Test du porte-clé connecté Tile | iGeneration
Tile est un tout petit carré blanc capable de se connecter à un smartphone et surtout d’être détecté par un smartphone. Il fonctionne comme un porte-clé connecté, mais pas seulement : par rapport à ses multiples concurrents, ce carré peut être associé à tout et n’importe quoi. La télécommande que vous perdez tout le temps sous les coussins, le sac qui contient des éléments essentiels ou même votre ordinateur : ce Tile doit vous permettre de ne plus rien perdre. Et en cas de perte, n’importe quel utilisateur peut repérer l’objet perdu et vous signaler sa position !
Les porte-clés connectés ne manquent pas, mais le Tile propose quelques options originales. Est-ce une bonne formule ? Réponse dans notre test !
Prise en main
Le Tile est un produit physiquement très simple. Ce carré de 37 mm de côté dépasse à peine les 5 mm et il ne pèse même pas 40 g. Il est quasiment entièrement blanc, à l’exception du logo de l’entreprise sur une face et quelques inscriptions techniques inévitables sur l’autre face.
Dans le coin supérieur gauche, un large trou permet de l’accrocher, par exemple à un trousseau de clés. Dans ce cas de figure, on peut l’utiliser comme porte-clés connecté et ainsi ne plus perdre ses clés. On reste ici très proche du SmartKey d’Elgato que nous avions testé l’an dernier. Mais la particularité de ce modèle, c’est qu’il n’a pas été conçu uniquement pour les trousseaux de clés.
Le constructeur ne fournit pas le Tile avec des autocollants sans raison. Le produit a été pensé pour être placé dans un sac ou un vêtement, mais aussi collé contre n’importe quel objet, que ce soit un ordinateur (ou son chargeur) ou même la télécommande de la télévision que vous perdez tout le temps. Nous n’avons pas testé cette configuration toutefois, car même si l’appareil est de petite taille, il n’est pas suffisamment petit à notre goût pour le laisser en permanence sur un autre objet.
Que ce soit sur un Mac ou sur une télécommande, le Tile aura peut-être un peu de mal à se faire oublier, mais c’est à vous de voir et on apprécie en tout cas la présence dans le paquet de l’autocollant nécessaire. Sur son blog, le constructeur multiplie les récits de ses clients et prouve ainsi que le produit peut servir dans un grand nombre de configurations. Certains vont jusqu’à le placer sur une planche de snowboard ou sur un drone aérien, ce qui est rendu possible par la conception du capteur.
En effet, le Tile a été pensé pour être très résistant, ce qui passe par une idée simple : il n’y a strictement aucune ouverture dans le produit. Il n’y a pas de connecteur USB pour le charger, puisqu’il est alimenté par une pile. Plus radical encore, il n’y a pas d’ouverture pour changer la pile : l’appareil est livré avec un élément qui doit durer un an et après cela… il est bon pour la casse. Enfin, pas tout à fait : le constructeur s’est engagé à lancer un programme de remplacement avec récupération de l’ancien en échange d’un nouveau à un prix réduit.
En attendant de connaître les termes exacts de cette offre — au moment où nous écrivons ce test, elle n’est pas en ligne sur le site —, précisons que chaque Tile est garanti un an. Si la batterie se vide avant la fin de la première année, on pourra obtenir un neuf gratuitement. C’est bien le minimum et il faut reconnaître que cette idée d’appareil jetable nous gêne un peu. On comprend les arguments en sa faveur et tous les porte-clés connectés que l’on a pu tester jusque-là qui nécessitaient d’être chargés régulièrement étaient bien pires.
Reste que l’on n’achète pas vraiment le Tile, on le loue plutôt et il faudra repasser à la caisse tous les ans. De base, l’appareil est bon marché sur le secteur, puisqu’il est annoncé à 25 $ l’un, ou 17,5 $ l’un si on en achète quatre. Même en ajoutant les frais de port, on reste autour de 18 € pour un exemplaire, à comparer au SmartKey d’Elgato qui s’achète toujours plus de 40 €. Sauf que dès la deuxième année, ce dernier retrouve des couleurs puisqu’il suffit de changer la pile standard intégrée sans avoir à acheter un nouvel appareil.
Le tour du propriétaire est vraiment rapide, mais on pourrait encore signaler que le Tile dissimule un bouton qui sert à arrêter la sonnerie quand elle est activée. L’essentiel est à l’intérieur, avec essentiellement une puce Bluetooth 4 pour communiquer avec le smartphone et des composants pour faire entendre la sonnerie. On aurait quand même aimé trouver dans le paquet un anneau pour accrocher directement l’appareil à un porte-clé, vous devrez l’ajouter vous-même.
À l’usage
Comme tous les appareils connectés, le Tile n’a pas beaucoup d’intérêt sans un smartphone et l’application adaptée. D’ailleurs, pour configurer le produit, la première étape consiste à télécharger l’application Tile [1.0.11 – US – Gratuit - Tile, Inc.] sur votre iPhone ou appareil Android. C’est elle qui permet d’activer les différents Tile que vous aurez à votre disposition et surtout de les associer à un objet.
Lorsque vous recevez le produit, il faut d’abord presser la lettre « e » jusqu’au moment où vous entendrez un son. Même si cela ne se voit pas, cette lettre cache en fait un bouton qui sert à interagir avec le Tile, notamment pour confirmer que vous l’avez retrouvé. Lorsque vous le recevrez, c’est aussi la manière d’activer l’appareil… et donc sa pile. À partir de ce moment, vous pouvez compter sur l’année d’autonomie promise par le constructeur.
Si vous en commandez plusieurs, vous pouvez éviter de les activer immédiatement. Malheureusement, la pile interne est probablement utilisée malgré tout, au moins partiellement. En tout cas, la garantie d’un an proposée par le constructeur s’applique à partir de la date de réception, non de l’activation. Mieux vaut acheter le nombre de Tile nécessaires plutôt que de faire des stocks, et les renouveler quand ils seront vides.
L’entreprise qui a créé le Tile a pensé son produit dans un contexte où chaque utilisateur peut exploiter plusieurs appareils en même temps. Pour éviter les erreurs, on termine ainsi l’activation d’un capteur en le posant directement sur l’écran du smartphone utilisé. Et pour les reconnaître, l’application propose non seulement de nommer chaque élément, mais aussi de prendre le capteur en photo dans son contexte, c'est-à-dire associé à l’objet qu’il suivra.
Une fois cette étape de configuration effectuée, le Tile fonctionne comme on s’y attendait et il permet effectivement de positionner sur une carte chaque objet surveillé, ou encore d’en retrouver un à l’intérieur d’un logement. Dans le premier cas de figure, l’application va s’activer régulièrement pour vérifier si un Tile est à proximité et, le cas échéant, enregistrer sa propre position pour l’associer au capteur. Sur la carte affichée dans l’application, on a ainsi les dernières positions connues de tous les traqueurs associés à son compte, ce qui permet de s’assurer que la voiture est toujours au bon endroit, ou de vérifier si on a oublié ses clés chez soi.
Deuxième cas de figure : vous avez perdu un objet — des clés, par exemple — dans votre logement ou à proximité de vous. La carte ne sert plus à rien, puisque le Tile sera indiqué à votre position, en revanche vous pouvez faire sonner le porte-clé connecté pour les retrouver. Dans l’application, on peut activer la sonnerie du traqueur et ainsi le retrouver au bruit. Par défaut, on n’a que des indications très vagues (l’objet est à portée de mains, ou à quelques pas), mais en tapotant le logo, on peut avoir un indicateur visuel qui sert à savoir si l’on est en train de s’approcher ou de s’éloigner de la « cible ».
Cet indicateur visuel est très apprécié, car la sonnerie utilisée n’est pas très forte. Dans une pièce calme, on l’entend assez bien, mais il suffit d’un peu de bruit de fond, ou bien de recouvrir le Tile, pour que l’on ait du mal à distinguer la provenance du bruit. On entend la sonnerie, mais savoir si elle provient d’un tas de vêtements à droite, ou du canapé à gauche peut vite s’avérer plus difficile qu’escompté. Et on finit par perdre du temps à tout fouiller, ce que l’on aurait fait de toute manière sans le produit. En revanche, l’indicateur visuel fonctionne sans la sonnerie : c’est très pratique pour trouver quelque chose sans faire de bruit.
Comme tous les porte-clés connectés, le Tile dépend du Bluetooth et de sa portée pour être retrouvé. Si vous êtes trop loin, l’appareil ne recevra pas la commande du téléphone et vous ne pourrez pas le faire sonner. Le constructeur indique que sous les 10 mètres, on ne devrait avoir aucun problème. Au-delà, le Bluetooth 4.0 a une portée théorique de 30 mètres, mais ce sera uniquement dans un environnement dégagé, sans obstacle entre votre téléphone et le Tile. L’application affiche un cercle vert quand le terminal est suffisamment proche du capteur pour l’activer.
Quand vous avez retrouvé le Tile, vous pouvez confirmer que tout va bien dans l’application, mais pas en appuyant sur le bouton (sous la lettre e), malheureusement. Dans l’ensemble, la fonction est très satisfaisante toutefois et elle permettra aux plus distraits de retrouver leur portefeuille ou tout autre objet.
En revanche, le Tile ne fonctionne pas dans l’autre sens. Certains produits concurrents peuvent aussi permettre de retrouver son smartphone à partir de son porte-clé, la commande Bluetooth fonctionnant alors dans l’autre sens. Cet appareil reste le plus simple possible et c’est probablement pour cette raison que l’on peut uniquement chercher un Tile, mais pas utiliser un Tile pour chercher son smartphone.
Si l’on peut s’en passer, on aurait apprécié une option pour recevoir une alerte dès qu’un Tile n’est plus connecté à son smartphone. Cette fonction, également proposée par tous les concurrents, est bien utile pour éviter d’oublier ses clés — ou autre chose — au moment de partir. En l’état, en cas d’oubli, on ne pourra que le constater a posteriori, quand il sera probablement trop tard.
En contrepartie, le Tile est le seul à proposer une fonction pour retrouver un objet perdu. Si un capteur n’est pas détecté par le smartphone, vous pouvez le déclarer comme perdu dans l’application. À partir de ce moment-là, si un autre utilisateur passe à proximité de votre Tile déclaré perdu, son smartphone enverra la position GPS aux serveurs de l’entreprise. Et vous recevrez une notification vous informant de cette position.
Cette manière d’exploiter les autres utilisateurs pour retrouver un objet est plutôt bien vue, d’autant qu’il n’y a rien à faire. Tout fonctionne à l’arrière-plan et la personne qui passera à côté de votre Tile vous aidera à le retrouver sans même le savoir. Reste que cette fonction n’a aucun sens s’il n’y a aucun autre utilisateur dans les environs, et c’est probablement le cas aujourd'hui. Ajoutons que si quelqu’un trouve un exemplaire dans la rue, il doit installer l’application et créer un compte pour qu’il puisse le signaler : on aurait aimé un processus plus simple.
Le succès devra être énorme avant que cette fonction prenne tout son sens, et rien ne dit que ce sera le cas un jour. Sans compter que la géolocalisation n’a plus aucun intérêt si l’objet est en déplacement : vous n’aurez qu’une idée de son emplacement à un instant t, guère plus. Toutefois, ne soyons pas trop sévères : cette fonction peut être très pratique dans un cadre familial. Si plusieurs personnes utilisent des Tile, on pourra ainsi savoir où se trouve un objet sans avoir à poser la question et simplement en le déclarant perdu dans l’application.
Pour conclure
Le Tile s’ajoute à la longue liste des porte-clés connectés, mais il le fait avec quelques idées originales. Elles ne sont pas toutes bonnes, car même si l’on comprend les arguments avancés par le constructeur en faveur d’une pile que l’utilisateur ne peut pas changer, il n’en reste pas moins que ce produit est jetable. Même en comptant sur le renouvellement à prix réduit, mais un prix qui reste inconnu, on est sur le modèle de l’abonnement plutôt que de l’achat.
Au total, le Tile a beau être affiché moitié moins cher que certains de ses concurrents, le prix remonte vite au fil des années et il sera vite préférable d’acheter le SmartKey d’Elgato, ou un autre modèle. Cela étant, il faut aussi reconnaître que le produit est très bien fini, qu’il est assez petit pour se glisser sans problème dans un porte-clé ou au fond d’un sac — on est plus sceptique pour l’accrocher au dos d’un Mac ou d’un autre ordinateur toutefois — et qu’il est très solidement conçu. On peut lui faire affronter les aléas de la vie sans inquiétude, c’est du solide et rien ne bouge.
Sa simplicité est sans conteste son point fort. Il y a bien un bouton sur le Tile, mais il ne sert à rien, ou presque. C’est un capteur essentiellement statique, toute l’intelligence a été déportée dans le smartphone qui se charge de détecter l’appareil et ensuite d’enregistrer sa position. C’est aussi lui qui déclenche et arrête l’alarme intégrée et c’est lui qui sert à la fonction qui permet de déclarer un objet perdu.
Cette idée est plutôt bonne, et elle est unique dans la catégorie, mais c’est aussi son défaut. Avant que les utilisateurs du Tile soient suffisamment nombreux pour créer une grille de recherche assez fine, il va se passer un bon moment. Et rien ne dit que le jour où vous en aurez besoin, le système sera assez réactif pour être efficace. Sans compter qu’en cas de vol, retirer le capteur devrait être assez facile…
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