemps rendu le cinéaste suspect aux yeux de la critique.De fait, on découvre dans ce travail made in USA que la défiance envers le cinéma de Spielberg nest pas seulement lapanage dune partie de la critique française qui sest exprimée, encore, lors de la sortie de Lincoln. La presse américaine aussi lui a toujours cherché des poux dans la tête, lui reprochant tantôt de se complaire dans le cinéma pop corn, tantôt de saventurer vers des sujets qui le dépassent. Or, c
Continuer à lireMUSIQUES | «Nuits Sonores n'est pas un festival de blockbusters». La phrase est de Vincent Carry, le directeur de Nuits Sonores et elle a rarement été aussi appropriée que pour l'édition 2013 du festival, l'équipe d'Arty Farty ayant choisi de rester stable sur ses fondamentaux plutôt que de se lancer dans la course à la surenchère que laissait entrevoir le très solennel dixième anniversaire de l'événement.Benjamin Mialot
Benjamin Mialot | Jeudi 24janvier 2013
Ça pour une belle fête d'anniversaire, c'était une belle fête d'anniversaire : de l'édition du bouquin commémoratif 10 ans sans dormir à l'accueil des séminaux New Order en passant par la conclusion de sa programmation nocturne sur un plateau secret, le festival Nuits Sonores a l'an passé mis les petits plats dans les grands au moment de célébrer sa décennie d'existence. A tel point qu'on ne voyait pas bien comment il allait pouvoir poursuivre sa croissance sans verser dans l'excès. Arty Farty nous a ouvert les yeux ce matin : l'édition 2013 de l'événement ne sera ni plus maousse ni plus timide que les précédentes, elle sera dans leur droite lignée, c'est-à-dire urbaine, sélective, éclectique et réflexive. A ceci près qu'elle durera six jours, mitoyenneté calendaire du 8 mai et de l'Ascension oblige.Pour le reste donc, les habitués du festival seront en terrain connu, en tout cas pour ce qui concerne la partie diurne des
Continuer à lireMUSIQUES | Trust se serait donc une nouvelle fois reformé pour une tournée qui passerait par le Sonic ? Il faudrait être naïf pour le croire mais sur le papier tout porte à croire que c'est effectivement le cas. À moins qu'on ait affaire là à un cas dhomonymie caractérisé et accidentel. Ce sont des choses qui arrivent. Stéphane Duchêne.
Stéphane Duchêne | Vendredi 11janvier 2013
Bien, asseyons-nous tranquillement, détendons-nous les jambes nous en aurons besoin plus tard pour danser et évacuons d'entrée le malentendu qui sourd à l'horizon car on voit d'ici les fans d'un certain groupe punk français avoir des vapeurs anti-sociales et perdre leur sang froid. Alors voilà : non, Trust n'est pas la formation culte de Bernie Bonvoisin et du guitariste Nono de toute manière une récente jurisprudence passée totalement inaperçue interdit, on cite, «à tout guitariste d'une formation d'inspiration rock de se faire appeler Nono, ça fait plouc». Précisons que cela vaut également pour les Dédés, les Gégés, les Momos, tous invités à se tourner vers l'accordéon ou la guitare manouche.Certes, on n'est pas beaucoup mieux barré avec le chanteur de notre Trust à nous : Robert Alfons, un patronyme qui fait davantage sous-secrétaire d'État aux hémorroïdes que rock star. Reste qu'avec son binôme Maya Postepski (on progresse), Robert est à la tête d'un Trust au magnétisme certain. Le genre de truc qu'on écoute sans trop y penser et qui vous colle au papier peint avant de vous envelopper avec, façon chrysalide.Confusion des gen
Continuer à lireECRANS | De Carlos Sorin (Arg, 1h18) avec Alejandro Awada, Victoria Almeida
Christophe Chabert | Jeudi 20décembre 2012
La Patagonie, Carlos Sorin la connaît bien ; cest là quil tourna le film qui la rendu célèbre et quil na jamais réussi à dépasser depuis Historias Minimas. Jours de pêche en Patagonie est aussi une de ces "petites histoires" façon Raymond Carver.Un quinquagénaire prend la route pour soffrir un week-end de pêche au requin, mais ce nest quun prétexte pour retrouver sa fille, quil na pas vue depuis longtemps. Mauvais mari, alcoolique repenti, Marco tente maladroitement de renouer le contact et cela donne quelques séquences dune belle justesse, très bien écrites et interprétées au cordeau, où les silences trahissent tout le ressentiment de la fille envers son père.Sorin emporte le morceau par la modestie de son propos et son amour pour ses personnages ordinaires, notamment quelques beaux seconds rôles comme ce manager grande gueule dune boxeuse taciturne, eux aussi promis à la désillusion.Christophe Chabert
Continuer à lireMUSIQUES | Le clip de Inspector Norse, le dernier single en date du producteur norvégien Todd Terje est, de mémoire de boulimique de vidéos musicales, l'un des plus (...)
Benjamin Mialot | Vendredi 9novembre 2012
Le clip de Inspector Norse, le dernier single en date du producteur norvégien Todd Terje est, de mémoire de boulimique de vidéos musicales, l'un des plus fun et l'un des plus seyants qu'on ait vu cette année. Tourné à la façon d'un documentaire tout en empruntant aux codes de la fiction indépendante scandinave (la grisaille en plan fixe, les contre-jours brumeux, les gros plans taxidermiques, tout y est), on y fait la connaissance de Marius Solem Johanson, moustachu paumé qui, à l'écoute de «certains types de musique électronique», ne peut s'empêcher de danser. Au bowling, sur les trottoirs de sa banlieue pavillonnaire, au magasin de bricolage, sur la plage, dès qu'il enfile son casque audio, il s'agite en une chorégraphie à mi-chemin d'une routine de qi gong et d'une chasse aux mouches. Et cela en dit long. D'une part, sur l'enjouement contagieux que propagent les tracks de Terje et, a fortiori, les sets qui les inclut (les siens sont, soit dit en passant, réputés pour leur charge érotique). D'autre part, sur la place à part que le bonhomme occupe au sein de la scène nu-disco, alors même qu'il règne sur elle aux côt
Continuer à lireECRANS | À 66 ans, Michel Delpech, chanteur ayant su traverser les époques sans se caricaturer, se réinvente au cinéma dans une fiction où il sincarne lui-même. À moins que ce ne soit un autre ?Christophe Chabert
Christophe Chabert | Dimanche 4novembre 2012
Quand commence LAir de rien, épatant premier film de Stéphane Viard et Grégory Magne, on découvre que le Michel Delpech dont parlent les personnages est bien le Michel Delpech que lon verra à lécran. Une question surgit alors : "Pourquoi Michel Delpech ?" Peu à peu, une autre la remplace : "Qui dautre que Michel Delpech ?"Après la projection, on fait le tour des chanteurs de sa génération pour imaginer un remplaçant possible : Johnny Hallyday ? Trop connu, et déjà embaumé par le cinéma français dans le navet Jean-Philippe. Sardou ? Trop antipathique. Souchon ? Trop sympathique, et pas crédible dans un rôle qui nécessitait fatalement une part de mystère concernant sa propre vie. Car cest bien de cela quil sagit : un chanteur dont tout le monde connaît les chansons, mais dont peu savent litinéraire personnel, et qui pourrait ainsi à loisir entretenir une confusion entre la fiction et la réalité.Chansons ordinairesDelpech confirme : «Cétait une façon de mamuser, de bousculer mon image et mon histoire. Cétait aussi un avantage à mon âge, à cette période de ma vie, dy mettre quelque chose dun peu fou.» Son âge : 66
Continuer à lireECRANS | Un huissier de justice doit soccuper du cas de Michel Delpech, avec qui il se lie damitié puis quil va aider à payer ses dettes. Sur cette idée aussi incongrue que formidable, Grégory Magne et Stéphane Viard signent une comédie réjouissante, toujours juste et discrètement subversive.Christophe Chabert
Christophe Chabert | Mardi 30octobre 2012
Au fin fond de la province, là où le surendettement fait rage, Maître Grégory Morel a repris le cabinet de son père défunt en compagnie dun associé tatillon, Max Paturel. Le quotidien de ces deux huissiers de justice consiste à se rendre chez des quidams pour expertiser leurs biens avant saisie et mise aux enchères. Un jour, Morel tombe sur un client tout sauf ordinaire : Michel Delpech ; le chanteur, retiré de la musique, vit en ermite sans le sou dans une petite maison où il fait de la cibie en amateur. Criblé de contraventions, il doit toutefois payer ses dettes.Pour Morel, cest un cas de conscience : son père était fan de Delpech, et latavisme familial se heurte donc à une plus complexe affaire de transmission. Précisons : si Grégory Morel est incarné par lincroyable Grégory Montel, révélation comique et acteur au bas mot génial, Michel Delpech est Michel Delpech. Dans son propre rôle ? Plus exactement dans les interstices énigmatiques de sa biographie, le film lui inventant notamment une expérience de producteur pour un polar à la française dont laffiche trône encore dans son grenier ! Bougon, peu loquace, lil malicieux mais fatigué, Delpech est formidable e
Continuer à lireECRANS | De Massoud Bakhshi (Iran-Fr, 1h30) avec Babak Hamidian, Mehrdad Sedighian
Christophe Chabert | Jeudi 25octobre 2012
Sinscrivant dans le courant, visiblement en plein essor, du réalisme social iranien, Massoud Bakhshi jette un regard particulièrement sombre et désespéré sur son pays. Le destin du protagoniste se retrouve ainsi obstrué de tous les côtés : le souvenir douloureux dune enfance où son père, violent et tyrannique, est allé jusquà faire subir des électrochocs à sa propre femme qui le déteste au point de refuser largent quil lui lègue, et qui lui permettrait de quitter le pays ; et la rigidité bureaucratique de lÉtat iranien, qui refuse à ce professeur denseigner librement, mais aussi de rentrer en Europe où il a pourtant passé la majeure partie de sa vie. Avec des éclats de cinéma qui rappellent le film noir lenlèvement au début filmé en caméra subjective, mais aussi la séquence avec le frère dans la tour Une famille respectable révèle un cinéaste à suivre, même sil lui manque encore le style et la rigueur dun Asghar Farhadi.Christophe Chabert
Continuer à lireECRANS | Connu pour son sens du mauvais goût, John Waters a enfin droit à lhommage quil mérite avec une rétrospective de son uvre au cours du festival Écrans mixtes. Où la question du cinéma gay sera déclinée à travers des films aussi divers que passionnants.Textes : Christophe Chabert
Christophe Chabert | Jeudi 1mars 2012
Il fut un temps (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, même sils ont téléchargé comme des malades sur Megaupload) où le cinéma avait une fonction subversive. Si, si Une époque où des cinéastes se contrefoutaient de tourner avec quatre dollars cinquante, persuadés que cette contrainte-là leur autorisait toutes les libertés. Mieux encore : leur marginalité leur permettait de sadresser directement aux vrais marginaux, quand ils ne les montraient pas sur lécran. Et, cerise sur le gâteau, leurs films faisaient figure de gros fuck lancé à la face du cinéma commercial, dont ils nhésitaient pas à détourner dans une version underground et satirique les pires clichés. Leur pape sappelait John Waters et derrière son élégance (costard impeccable et moustache finement taillée) se cachait un sens admirable du mauvais goût et de la vulgarité. Un gentleman punk et gay.Divine mais dangereuseLa réputation de John Waters commence avec son troisième long-métrage, Pink flamingos (1972) qui va devenir un classique des Midnight movies, ces films diffusés le week-end à minuit mais qui tiennent laffiche pendant des années. Cela fait
Continuer à lireSCENES | Depuis 1998, les mises en scène de Gwenaël Morin (né en 1969) n'ont guère changé : absence de décors, d'effets spectaculaires et de costumes, pour un (...)
Jean-Emmanuel Denave | Vendredi 20janvier 2012
Depuis 1998, les mises en scène de Gwenaël Morin (né en 1969) n'ont guère changé : absence de décors, d'effets spectaculaires et de costumes, pour un investissement total de la présence et de la parole de l'acteur. Il adapte au Point du Jour un texte de jeunesse de Peter Handke, Introspection, écrit en 1966 et qui recèle bien des idées qui éclateront au grand jour en... mai 1968. Ce monologue pour deux personnages est ici interprété par un chur (antique et contemporain) de sept acteurs, la plupart du temps simplement en ligne face au public. Il y est question de lhistoire d'un être humain, de sa naissance à aujourd'hui, en passant par toutes les étapes de sa vie, ses déboires, ses espoirs et ses transgressions. Le texte est acide, drôle, répétitif, vindicatif, poétique, musical : le chur se fait d'ailleurs aussi souvent chorale (des moments chantés et surtout des moments rythmiques où le texte est scandé). Et l'on retient de cette stimulante mise en scène la mise en collectif du singulier, en multiplicité de l'individuel. Un «Je» parle ou chante en chur : façon à la fois de s'aliéner aux autres (le règlement) ou de pouvoir lutter, se révolter, résister en s
Continuer à lireECRANS | De Stéphane Rybojad (Fr, 1h47) avec Diane Kruger, Djimon Hounsou
Dorotée Aznar | Vendredi 28octobre 2011
Larmée de terre, cest super, mais les forces spéciales, cest encore mieux. Franchement, y a une super ambiance de camaraderie virile, on sort des vannes entre deux fusillades, on voyage dans plein de pays, on peut buter autant denturbannés quon veut et on fait tomber toutes les meufs, même les journalistes gauchistes qui sous-entendent quon na rien à foutre en Afghanistan (les putes). Cest simple, ces enfoirés de terroristes ne sont en fait que des jaloux, qui kiffent leur race quand ils trouvent par hasard un tube de Nestlé (©). Fort de toutes ces constatations, Stéphane Rybojad emballe donc la version (très) longue du récent spot de larmée de terre avec une réalisation insupportable à force de décadrages et un scénario qui ne relève pas vraiment de la suspension dincrédulité, mais plutôt de sa pendaison. Aux deux tiers du film, coupant court à un magnifique débat sur lingérence militaire, le personnage de Djimon Hounsou, sexprimant vraisemblablement pour lauteur du film, déclare «On nest pas là pour faire de la politique». Malgré le niveau de bêtise réactionnaire et dirresponsabilité de Forces spéciales, on réalise, fasciné, qu
Continuer à lireSCENES | Ses spectaculaires relectures rock et multimédia de Shakespeare (Hamlet et Richard III) ont fait de David Gauchard un metteur en scène important, qui ne (...)
Dorotée Aznar | Vendredi 2septembre 2011
Ses spectaculaires relectures rock et multimédia de Shakespeare (Hamlet et Richard III) ont fait de David Gauchard un metteur en scène important, qui ne sacrifie pas le dramaturge anglais sur lautel de la mode mais le resitue comme un formidable raconteur dhistoires pleines de bruit et de fureur. Changement de registre toutefois cette saison, puisque cest le répertoire comique shakespearien quil adapte : André Marcowicz signe une nouvelle traduction de ce Songe, et cest lexcellente Laetitia Shériff qui viendra lui donner de la voix en live sur scène.Lundi 23 et mardi 24 janvier au Théâtre de Villefranche ; du mardi 7 au vendredi 10 février à La Renaissance
Continuer à lireSCENES | La Cie La Cordonnerie de Samuel Hercule et Métilde Weyergans continue son joyeux périple cinématographico-théâtral à travers les mythologies, revues par (...)
Dorotée Aznar | Vendredi 2septembre 2011
La Cie La Cordonnerie de Samuel Hercule et Métilde Weyergans continue son joyeux périple cinématographico-théâtral à travers les mythologies, revues par limaginaire débridé et enfantin des acteurs-auteurs-metteurs en scène. Ici, Hamlet donne lieu à une mise en abyme où limage révèle des mystères enfouis, où les combats rendent hommage aux films de cape et dépée, où les héros shakespeariens deviennent des super-héros (presque) hollywoodiens Jeudi 1er et vendredi 2 mars à La Renaissance ; samedi 12 mai à Villefranche.
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