Téléphonie sans fil en entreprise : le WiFi arrive à maturité
Depuis l’avènement de la téléphonie sur IP, le sans fil semblait voué à passer par le WiFi. C’était sans compter sur la résistance de la norme DECT, qui affiche encore d’indéniables avantages tout en parvenant à s’adapter au monde IP. La téléphonie sur WiFi est toutefois en passe de combler ses lacunes, qui concernent à la fois l’infrastructure et les combinés.
Le 802.11r et le label Enterprise Voice mettent de l'ordre
publicitéCôté infrastructure, le passage de la voix nécessite une gestion particulière de la qualité de service, implémentée au niveau des bornes et contrôleurs WiFi. Ce volet est traité depuis 2003 grâce à la norme 802.11e, qui permet de donner la priorité à la voix et de lui réserver de la bande passante. Mais elle ne couvre pas la gestion du changement dynamique de borne, qui génère un délai important. Pour rendre cette latence compatible avec une conversation, Spectralink (dont l’offre est vendu en OEM à de grands constructeurs de PBX) et Cisco ont développé leurs propres mécanismes afin d’assurer un basculement imperceptible - on parle de « fast roaming ».
Tout récemment, une autre variante du WiFi baptisée 802.11r est venue y mettre bon ordre. « Son implémentation sera rapide car elle ne nécessite qu’un changement de firmware », annonce Vincent Blavet, consultant réseaux pour les technologies WiFi chez Cisco. Parallèlement, le consortium Wi-Fi Alliance, qui supervise la certification des produits, va définir un label baptisé Enterprise Voice, qui inclura notamment des tests d’interopérabilité avec le 802.11e et le 802.11r.
Le WiFi évolue pour respecter les flux applicatifs
Une autre évolution concerne le support des différentes versions du WiFi. Les normes habituellement utilisées en Europe sont le 802.11b et le 802.11g, fonctionnant toutes deux sur la bande de fréquence des 2,4 Ghz. Désormais supporté par certaines bornes ciblant les entreprises, le 802.11a, qui exploite la bande des 5 GHz, permet d’éviter de perturber les flux applicatifs. « On ne conseille pas de dédier cette bande à la voix, mais en pratique, les combinés se connecteront naturellement à la bande la moins encombrée », précise Vincent Blavet.
Pour autant, il sera rarement possible de faire l’économie d’une mise à niveau d’un réseau WiFi existant, jusqu’alors dédié aux données. « Afin de réduire la consommation des combinés, on conseille de passer la puissance d’émission à 30 milliWatts (mw) au lieu de 100 milliWatts, ce qui peut amener à augmenter la densité de bornes », estime Mathieu Gagnaire, ingénieur avant-vente chez Telindus.
Combinés téléphoniques : une compatibilité encore incomplète
Encore faut-il que les combinés téléphoniques offrent un choix suffisant, supportent tous les mécanismes gérés par les bornes et affichent une bonne autonomie. Le choix s’élargit lentement, du moins dans la gamme des produits professionnels. Parmi ceux entièrement dédiés au WiFi, les fournisseurs se réduisent pratiquement à Ascom, Spectralink et Cisco. Ce dernier vient de remplacer son modèle 7920 par le 7921, qui supporte le 802.11a et offre une autonomie de neuf heures en conversation et quarante heures en veille, soit deux fois mieux que le 7920, pour un coût d’environ 350 €. Les combinés DECT font toujours mieux pour bien moins cher, mais ne peuvent pas se comporter en terminal intranet.
On voit aussi émerger des combinés bimodes, WiFi et GSM, en particulier chez Nokia, avec le E60. Alcatel et Cisco leur dédient un logiciel client qui assure le support des fonctionnalités de leurs IP-PBX. Ce modèle ne reconnaît pas le 802.11a, mais il est compatible avec les mécanismes de qualité de service et de fast roaming des constructeurs de bornes WiFi. Cisco vient en outre de signer un accord avec RIM afin que ses futurs BlackBerry bénéficient d’une intégration comparable.
En théorie, les smartphones sous Windows Mobile ou Symbian deviennent bimodes moyennant l’installation d’un soft phone, ou logiciel de VoIP de Skype. « Mais en communication WiFi, ils affichent pour l’instant une autonomie ridicule, même en veille, car ils n’exploitent aucun mécanisme matériel d’économie de batterie », regrette Mathieu Gagnaire.
Les bornes DECT/IP au niveau des équipements DECT
Face au WiFi, le DECT perd peu à peu de ses avantages. Depuis deux ans, des constructeurs comme Aastra, Mitel, Siemens et Avaya ont sorti des bornes dites DECT/IP. Directement reliées au réseau IP, elles font l’interface entre un IP-PBX et des téléphones DECT. Chez Aastra Matra, on défend encore bec et ongles cette approche. « En moins de deux ans de commercialisation, nos ventes de bornes DECT/IP ont atteint le niveau de nos équipements DECT traditionnels. Dans le même temps, nous n’avons pas constaté de décollage de la téléphonie sur WiFi », affirme Dominique Poizat, directeur marketing produits chez Aastra, tout en admettant que les choses sont en plein mouvement.
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