Et si les Américains avaient tiré sur l'Oiseau blanc ?
Sur le fuselage de l'Oiseau blanc, l'avion à coque étanche qui devait l'emmener avec le navigateur François Coli du Bourget à New York, le pilote Charles Nungesser avait fait peindre son blason de guerre : une tête de mort dominant deux tibias croisés ainsi que deux chandeliers de part et d'autre d'un cercueil. Un insigne de pirate qui peut prêter à confusion quand on survole, le 9 mai 1927, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, plaque tournante du trafic d'alcools inondant l'Amérique en pleine prohibition.Pionniers de l'AtlantiqueDans un livre palpitant, qui paraît mercredi, Bernard Decré, président de l'association La recherche de l'Oiseau blanc, et notre collaborateur Vincent Mongaillard défendent une thèse totalement inédite sur les circonstances de la disparition des deux aviateurs. Selon eux, s'appuyant sur les récits d'une quinzaine de témoins, le biplan a sombré au large de Saint-Pierre. De l'autre côté de l'océan donc, ce qui fait du duo des pionniers de l'Atlantique, douze jours avant l'exploit de l'Américain Charles Lindbergh.A court d'essence, les fous volants n'avaient pas d'autre choix que de se poser. C'est le brouillard, extrêmement dense ce matin-là, qui demeure la cause de leur amerrissage manqué et fatal. Mais les deux auteurs évoquent des scénarios -- incroyables et étayés -- qui auraient pu déstabiliser l'équipage avant le crash.Première hypothèse, celle de tirs de contrebandiers se croyant espionnés par un avion des garde- côtes américains. Seconde hypothèse, de loin la plus explosive, celle d'une salve -- destinée à faire fuir et non à abattre -- des garde-côtes confondant le monomoteur et ses armoiries macabres avec l'appareil de bootleggers (trafiquants). L'écusson provocateur avait déjà causé du tort à Nungesser. Lors de la guerre 14-18, il s'était fait mitrailler par un allié anglais l'ayant pris pour un Allemand.Si une rafale des US coastguards les a bien ciblés, elle est à mettre sur le compte de la bavure. Une bourde regrettable, certes, mais pardonnable dans la mesure où elle enrichit encore un peu plus la légende de l'Oiseau blanc et de ses héros immortels, près d'un siècle après leur éclipse.
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